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Alain Souchon au Zénith

Alain Souchon est un filou. Débaucher un rédacteur féru de musiques « un peu plus » extrêmes, en voilà une manœuvre de vilain brigand, Monsieur! Et signer le début des hostilités avec On S’Aime Pas est déjà un joli clin d’œil… Embrayer avec Regrets, c’est davantage troublant.

Des regrets donc. Regrets de ne pas s’être penché plus tôt sur une discographie affolante et des textes brillants. Mais aussi une certaine gêne de ne pas avoir eu avant la bonne idée de pousser la porte d’une salle de concert.
Première constatation : le son est cristallin. Chaque instrument se distingue, respire, vit. Une bouffée de chaleur en ce mois de Novembre. Andy Scott (pas un manchot, donc) à la console fait des merveilles. Alain Souchon aborde la scène à la cool. Décontracté, il se moque de lui-même et se trouve être un show man insoupçonné. Toutes proportions gardées, il ne propose pas un spectacle gigantesque (tout au plus, quelques projections vidéos) mais d’une bonne humeur dangereusement contagieuse. Un concert comme à la maison au Zénith de Lille. L’homme est étonnant de proximité et d’amour pour son public. 

Une bien belle leçon d’humilité aussi. Jamais l’artiste ne chasse l’homme attachant. Et l’impression pugnace d’avoir passé une vie avec lui grandit au gré des succès proposés. Alain prend le temps d’instaurer un climat, laisse également le public apprécier ses silences. L’atmosphère est douce, cotonneuse. Jusqu’à ce que le public se lève et se masse devant la scène pour Foule Sentimentale… Surprenant ! Les paroles qui défilent alors transforment le Zénith en karaoké géant. Décalé mais tellement amusant.
Décalé, le mot est lâché. Deux heures durant, Alain Souchon est l’antithèse du chanteur français à textes. Un esprit tordu et fantasque dans un corps de pâte à mâcher, qui ne se prend pas au sérieux. Il faut le voir se raconter avec un sens de la dérision désopilant : la séquestration de Laurent Voulzy vaut son pesant de cacahuètes !
Alain Souchon ne propose pas « des chansons, mais des souvenirs ». J’ai dix ans, Quand j’serai KO, Les Jupes des filles, L’amour à la machine (etc.), Alain Souchon revisite des décennies de chansons françaises pour le plus grand plaisir de ses « petits quinquins ». La communion est totale et fait plaisir à voir. C’est avec le sentiment d’avoir touché du doigt un concert unique et authentique (à mille lieux des shows explosifs à cotillons) que le public ressort. Sincèrement émerveillé.
« Si la vie est un film de rien, ce passage là était vraiment bien ».

 

Noesis.
 

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