Aujourd’hui39 événements

Valérie Lemercier – 100% Cachemire

Valérie Lemercier – 100% Cachemire

Valérie Lemercier Style : Réalisatrice / Comédienne Date de l’événement : 29/11/2013

Site Web

Huit ans après sa dernière réalisation, Palais Royal, Valérie Lemercier revient avec 100% Cachemire (sortie le 11 décembre). Le film, interprété par Lemercier mais aussi Gilles Lellouche et Marina Foïs, alterne comédie, drame et satire ultra corrosive. On regrettera juste une fin beaucoup trop consensuelle. Mais en l'état, 100% Cachemire, reste un film détonnant et impertinent. Une raison suffisante pour que Lille La Nuit ait l'envie de rencontrer la grande Valérie Lemercier !

Synopsis :
Aleksandra et Cyrille forment un couple très chanceux très tendance qui apparemment a tout. Enfin tout, sauf un enfant. Alekseï, petit garçon russe de 7 ans va débarquer dans leur vie...


© Wild Bunch Distribution

Pourquoi vous nous avez abandonné pendant 8 ans, est ce qu’il y a des sujets que vous n’avez pas réussi à monter ? Pourquoi avoir attendu 8 ans pour refaire un film ?

Parce que j’ai fait de la scène, j’ai joué avec d’autres personnes. Ce n’était pas vital. Puis je crois que je n’avais pas trouvé le sujet qui faisait que j’avais envie de passer deux ans à faire un film.

100% Cachemire est un film très plaisant justement parce qu’il ne cherche pas à plaire. Il y a des ruptures de ton qui sont très intéressantes. Par exemple, passer de la comédie à la satire, voire au drame. Aussi, même si vous dites que ce n’est pas le sujet, on parle quand même de l’adoption en montrant des choses qui ne sont pas forcément agréables, avec un regard qui est quand même parfois très dur.

Je me positionne du côté des enfants, peut être parce que je n’en ai pas, et je vois certains parents adoptant qui pensent que les enfants sont là pour réparer leur drame personnel, pour combler quelque chose. Et cette façon de pleurer, de les serrer trop fort, ça me fait peur. Je me demande si je ne préférerais pas être dans un orphelinat plutôt qu’avec des parents qui vous serrent si fort car ils en attendent tellement de vous. Il y a un truc qui me glace dans l’adoption mais je ne dis pas que je suis contre l’adoption. Il ne faut pas étouffer les enfants. Elever un enfant, c’est l’aider à être indépendant. Avec mes parents, j’ai toujours eu envie de quitter la maison et je pense que c’est le mieux que l'on puisse faire.
 


C’était difficile de devoir équilibrer ces changements de registres ?

Non. Je n’aime pas « prendre en otage le public ». Je ne veux pas faire de scènes dramatiques où on n’en sort pas. Donc quand il y a une scène dramatique dans le film, je veux toujours qu’il y ait une connerie. Par exemple, le chien bourré dans la cuisine quand Cyril vient me secouer. Au moment des scènes les plus paroxystiques, il faut pouvoir désamorcer. Je n’aime pas qu’on dise au gens « là il faut pleurer, là il faut rire ». La vie est un mélange. Donc c’est une comédie dramatique parce que le sujet est délicat. Je ne pouvais pas faire une comédie que drôle avec ce sujet. J’aime le mélange. J’aime aussi surprendre. J’espère que j’y suis arrivée. Mais je veux que les gens ne s’attendent pas forcément à ce qu’ils vont voir. Je voulais de l’émotion.


© Jean-Marie Leroy



Vous octroyez aux acteurs et à vous-même une certaine liberté dans l’interprétation des répliques ou vous êtes plutôt un dictateur ?

Un dictateur ! Je ne veux pas qu’on change le texte parce que je ne crois pas en l’improvisation. Pour ce genre de film délicat, les mots sont des armes. C’est très important, on ne dit pas n’importe quoi. Je pense qu’au moment où on tourne, on n’a pas l’imagination de trouver des dialogues. En plus, j’essaye de faire en sorte que les dialogues n’aient pas l’air trop écrit. Je ne veux donc pas qu’on change le texte. Je pense que c’est merveilleux dans d’autres films. Par exemple ceux d’Abdellatif Kechich où rien n’est écrit. Mais moi je ne sais pas faire ça. Je ne crois pas qu’à 4 heures de l’après-midi, quand on tourne une scène, on va trouver un meilleur texte que ce qui a été écrit. Puis je retravaille souvent le dialogue, changer une virgule… Pour essayer de faire en sorte qu’il n’ait pas l’air travaillé. Donc je veux bien qu’on joue comme on a envie de jouer mais je ne veux pas qu’on change le dialogue. J’attache beaucoup d’importance aux mots.

 

        

Retranscription de l'entretien Alexia Paemelaere.

Revenir au Mag Interviews
À lire aussi
278 queries in 0,237 seconds.