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Charlotte Gainsbourg à l’Aéronef

Pour certains, la Fête de la Musique avait commencé la veille. Le programme du week-end dans la région était plutôt chargé. Et au milieu de tout ça, ce dimanche soir, il y avait Charlotte Gainsbourg.

Comme elle est « la fille de » et que c’est la première fois qu’elle se lance dans une tournée (musicale), on l’attendait. On la sait timide et on craint qu’elle ne soit trop réservée sur scène. Ce concert à L’Aéronef de Lille va nous prouver le contraire. Vers 20h15, les lumières s’éteignent et on s’attend à une première partie. Mais non. La foule acclame la prêtresse qui arrive sur scène et salue le public d’un petit signe de la main.
Charlotte Gainsbourg débute avec IRM. Dans le fond de la scène, des écrans mêlés à de grands néons diffusent des images de scanner. Greenwich Mean Time nous garde dans ces ambiances magnétiques. "Magnétique", c’est justement comme ça que l’on pourrait qualifier la relation entre la franco-britannique et son public venu en masse ce soir. Car, soyons honnêtes, Charlotte Gainsbourg n’est pas une bête de scène qui parcourt la scène en sautant dans tous les sens (même si on s’en doutait). Le concert dans son ensemble est relativement statique et tout est intériorisé ici. Pas de réelle effusion de sentiment, de joie ou d’énergie folle chez le groupe.
Mais pourtant, le public adhère sans sourciller. On sait que l’artiste a attendu son troisième album pour enfin oser affronter sa timidité et monter sur scène. Et que même si ce soir elle n’en est pas à son premier concert, il lui faut du courage pour y aller. La foule ne s’y trompe pas et cherche par ses applaudissements à encourager Charlotte et à l’assurer de son soutien. La belle ne manque d’ailleurs pas de la remercier : « Merci beaucoup… C’est ma première tournée, ma première fois ici à Lille et je suis très heureuse d’être là. Merci d’être venus ».
Les échanges directs avec le public sont rares mais d’autant plus précieux. Car lorsqu’elle s’adresse aux spectateurs, ce n’est pas seulement pour leur dire un petit "merci". C’est aussi pour prouver que cette timidité est sincère et qu’elle veut la dépasser : « Je suis pas très bavarde. Vous m’en voulez pas ? » glisse-t-elle le sourire aux lèvres.

Côté musique, Charlotte s’en sort mieux. Entourée de ses cinq musiciens talentueux (mention spéciale au pantalon squelettique de Nicole – xylophone, guitare), elle s’offre quelques parties de tambour ou de clavier qui pimentent le concert. Mais on regrette clairement que sa voix ne soit pas mise plus en avant face aux murs du son du groupe. Car lorsque la voix de Charlotte est doublée, c’est un vrai plaisir pour nos oreilles. Les textes en anglais difficilement audibles ne l’aident pas beaucoup.
Heureusement quelques titres en français ravivent la ferveur du public, à l’instar du Chat Du Café Des Artistes. Au milieu des lumières vertes, Charlotte Gainsbourg se défoule sur son tambour à la fin du morceau. On prêterait même un petit quelque chose d’Antichrist à cette scène rageuse. A l’inverse, c’est un peu Jane Birkin que l’on retrouve dans la douceur de In The End. L’osmose entre Charlotte et son public est évidente lorsqu’elle entame ses titres les plus connus, Heaven Can Wait et plus tard Time Of The Assassins. Parmi la foule qui applaudit en rythme, quelques « Charlotte ! » s’échappent.
Après un Vanities posé, le groupe reprend Just Like A Women du grand Dylan dans une ambiance piano-bar. Charlotte Gainsbourg prend ensuite la parole : « J’ai eu la chance de travailler avec Beck et Air. Mais j’ai encore plus de chance de pouvoir puiser dans le répertoire du plus grand, du plus beau, du meilleur… » Tout le monde se met alors à acclamer cette bonne idée. L’Hôtel Particulier du grand Serge est ici parfaitement incarné par sa fille qui nous ramène en 1971.

Le groupe ré-électrise l’ambiance avec Looking Glass Blues et Tricky Pony avant de se retirer en backstage. Quelques minutes d’applaudissements et de cris plus tard, Charlotte et ses musiciens munis d’un casque de chantier (« C’est une idée de Brian ») reviennent sur scène. En s’emparant du micro, elle demande malicieusement au public : « Vous êtes sûrs ? »
Assurément, oui. Le rappel débute avec The Songs That We Sing, le premier single extrait de 5:55. Mais c’est le dernier titre qui ravit la foule. Après avoir présenté chacun de ses musiciens, Charlotte nous offre un titre enjoué extrait du répertoire de son père, Couleur Café. Dès les premières notes le public s’enflamme et reprend en chœur les célèbres paroles. Le plaisir du public est tel qu’il restera cinq bonnes minutes à applaudir l’artiste après que celle-ci ait quitté la scène.

Clip de Heaven Can Wait

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