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Ars Belgica, Orchestre Philharmonique Royal de Liège au Nouveau Siècle

Philharmonistes, amoureux de la musique... Nous l'avons tous certainement été mardi 12 janvier au Nouveau Siècle. Plus encore que le plaisir de la musique, l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège nous a fait vivre aussi le plaisir du son lui-même. L'interprétation virtuose et sensible a servi notre écoute d’œuvres somptueuses. Le concert intitulé Ars Belgica a été un moment de grâce. Qu'il s'agisse de City noir de John Adams, du Concerto pour piano en sol majeur de Maurice Ravel ou des Danses symphoniques de West Side Story de Leonard Bernstein, chaque moment fut une mémorable expérience musicale.

Le choix des œuvres associé à l'interprétation magistrale a rendu cette soirée exceptionnelle. La virtuosité a côtoyé la légèreté, qu'il s'agisse des compositions ou de la prestation. Musique savante et populaire sont mêlées par les trois compositeurs. Rythmes et harmonies jazz, modes hispaniques, minimalisme, impressionnisme... Chaque moment du concert a été unique et varié. Un swing à la caisse claire suivi de nappes sonores non pulsées, un figuralisme musical influencé par le film noir, un mambo... L'orchestre aura interprété tous ces moments si différents comme si chaque style lui appartenait. Nous avons ressenti et observé le plaisir des instrumentistes et du chef d'orchestre. On aurait aimé citer le nom de chacun d'eux sous la baguette de Christoph Campestrini. Les dizaines et dizaines de cordes, cuivres, vents, percussionnistes de l'orchestre nous ont autant permis la découverte d'une exceptionnelle formation que celle de solistes inouïs. La cohésion musicale entre tous les instrumentistes a créé l'impression que l'orchestre était un seul et même instrument polymorphe. Nous avons été pénétrés par l'interprétation du concerto pour piano que Ravel lui-même ne parvenait pas à jouer. Nelson Goerner a tiré du piano un langage venu d'ailleurs. Des mots tels que virtuosité ou brio n'expriment qu'une partie de la magie du moment. Nous avons quitté le temps et le Nouveau Siècle pour entrer dans l’œuvre d'art.

L'écoute de chacune des trois compositions de Adams, Ravel et Berstein nous a fait vivre étrangement le moment. L'écriture musicale et l'interprétation ont comme joué avec notre perception du temps. Les trois mêmes demi-heures ont semblé, soit se contracter, soit se dilater. Les moments à la pulsation marquée ont enchaîné avec des tapis de textures et de timbres sans repères temporels. Des couleurs, des intensités, des ambiances nombreuses et variées se sont succédées. Toutefois, il est certain que durant le concert, nous avons été tout à fait incarnés dans le présent par la musique grâce à la perfection de l'interprétation et à la cohésion musicale. Nous avons été tout entiers à notre écoute durant la totalité la prestation.

Certes composée toute proche de nous dans le temps, la musique de ce soir-là, aura sans doute, pour ses futurs auditeurs, la même résonance que pour le public de ce 12 janvier. Si parfaitement interprétée par nos contemporains de l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège, elle a été merveilleusement communiquée. Une si belle programmation au Nouveau siècle fera date et nous ne manquerons pas le second volet d'Ars Belgica le jeudi 28 janvier qui sera, nous en sommes certains à la mesure de cet exceptionnel moment.

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