Amélie a prouvé en un EP et deux albums qu'elle avait un univers à elle. C'est seule, sans fioritures, une guitare ou un ukulélé à la main, qu'elle le présente à une petite foule, assise et debout en un choeur attentif. Et pourtant de la vie il y en a ! Commençant tout doux, elle prend confiance peu à peu devant l'accueil et nous entraîne dans ses secrets les plus fous, nous expliquant par exemple où vont les souvenirs (comme chacun ne sait pas, en un endroit dans le ciel où se regroupent tous les souvenirs de l'humanité). Et surtout elle démystifie quelque peu le folk : "j'en ai assez de cette idée qui voudrait que pour faire du folk il faudrait tenir à la main une tête d'élan mort". Et en effet c'est un folk bien peu commun qu'Amélie propose. Quand toujours toute seule, elle débute Torero Of The Speech, on a du mal à croire que cette voix endiablée sort de ce corps frêle à la frimousse douce. Il y a quand même des animaux dans le concert : "cette chanson parle d'un poney. C'est un truc entre folkeux, nous y sommes un peu obligés". Le concert passe rapidement et on aura un réel plaisir à revoir sur scène cette petite fûtée.
La suite de la soirée ne sera étrangement pas aussi impressionnante. En entracte, la violoncelliste d'Ane interprète quelques morceaux de sa composition, entre classique et pop inspirées notamment par le bord de mer et les vagues. Arrive ensuite Ane Brun, accueillie chalheureusement. Vêtue d'une longue robe sombre sur laquelle se détachent ses cheveux blonds, elle semble fantomatique. Si la qualité de l'interprétation est indéniable, Ane va avoir un peu de mal à lâcher sa garde. A mi-concert, elle se confie un peu, nous explique ses joies et chagrins d'amour, et la mayonnaise prend enfin. Les messages sont pacifiques, entre écologie et amour de son prochain, l'atmosphère reste étrange mais pas froide et va en s'améliorant : on finit par rentrer dans le cocon bizarre tissé avec beaucoup de soin. Le concert n'est sans doute pas le plus gai que la Cave ait connu mais très doux.
