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Vincent Perez et Karine Silla : « Une Affaire d’Honneur »

Vincent Perez et Karine Silla : « Une Affaire d’Honneur »

Vincent Perez et Karine Silla Une Affaire d'Honneur Style : Cinéma Date de l’événement : 27/12/2023

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LillelaNuit a rencontré le réalisateur et comédien Vincent Perez, la scénariste Karine Silla, pour Une Affaire d'Honneur. Ce film d'époque, aux préoccupations actuelles, inspiré de faits réels, retrace la folle histoire des duels en France, à la fin du XIXe siècle. Dans Une Affaire d'Honneur, Clément Lacaze (Roschdy Zem), un maître d’armes réputé, et Marie-Rose Astié (Doria Tillié), féministe affirmée, s'associent pour défendre leur honneur bafoué. Karine Silla et Vincent Perez se confient sur cette fresque ambitieuse. Sortie le 27 décembre 2023 !

Une Affaire d'Honneur, c’est presque le pendant des westerns aux USA

Vincent Perez

Vous revenez à la mise en scène et à l’écriture, avec un cinéma qui a été très présent dans l’Histoire du cinéma français, du moins à une certaine époque. Ces films étaient historiques, de cape et d’épée, du cinéma d’aventures. Vouliez-vous faire renaître ce cinéma-là, ou rendre hommage aux réalisateurs avec lesquels vous aviez travaillé, et qui ont filmé ces genres, Philippe de Broca (Le Bossu), Jean-Paul Rappeneau (Cyrano de Bergerac), Patrice Chéreau (La Reine Margot) ?

Vincent Perez : Je pense qu’on est la somme de nos expériences. C’est vrai qu'à partir du moment où on est là où on doit être, j’imagine que j’ai tout cela en moi, mes rencontres avec tous ces réalisateurs et ce cinéma-là, dont vous parlez. Ça me plait que vous parliez d’aventure. Alors justement, ce que je me disais, c’était qu’un film manquait dans ce genre-là. On était peut-être passé à côté d’un genre. Parce qu'effectivement, il y avait les films de cape et d’épée, qui ont fait l’histoire, et qui ont été extrêmement présents. Mais là, ce n’est pas un film de cape et d’épée parce le que cape et d’épée c’est Les Trois Mousquetaires. Donc, ça se déroulait avant. Mais c’est vrai qu'on n'est pas allé plus loin, en fait. Ça s’est arrêté et on se demande pourquoi. Une Affaire d'Honneur, c’est presque le pendant des westerns aux USA. C’est vrai qu’il y a un côté western dans le film. La scène de la grange, c’est la même période. Cet  aspect était vraiment intéressant. Moi, je suis allé au fond d’un sujet, et je pense que la forme c’est le fond qui vient à la surface. C’est-à-dire qu’à force de creuser, le film se révèle. On n’a pas fait le chemin inverse, on a pas voulu aller chercher une forme pour ensuite aller chercher le fond, ça n’a pas été le cas. Et c’est mieux quand ça se passe comme ça, même s’il n’y a pas vraiment de règle.

Ce que j’aimais dans ce que Vincent me racontait, c’était le rapport au duel, le rapport au corps.

Karine Silla

Karine Silla : Moi qui aime l’histoire dans les livres, je ne suis pas une fanatique des films d’époque. J’aime les films sociaux avec des préoccupations sociales. Donc, quand Vincent a commencé à me faire lire des traitements scénaristiques,  j’y voyais la possibilité d’intervenir, de pouvoir aider, ou de laisser ma trace dans le scénario. S’il y avait un fond social, forcément, on pouvait absolument s’identifier. S’il n’y avait pas cette possibilité d’identification, ça m'intéressait peu. En tout cas à l’écriture. La façon dont Vincent m’a conté son film, ne donnait pas l’impression qu’il voulait remettre le film historique à l’ordre du jour. Il y avait vraiment cette passion du duel. C’était déjà présent dans un court-métrage sur la danse, Odyssée, où Vincent a filmé un ballet de Nicolas Le Riche chez Clairemarie Osta. Il avait fait des photographies du ballet du Bolchoï, de Sylvie Guillem avec William Forsythe. J’aime la danse. J’ai été danseuse. Donc, ce que j’aimais dans ce qu’il me racontait, c’était le rapport au duel, le rapport au corps, et que je n’avais jamais vu au cinéma. En tout cas dans un film européen. Cette impression d’être à l’intérieur du duel. J’ai toujours l’impression d’être un peu à l’extérieur du duel. Il y avait quelque chose de très charnel dans la façon qu’avait Vincent de me parler du duel, et je trouvais ça excitant. Et quand on a ressorti toutes ces choses de de l’Histoire, c’était fou de trouver ces parallèles avec notre époque.  On était aussi dans une époque, un monde, qui changent. C’est toujours intéressant de parler de périodes où les choses changent parce que quand c'est le cas, il y a du mouvement. Et quand il y a du mouvement, il y a de la vie. Il y a quelque chose qui résonne forcément.

