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Bror Gunnar Jansson + Twin Oaks

L'événement étant gratuit, c'est un public familial et hétéroclite qui investit en cette fin d'après-midi la Salle Jacques Villeret de Baisieux, transformée le temps d'une soirée en lieu de concert grâce au dispositif Hors les Murs initié par L'Aéronef. Une assistance composée de hipsters, de mélomanes, d'amateurs de Blues, de vieux rockers aux cheveux longs, de simples curieux ou de retraités. Et de jeunes enfants jouant comme ils peuvent à chat perché au milieu de ce beau monde. Une ambiance on ne peut plus conviviale pour le concert de Bror Gunnar Jansson + Twin Oaks.

Twin Oaks

C'est tout en discrétion que le duo lillois Twin Oaks monte sur scène pour défendre son univers teinté d'Americana. Une Folk minimaliste, sans artifice, sensible et mélancolique. Une musique qui évoque des paysages mais plus encore des climats, souvent crépusculaires. La voix est mise en avant. Le son est brut. Les arrangements prennent leur distance avec les codes du genre et vont creuser du côté des sonorités des années 90. Quand le grunge n'hésitait pas à dégainer une guitare acoustique. On pense parfois à ce grand groupe méconnu qu'était Days Of The New. Une timide mais néanmoins belle prestation.

Bror Gunnar Jansson

A son arrivée sur scène, Bror Gunnar Jansson confirme le virage entamé avec son dernier album They Found My Body In A Bag, enregistré en trio et non pas en solitaire comme ses disques précédents. Accompagné par un batteur et une bassiste, le musicien suédois entame son set avec Body In A Bag. Une langoureuse complainte, aux accords barrés basiques et aux accents Howlinwolfiens. Une chanson inspirée par un sinistre fait-divers de 1984 : la découverte, à Stockholm, des membres découpés d'une femme dans un sac poubelle.

Le décor est planté. Articulé principalement autour du dernier album, le concert fait planer au-dessus du public des histoires de macchabées, de fantômes et de meurtres. Influencé aussi bien par l'héritage des pionniers du Blues ou les Work Songs chantés par les taulards américains lors de leurs travaux forcés que par Tom Waits, Captain Beefheart ou les films de David Lynch et Jim Jarmusch, Bror Gunnar Jansson tisse un univers singulier au charme macabre. Qu'il transcende par sa voix si particulière, à la fois geignarde et spectrale. Rugueuse et sèche comme un pain grillé suédois.

La set-list est parfaitement équilibrée. Et parcourt un spectre musical plus large que lors des précédentes tournées. On passe ainsi d'un Blues sale, sauvage et âpre dont le natif de Göteborg a le secret (Will You Help Me When I'm Old ?) à des envolés psychédéliques telles que l'inquiétant instrumental Det Stora Oväsendet, avec sa montée progressive et aérienne de la guitare... Libéré de la formule one-man-band, Bror Gunnar Jansson se permet même de durcir son répertoire avec des titres tels que le formidable Stalker, issu du dernier album, ou une version tout en riffs de son désormais incontournable Ain't No Grave, joué pied au plancher.

Entretenant une relation privilégiée avec la France, qui lui a très tôt montré une véritable reconnaissance critique, Frère Gunnar semble bien parti pour faire perdurer l'intérêt que l'on peut éprouver pour ce bluesman atypique.

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