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Vanessa Wagner nous en dit plus sur « Inland » et sur son passage à Lille

Vanessa Wagner nous en dit plus sur « Inland » et sur son passage à Lille

Vanessa Wagner Inland Style : Musique classique Date de l’événement : 26/04/2019

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Vanessa Wagner obtient le premier prix du conservatoire national supérieur de musique et de danse à 17 ans. Elle est nommée « révélation soliste instrumental de l'année » aux Victoires de la musique classique en 1999. Elle est une figure incontournable du piano français, elle aime explorer différents univers artistiques et s'y aventurer. Elle a sorti son quinzième album il y a quelques semaines et elle est de passage à Lille pour le Lille Piano(s) Festival. Vanessa Wagner nous en dit plus sur son dernier album solo, sur son passage dans la région et sur ses futurs projets…

« Inland » le dernier disque de Vanessa Wagner

En 2016, vous sortiez « Statea », un album en collaboration avec le producteur électronique Murcof. Vous dites que votre dernier album est un « continuum en solitaire de l’expérience Statea ». Envisagiez-vous déjà ce prolongement à l’époque où vous travailliez avec Murcof ?

Non, c’est venu naturellement en travaillant sur Statea et en jouant des concerts. Je me suis mis à pas mal fouiller dans le répertoire minimaliste et j’ai pris beaucoup de plaisir à jouer cette musique, donc c’est arrivé presque par hasard. Comme j’envisageais déjà la suite de Statea avec Murcof, j’avais enregistré une trentaine de pièces, plutôt post minimaliste de compositeurs encore vivants. Et dans cette trentaine de pièces, j’ai choisi des titres qui forment un ensemble cohérent avec la notion de voyage intérieur présent dans le disque. C’est vrai que je n’avais pas de plan en tête, c’est plutôt venu par coup de cœur, par amour pour ce répertoire.

En voyant ce répertoire minimaliste et la pochette de l'album, on a l'impression que vous avez voulu réaffirmer ce que vous aimez. Ce retour en solo après une collaboration, c’était votre projet ?

Cette collaboration avec Murcof est très importante dans mon parcours, l’album a marqué les esprits. Mais depuis 20 ans je fais des albums piano solo, c’était aussi une façon de défendre un répertoire qui n’est pas énormément joué par des pianistes classiques, souvent laissé à des spécialistes ou à des pianistes néo-classiques. J’avais envie de me frotter à ce répertoire là avec mon bagage de musicienne qui joue Mozart, Chopin… et de ne pas rapprocher obligatoirement cette musique du monde électronique comme ça avait été le cas avec Statea. Plusieurs raisons donc mais avant tout une raison de goût esthétique et d’envie de poursuivre et défendre ce répertoire pas si connu ou pas si joué que ça.

Dans ce projet vous affirmez votre attachement à la musique minimaliste, Avez-vous d’autres sources d’inspiration que le minimalisme ou la musique classique en général ?

J’écoute beaucoup de styles de musique différents, j’aime beaucoup toute la veine électronique ambiante, j’ai un panel musical assez ouvert. Sinon j’aime beaucoup la danse, les arts numériques, la peinture, plein d’autres formes d’art m’inspire. Dans Inland c’est une sorte d’image à tout ça : une sorte de solitude, d’espace intérieur qui dans ma vie est très important.

Inland est votre quinzième disque. On remarque que votre discographie est exclusivement construite de réinterprétations, est-ce que la composition vous intéresse également ?

Je ne compose pas du tout. C’est vrai que je suis très comblée dans mon rôle d’interprète. Nous, les pianistes, avons un très large répertoire datant du 17e environ. Pour moi, l’interprétation ce n’est pas se plier à quelque chose déjà existant, c’est un espace dans lequel je trouve beaucoup de liberté et beaucoup de sources émotives. Je m’exprime pleinement avec les moyens que me donnent les compositeurs. Des moyens plus aboutis que ce que moi je ferais par rapport à tous ces chefs d’œuvre que j’ai à ma disposition. Ce n’est pas du tout une frustration pour moi, car le métier d’interprète est tout à fait complet. Pour moi ce métier est magnifique parce qu’on trouve à l’intérieur d’un cadre donné par quelqu’un d’autre, un espace qu’on aurait pas imaginé avoir en soi et je trouve ça très beau !

Un projet Piano et danse pour le festival de Chambord

Au Festival de Chambord, nous pourrons assister à la représentation d’un projet que vous menez avec Sylvain Groud du Ballet du nord, une institution basée dans la région. Dans quel contexte avez-vous commencé à travailler ensemble ?

Je travaillerai pour la première fois avec lui. Je viens de faire un projet autour de John Cage avec le CCM des ballets de Lorraine, j’ai aussi travaillé avec le chorégraphe Yann Bourgeois. Mon rapport à la danse est assez ancien et j’aimerais poursuivre et développer au maximum ce genre de collaboration car la musique et la danse sont intimement liées. Sylvain Groud est un chorégraphe que j’aime beaucoup, qui est très libre. Il avait eu un coup de cœur sur Inland, et il avait déjà beaucoup travaillé autour de Arvo Pärt, dans mon précédent disque Liszt, Part. Notre rencontre s’est donc faite assez naturellement autour d’univers communs et d’inspirations communes.

Dans cette pièce, vous allez accompagner des danseurs, quelles sont les subtilités de l’alliance entre la danse et la musique minimaliste ?

C’est un travail de répétition, d’entente avec le chorégraphe. La musique minimaliste laisse beaucoup d’espace car elle est peu fournie. C’est une musique dans laquelle on n’est pas dans une précision rythmique mais plus dans l’écoute, les suspensions, les silences, le temps qui s’élargit, ce qui laisse beaucoup de liberté aux danseurs.

Rendez-vous au Lille Piano(s) Festival !

Vous êtes régulièrement invitée à jouer au Lille piano(s) festival, cette année on aura l’occasion de vous voir en concert à l’auditorium du Nouveau Siècle le 14 juin prochain. Préparez-vous quelque chose de spécial pour l’occasion ?

J’ai une belle histoire avec le festival de Lille

Vanessa Wagner

Je me sens très bien et très en confiance avec le public lillois. Je suis très heureuse de revenir car je prends ça comme une marque de confiance et d’affection de la part des organisateurs. Le concert sera tourné globalement vers le répertoire d’Inland et j’ai demandé à ce que le public soit allongé autour de moi. J’ai fais des projets très différents pour ce festival et là le festival propose des façons assez nouvelles d’aborder la musique. Avoir le public autour de moi, qui ne soit pas assis en face de moi, en fera une expérience plus sensorielles, plus tournée vers l’émotion l’introspection et le public pourra se laisser aller à une écoute totale.

Vanessa Wagner en concert à l'auditorium du Nouveau Siècle vendredi 14 juin à 22h30, dans le cadre du Lille Piano(s) Festival.

Photo : © Clara Diebler

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