Vincent Perez.

Jouer un méchant, c'est merveilleux !

Vincent Perez

Vincent, vous vous êtes distribué dans un rôle qui est quand même très particulier...

VIncent Perez : C’est un très beau rôle !

C’est un très beau rôle mais c’est un personnage…

VIncent Perez : Attention à ce que vous allez dire parce que moi, je l’aime beaucoup (rires)

Le colonel Bercher n’est pas un personnage caricatural, mais c’est un vrai méchant !

Karine Silla : Un antagoniste.
Vincent Perez : Il est cruel !

Prenez-vous plus de plaisir à jouer un méchant qu’un gentil ? 

Vincent Perez : Oh oui ! C’est merveilleux.

Karine Silla : C’est plus loin de lui.

Vincent Perez : Peut-être pas (rires). En fait, ce sont des rôles très jouissifs. La difficulté c’est que je mettais en scène le film et qu’il fallait que je joue. Et, qu’en plus, j’avais des duels. Donc, du coup, le personnage était juste parfait. Quand on est dans la folie de mettre en scène un film en si peu de temps, en 39 jours, on est dans un état où on n’a pas le temps. On n’a pas le temps et il faut y aller, la moindre hésitation vous fait perdre un ou deux plans par jour. Une hésitation, c’est un plan ! Et donc, du coup ,il n’y a pas de place pour l’hésitation. C’était très intéressant de faire le pas pour la première fois, car c’est mon quatrième film, mais la première fois que je fais le pas devant et derrière la caméra, en même temps. Tout d’un coup, face à mon équipe, pour jouer un rôle comme celui-là, je me suis jeté dans le vide. C’est-à-dire qu’il n’y avait pas d’hésitation à avoir, il fallait juste que j’y aille, et j’y suis allé. Je pense que c’est un personnage que j’avais envie d'interpréter et c’est vrai qu’il y a quelque chose qui me faisait du bien en jouant ce personnage. Mais il y avait aussi quelque chose qui était terrible car j’avais l’impression que je perdais le contrôle du film en jouant et en me retrouvant, en plus, derrière la caméra. Je suis photographe, je suis un peu obsessionnel avec les cadres. D’un coup, j’étais devant la caméra, et je n’avais même pas le temps de vérifier mes cadres et mes prises. C’est-à-dire que je jouais et je ne regardais pas ce que je faisais. On avait une ou deux prises, parfois une seule, et si on l’avait, c’était bon. Et je me retournais vers Karine qui était toujours là quand je jouais, et qui finalement était là pendant tout le tournage. C’était elle, mon réal ! C’est vrai que je me maltraitais un petit peu. Quand tout le monde avait ses plans, je faisais mes plans à moi, parce qu'on avait tellement peu de temps. Mais en même temps c’est très intéressant car j’y suis allé sans filet.

Karine Silla : Et on ne pouvait pas se priver de cet acteur. Enfin,  je ne pense pas.

Vincent Perez : C’est vrai que si je joue dans le film, c’est parce que Karine m’a dit qu’il fallait absolument que j’y joue, et elle avait raison. Parce qu'il y a aussi un phénomène intéressant : quand on joue dans son film, on se rapproche des acteurs, et du coup j’étais du côté des acteurs. Et ça, c’était vraiment incroyable. Pour le coup, j’étais avec eux. Parce que le metteur en scène est derrière. Donc, il est un peu coupé des acteurs, et là, le fait d’être devant, ça m’a rapproché d’eux. J’étais devenu l’un des personnages qu’il y avait devant la caméra.

Les infos sur Une Affaire d'Honneur

Synopsis : Paris 1887. À cette époque, seul le duel fait foi pour défendre son honneur. Clément Lacaze, charismatique maître d’armes se retrouve happé dans une spirale de violence destructrice. Il rencontre Marie-Rose Astié, féministe en avance sur son époque, et décide de lui enseigner l’art complexe du duel. Ils vont faire face aux provocations et s'allier pour défendre leur honneur respectif.

Une Affaire d'Honneur de Vincent Perez
Scénario Vincent Perez et Karine Silla

Avec Roschdy Zem, Doria Tillier, Vincent Perez, Damien Bonnard, Noham Edje, Laurent Laffite, Denis Podalydès, Guillaume Gallienne

Sortie le 27 décembre 2023

Durée : 1h40

Entretien réalisé à Lille le 5 décembre 2023 par Grégory Marouzé / Retranscription de l'entretien par Camille Baton.
Remerciements UGC Ciné Cité Lille
Visuels : Gaumont

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