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Bumcello à l’Aéronef

Vendredi soir Bumcello s’emparait de l’Aéronef pour 3h d’improvisation enivrante. Comme à son habitude, le duo a fasciné et régalé par son sa musicalité ; à des lieux d’un quelconque formatage. Un spectacle parfois en demi teinte, mais qui laissera comme toujours une empreinte dans l’esprit musical de ceux qui y ont assisté.

Pour tout vous dire, à 20h vendredi, l’animation se trouvait plus sur le trottoir du Tripostal (Fête de l'Animation 2008) qu’en face, dans la timide salle de l’Aéro. Pas grand monde a priori. C’est sans compter sur la réputation du groupe.
Sans même prendre conscience de ce qui se trame sur scène, les premières onomatopées sont déjà samplées…les deux heures que vont durer ce morceau viennent d’être entamées. Avec une certaine nonchalance et une réelle décontraction, l’electro-virtuo-celliste et le batteur-percu-dadaïste déroulent leur entité sonore. C’est vaporeux, intemporel, parfois long, mais la musique semble tellement vivante que rien n’y fait, on est sous le charme.

Du funk au trip hop, des percus aux instruments exotiques, les sons du monde prennent forme sous nos oreilles engourdies, pour se structurer au fil des harmonies du violoncelle qui souvent se fait plus tranchant pour affirmer une rage électrique insoupçonnée. Electrique justement, comme ces voix brumeuses, psychées qui viennent se chevaucher sans cesse, renforçant un peu plus la torpeur dans laquelle se trouve la foule.
Petit à petit la musique va pendre le pas sur tout ce qui l’entoure, les mélodies aériennes du violoncelle vont laisser place au rock, plus vif. La guitare va répondre avec férocité aux assauts violents d’un Cyril Atef, brillant de génie à la batterie. Après deux trois morceaux comme « Money Money » ou « Jet Set », le flottement des 45 premières minutes aura été rattrapé par une rythmique effrénée et implacable. Un point de non retour vient d’être franchi, jamais la musique n’a été si accessible. Pour preuve, les têtes hochent, toutes, en rythme ou non ; les corps titubent, l’euphorie nous guette.

A nouveau l’Aéronef tente de se poser, l’accalmie est là, guidée par les harmonies d’un violoncelle torturé par un archet. La batterie semble lointaine, voluptueuse, plus profonde. Mais comme toujours avec Bumcello, rien ne se fige, tout n’est qu’éphémère. Le tapping de Vincent Ségal sur son instrument est comme une claque qui vient de ramener violemment le public à son statut de masse active. On ne sait plus où se situer. Entre attention, incompréhension, fébrilité, admiration, puis bientôt folie et euphorie.

Ça fait 2h que nous sommes là, abreuvés d’une musicale inqualifiable, les corps se sont laissés aller, les têtes se sont vidées ; et quand le batteur appelle les filles à monter sur scène, patientes d’abord, elles vont ensuite se déchaîner.
A peine remis de leurs émotions, les deux compères vont revenir, avec une sorte de bossa nova améliorée, toujours accompagnés sur scène d’un joyeux foutoir.

Enfin ils repartent, mais restent en tête. Toutefois il est impossible de se remémorer leur musique, l’idée même d’essayer de le faire serait un affront à la chose qu’ils se sont amusés à construire. Une sorte d’objet sonore qui au fil des minutes prend forme pour, et par les personnes qui le regardent, l’écoutent ; le vivent. Bumcello ne peut se réduire à un genre musical ou encore à un univers. Bumcello est sa musique : transgenre, universelle et volatile. Assurément rien n’y fait, les écouter serait dérisoire, il faut les vivre.

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