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Chinese Man + Doctor Flake au Splendid

« Sept cent millions de chinois/ Et moi, et moi, et moi... » chantait autrefois Jacques Dutronc,

« Quatre petits chinois/ Et nous, et nous, et nous... » grésillent aujourd'hui les platines.

Soirée turntablism ce soir au Splendid. Avec la venue du collectif de DJ Marseillais Chinese Man. Des architectes sonores bâtissant d'impressionnantes cathédrales musicales en les faisant reposer sur des piliers aussi solides que le Hip Hop, le Dub, le Reggae, le Jazz, la Soul, le Funk ou encore la musique Ethnique... Le tout avec une grande cohérence et une extrême finesse mélodique.

Une date qui aura affolé les amateurs d'Abstract Hip Hop et de gros son de la métropole. Le concert affichant depuis quelque temps complet.

En première partie, une très bonne surprise. De dernière minute. Doctor Flake. De retour dans nos contrées nordistes après son concert remarqué du 29 octobre à La Péniche lors du festival Ground Zero.

Le docteur est visiblement ravi de jouer dans une salle de plus grande envergure. Et alors que la salle d'attente commence à bien se remplir, on se dit que rarement une visite médicale aura été aussi plaisante.

Compositeur et beatmaker français, originaire d'Annecy, Doctor Flake prescrit au public une bonne dose de Downtempo qui remplace à merveille tous les antidépresseurs et sédatifs du monde. As du découpage et du sample, le musicien développe un univers hautement atmosphérique où plane l'ombre tutélaire du DJ Shadow de 'Endtroducing'. Ambiances mystiques, sonorités vaporeuses qui ne sont pas sans rappeler l'univers Bristolien de Massive Attack, nappes de cordes discordantes, guitares saturées, beats hypnotiques, c'est avec une précision chirurgicale que, de son vrai nom, Jean-Marie Léger opère. Construisant de véritables films mentaux à la narration envoûtante. L'utilisation de la vidéo en devient presque superflue. Chaque morceau se transformant en voyage personnel où vient se greffer notre propre imagerie.

Avec Chinese Man, l'ambiance se veut moins méditative. Laisse la place à l'euphorie générale. Le public est venu majoritairement pour danser. Et le fait savoir. Pas de souci. Le set du collectif marseillais, dans ses moindres détails, est pensé pour transformer une salle de concert en gigantesque dance-floor.

Très vite, le show prend des allures d'orgie musicale. Les quatre DJ font se partouzer entre elles diverses sonorités et influences. La voix samplée de Jim Morrison précède des airs orientaux auxquels se substitue un groove Hip Hop old-school. L'écran géant installé derrière les platinistes renforce cette volonté de patchwork. Films d'animation avec de petites boules de poils sautillantes et chantantes, extraits de films, cinématiques psychédéliques, paysages inquiétants ou surréalistes, esthétique Manga, images d'archives de vieilles formations Jazz ou du discours d'ouverture ('I'm Somebody') du Révérend Jesse Jackson au Festival Wattstax de 1972...

Le talent du groupe est d'aborder l'exercice de la scène dans une réelle optique de concert. Et non pas de DJ set. Les Turntablists n'hésitent pas à prendre le micro pour interpeller le public et faire monter encore plus la température. Et à s'adjoindre les services de MC Taiwan qui vient poser son flow percutant, entre Ragga et Rap, sur de multiples morceaux. Apportant ainsi une dimension et une chaleur supplémentaires à la prestation.

Le spectacle fonctionne à merveille. Et convainc, par sa dynamique, les sceptiques pensant que l'absence d'instruments sur scène, l'utilisation de « machines » et d'ordinateurs ne peuvent donner lieu à un « véritable concert ». Il est même d'ailleurs assez réjouissant de constater à quel point l'écoute du public est encore plus active que pour un concert « classique ». Tout le monde cherchant à deviner l'origine de tel sample ou de telle sonorité. Et réagissant vivement à chaque introduction, chaque morceau.

Moralité : ne vous méfiez plus de la montée en puissance des Chinois.

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