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Black Box Revelation + Citizens! + The Minutes au Splendid – Les Paradis Artificiels

Nul n'est prophète en son pays. Encore une fois, les proverbes ne disent que des conneries. Alors que de l'autre côté de la frontière, les concerts des belges de Black Box Revelation font Sold Out, peu de monde au Splendid. A peine de quoi remplir la fosse.

C'est donc devant une assistance fortement clairsemée que The Minutes ouvrent les festivités. De son accent à couper au couteau, Mark Austin, chanteur et guitariste, présente son groupe. « We are from Dublin » annonce-t-il. Aucun mal à le croire. Tant leur musique suinte de tous ses pores l'odeur alcoolisée des pubs irlandais. Plus Thin Lizzy que U2 ou Cranberries, le trio propose un cocktail classique de Garage Rock et de Blues Rock avec un zeste de Punk dans la manière de shaker la mixture.

The Minutes cultivent hargne et férocité en alignant des morceaux narquois et rentre-dedans. La basse est lourde, la batterie furibarde et les riffs de guitare saccadés et tranchants. La voix rugueuse et canaille du leader, patinée par les excès de clopes, de Guinness et de whisky confère au groupe une forte personnalité bravache. On regrette néanmoins que les morceaux manquent cruellement de variations et soient tous construits sur le même schéma rythmique. Heureusement, le set est court et joué dans l'urgence, une demi-heure. Evitant ainsi que l'ennui ne pointe le bout de son nez. Ce qui aurait été irrémédiablement le cas sur une durée plus importante.

Bénéficiant d'un buzz médiatique dû à leur récente signature chez le branchouille label parisien Kitsuné et au fait que Alex Kapranos, leader des surestimés Franz Ferdinand, les produise, le groupe anglais Citizens! leur succède. Et confirme qu'il ne faut jamais croire la hype. Écoeurante comme un trop plein de marshmallows, leur Electro-Pop insipide dégouline de mélodies kitsch et faciles, de chants mielleux et de sonorités Fisher Price. Un énième groupe qui, comme Metronomy, nivèle la Pop par le bas et rend diabétique sur-le-champ.

Pour s'en remettre, rien de tel qu'une bonne tranche de gras avec les réjouissants Black Box Revelation. Des mecs qui ne font certes pas dans la gastronomie fine. Mais proposent une succulente tambouille. Mitonnée aux petits oignons. Préparée avec soin et amour.

Les plus gourmets rétorqueront peut-être que les Black Box Revelation n'inventent rien. Qu'ils ne font qu'appliquer de bonnes vieilles recettes. Ce serait oublier que c'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleurs plats. Les deux belges connaissent leurs classiques sur le bout des doigts (Led Zeppelin, The Stooges, The Rolling Stones...) et savent les (res)servir sans que cela ne sente le réchauffé ou ait le goût du surgelé.

Basique et puissant, leur Rock incandescent s'adresse avant tout aux gourmands. Les deux belges maîtrisent leurs ingrédients avec une telle énergie, une telle authenticité et une telle sincérité qu'il est impossible de faire la fine bouche devant le résultat. Dressant un mur du son impressionnant, alignant des morceaux s'imposant instantanément par leur ligne mélodique, jouant de leurs instruments avec une dextérité tourneboulante, ils font preuve d'un talent que l'on ne peut que qualifier d'insolent. Difficile de croire qu'ils n'ont seulement que trois albums et une vingtaine d'années au compteur tellement leur musique fait preuve de maturité et semble être jouée par de vieux briscards bénéficiant de longues années d'expérience.

La preuve irréfutable que le Rock N'Roll, le vrai, n'est pas prêt de rendre son tablier.

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