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A Bowie Celebration au Théâtre Sébastopol

Lille la Nuit a passé une soirée littéralement céleste au Sébastopol, parsemée d’une pluie de Black Stars, pour célébrer la musique de David Bowie. De passage à Lille pour la tournée « A Bowie Celebration », les amis et musiciens du Major Tom ont su partager leur amour des chansons de Ziggy et faire vibrer le public. Ce dernier ouvertement conscient de la chance qu’il avait d’apprécier la performance d’un casting extrêmement impressionnant, une armée en marche de storm troopers venus piétiner la foule, décidée à se laisser écraser en rugissant de bonheur, d’émotion et osons-le, venue là pour… communier. A Black star celebration. Les groupes de Bowie ont toujours été extrêmement impressionnants, son casting de guitaristes démentiel : Stevie Ray Vaughan, le légendaire Mick Ronson, Charlie Sexton, Gerry Leonard, Adrian Belew et on en passe…

Les musiciens proches de David Bowie

Ce soir, à la direction musicale, l’homme le plus ancré dans la galaxie Bowie depuis que David nous a fait ses adieux en Lazarus inquiétant : Mike Garson, pianiste, présent sur plus de vingt albums de l’artiste et légitime pilote de la tournée, gardien du temple. Le bonhomme profite d'un physique qui fait qu’on l’imagine mal d’humeur badine si on touche à l’œuvre du maître… Certes, c'est Mark Plati qui assure la direction musicale du groupe.

On reprend son souffle… Earl Slick, guitariste aiguisé sur six albums studio et l’un des plus anciens musiciens de la galaxie du London Boy, toutes stridences dehors, habité littéralement par la musique de Bowie. Carmine Rojas, autre légende, pour la fameuse ligne de basse de Let’s dance, qui va arrondir tous les angles aigus des guitares ce soir, Mark Plati guitariste, bassiste et directeur musical dans les années 90, Lee Jon batteur de cette tournée, musicien de Sayreal.

Restait la voix, cette voix, ces voix, cette pluralité d’incarnations à condenser. Quand on a vu David Bowie faire de Comfortably Numb une « chanson de David Bowie » pour reprendre les mots de… David Gilmour lui-même, on peut imaginer la difficulté d’incarner ces souffles et ces latences, cette manière extrêmement particulière qu’avait Bowie d’emmener ses mélodies. Trois tueurs aux manettes et le tour sera joué : Bernard Fowler, choriste des Stones depuis 30 ans, Corey Glover, chanteur de Living Colour et  Joe Sumner (oui, le fils de Gordon, aka Sting) fabuleux chanteur et leader du groupe Fiction Plane. Une vocaliste tentera de se frayer un chemin dans ce sinueux dédale vocal et l'émotion la paralysera un peu.

"Ce n’est pas un enterrement, c’est une fête"

Pendant la durée du show, harmonieux, chaleureux, en aucun cas funèbre, le public est en totale osmose avec le groupe, l’omniabsence de Bowie lui-même illumine chaque note, chaque mot. Tout le théâtre semble soucieux de recevoir avec un respect teinté de nostalgie joyeuse l’âme du chanteur flottant sans aucun doute tout autour de nous. Bowie est en orbite et tourne avec les Spiders. From Mars

Bernard Fowler nous le répète plusieurs fois : Ce n’est pas un enterrement, c’est une fête. Tour à tour les chanteurs se passionnent sur les compositions de Bowie, transmettent leur joie de les interpréter. Mike Garson se perd quelques instants sur un solo interminablement beau, les autres musiciens, silencieux, le regardant, attendris par sa prestation. Ils sentent ce qui s’y joue : quelques secondes avec David, sans un mot. 

Le public applaudit en rythme sur des titres marquants comme Bring Me The Disco King, Starman, vibre et pleure, vraiment, sur Space Oddity, remue et danse dans les sièges sur Changes, s’émeut de Five years, apprécie des chansons plus rares comme le morceau très soul et inspiré  Win. Plus qu’un hommage, le concert et la tournée Alumni perpétue l’héritage musical de Bowie.

Un bel hommage au grand David Bowie

Hier soir, chaque personne du public communiait littéralement avec allégresse sur une musique à la fois pop, rock et soul, scandant les paroles par cœur et oubliant même l’absence de leur idole, revisitant à toute allure les multiples incarnations du Thin White Duke.

Sur des morceaux comme Life on Mars ou Heroes en guise de rappel, les larmes et les sourires s’entremêlent, les regards sont embués de jubilation, les mains se rapprochent des cœurs, le public est sincèrement touché, ostensiblement ému par cette célébration. L’heure du départ a sonné, et chaque membre du groupe s’approche pour saluer, embrasser, serrer les mains du public debout, comme s’il voulait nous faire don d’une poussière de l’étoile noire et partager l’esprit de Bowie. Chacun revisite son deuil, sur scène, dans le public. On aperçoit quelques tatouages éloquents, Ziggy défiant Black Star.

Comment réellement accepter que David parte ? Tout, dans ce concert orchestré avec amour, refusant toute solennité funèbre, a fait croire qu’il est toujours là, son ombre planant en backstage… On l’imagine sans peine pinçant le rideau rouge à deux doigts et dégainer un sourire carnassier avant une révérence spectrale pour rejoindre les étoiles. Nous, on a du mal à atterrir, on prend les infos : Major Tom to ground control… It’s time to leave the capsule… The stars look different today.

Image : Helen Green based on photography by Steve Rose.

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