Il fait froid ce soir comme à la Bérézina. Mais pas de retraite envisagée par les troupes chevelues qui s’amassent devant l’Aéronef et certains même affrontent la bise glacée avec pour seule protection un fin t-shirt grimaçant. L’ambiance est bon enfant mais ils ouvrent quand nom d’une pipe ? Quand enfin les portes s’ouvrent, les masses se précipitent à l’intérieur pour reprendre des forces autour d’une friture et d’un café belge, blond ou ambré.
Le bal est ouvert par Bliss of Flesh qui prouvent à un public averti, si besoin était, qu’il n’y a pas besoin d’être norvégien pour camper un black metal efficace, à la cambrure fière et bien monté. Environ une demi-heure de vibrations telluriques permettent à chacun de se secouer la couenne et de rétablir la circulation sanguine pour certains et d’entamer la digestion d’une saucisse-frites pour d’autres.
Setlist : Intro, Possessed, A.M.E.N, Apokalyptic Fields, Black Procession, Disciple, Pariah
Ils sont suivis par les girondins de The Great Old Ones qui restent dans l’ambiance, déchirant la nuit des miasmes mélancoliques, merveilleux et mutilés issus des puits insondables et indicibles d’une intelligence malsaine. Pas de maquillage, pas de costumes vomissant pointes et barbelés mais le portrait de maître Lovecraft est honoré par les psalmodies infâmes de ses serviteurs qui font évoluer leurs rythmes immondes vers des dimensions impies et grotesques. Fhtagn !
Setlist : Antarctica, Visions of R'lyeh, The Elder Things, Jonas, The Truth
Enfin, la Pologne envahit la scène. Je suis d’autant plus impatient que je les ai vu sur scène pour la dernière fois il y a huit ans, quand j’avais déjà été impressionné par la très grande discipline d’un groupe qui bourlingue depuis un bail et n’a pas grand chose à apprendre. Tels des spectres, les musiciens de Behemoth se matérialisent soudain devant un public prêt à recevoir son office de Ténèbres. Après l’ouverture sur Blow Your Trumpets, Gabriel qui emportent déjà une foule conquise, ce sont les plus grands titres du groupes qui seront repris en chœur par une paroisse sans vergogne, l’un des fidèles m’agrippant même les fesses alors que je me dandine sur As Above So Below. Après le traditionnel rappel, le groupe revient pour une paire de titres et conclure avec O Father O Satan O Sun, arborant les masques cornus et stoïques comme les gardiens de l’Enfer. La vision est éblouissante et transcende la simple dimension spectaculaire vers celle du sacré et d’un orgasme mystique.
Setlist : Blow Your Trumpets Gabriel, Ora Pro Nobis Lucifer, Conquer All, Decade of Therion, As Above So Below, Slaves Shall Serve, Christians to the Lions, The Satanist, Ov Fire and the Void, Furor Divinus, Ludzie Wschodu, Alas, Lord Is Upon Me, At the Left Hand ov God, Chant for Eschaton 2000, O Father O Satan O Sun!
Au-delà de l’exceptionnelle qualité de l’affiche, on saluera également la performance visuelle des éclairages qui ont largement participé à la grandeur de l’événement pour l’ensemble des groupes.
