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Chrome Hoof et Yolk au Grand Mix

La programmation du Grand Mix est décidemment formidable. On s’y sent bien et on s’y rend les yeux fermés tant il est agréable de se laisser surprendre, saison après saison. Disposer d'une telle salle à proximité fait de nous une bande de petits veinards, abonnés pour la plupart et pas par hasard. Vraiment pas!

Ce soir l’équipe nous proposait des choses un peu folles, rares et bizarres, décousues de l’intérieur avec pour introduire la soirée, des gens du coin, Yolk et pour poursuivre d’autres dingues d’un peu plus loin, Chrome Hoof.

Yolk, c’est un des fameux produits du terroir Dunkerquois du moment. Yolk, c’est pas facile comme un jaune d’œuf à gobé tout cru, mais finalement, ça revigore. Le sextet basse, batterie, voix, guitare, samples nous monte une mayo toute en ruptures, pleine d’aberrations, brassant « speed métal et brutal prog rehaussée de musiques ethniques et électroniques ». Magma, Gong et John Zorn sont passés par là. Malgré la qualité technique et l’originalité distinguée de Yolk, les oreilles les moins averties auront eu peine à s’infiltrer dans la prestation, hermétique sur les bords de scène. Dites mademoiselle, c’est l‘air de Dunkerque qui vous fait grise-mine ? Quelle dommage, vous seriez envoutante.

Changement de plateau, changement de température, avis de tempête, les courants d’airs de la Manche nous ont amené Chrome Hoof !

Les frères Smee, Léo (bassiste de Cathedral - heavy metal) et Milo (producteur techno) ont composé un cocktail détonnant à l’aide de pièces détachées volées à des formations aussi jubilatoires que Spektrum (Lola Olafisove). Et nous voilà avec 9 artistes sur scène : synthé, violon électrique, batterie puissante, guitares heros, cuivres et chant qui sacrifient à leurs côtés deux gogos danseuses allumées.

L’orchestre pousse la prestation musicale dans des retranchements cosmico- tragiques en proposant une cérémonie loufoque qui fusionne savamment l’afro-futurisme de Sun-Ra, les B.O de films d’horreur et de zombies, le punk-funk d’ESG et le trash métal de Slayer. Certain parlent de disco-grind. Et croyez moi, ça fonctionne !

Sous les projecteurs : extravagance contrôlée et toges de paillettes pour habiller nos moines. La bombe britannique, éclatante, est à la hauteur de sa réputation. Le groove funk infiltre pleinement la procession, la spontanéité punk aiguise le show, la puissance et la théâtralité métal nous achèvent.

La foule s’enflamme pour Lola, la chanteuse, véritable maitresse de cérémonie, un grain dans le ciboulot et une face de zombie. On adhère, on s'emporte, on est soufflés, on nous jette une tête de poupon empailleté pendant qu’un autre moine vient caresser les rotules des spectateurs réfractaires. On se sent bien quoi!

C’est formidable! C’est déjà fini. Tout le public porte sur le visage un sourire imbécile, un petit air extasié qui en redemande, encore, encore, encore ! Feu de dieu, quelle belle soirée les enfants !

A découvrir de toute urgence : Pre-Emptive False Rapture, Chrome Hoof, Southern Records, 2007.

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