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Cian Nugent au Biplan

Quelques impatients sont présents très tôt et attendent en discutant étonnamment de... musique. On les entend passer en revue la programmation de Bains de Minuit Productions. On évoque notamment The Blank Tapes, leur discographie très fournie, les écarts de notoriété incroyables d'un pays à l'autre, d'un continent à l'autre et les possibilités offertes par un territoire comme la Californie, ses 40 millions d'habitants, et plus de 400 000 kilomètres carrés, un vrai marché, de quoi tourner à l'intérieur d'un seul État. Il faudra que Cian Nugent arrive pour que la conversation, ce plaisir éternellement renouvelé des amateurs de musique, cesse. The Blank Tapes sont en concert le 2 mars à La Malterie en compagnie de Roken is Dodelijk, nouvelle formule.

L'entrée du trio est d'une rare discrétion, on est en formule électrique, quoiqu'on sache que Cian peut se défendre largement armé d'une simple guitare acoustique, comme l'a prouvé le concert donné dans le fameux Tiny desk de la NPR. Dès le premier titre, Cian développe son joli toucher, subtil et caressant, toujours intelligent et très finement dosé : les bons appuis, les bons choix, les notes tenues quand il faut, une vraie leçon de musicalité et d'intelligence. Deux guitares seulement, une Stratocaster, une Telecaster, et au fond très peu d'effets, on est très loin des pédaliers multiples. Toucher et technique vont faire la différence, technique qui se fait d'ailleurs totalement oublier tant c'est limpide et naturel, avec des allures de facilité très trompeuses. Le groupe commence avec le single d'un album qu'il faut chercher presque désespérément si on veut en avoir une version physique, il semblerait même qu'il n'y ait pas du tout de version CD. Les musiciens eux-mêmes semblent avoir renoncé à vendre un objet... pas de disques au merchandising. Le groupe est très soudé et fait preuve d'un bel équilibre, on s'écoute, on s'entend, on se répond. Les titres de l'album se retrouvent dans des versions développées pour la scène sans excès démonstratifs, un joli fleuve assez tranquille avec quelques remous bien amenés, quelques secousses pour relancer les flots.

On prend le temps de poser les climats, le groupe est très bien pensé pour servir cette musique. On sent qu'on a fait l'école des clubs et des caves, on va chercher les auditeurs un par un et le public se lève progressivement pour aller voir ça de plus près, jolie victoire, on remporte la partie au métier, à la musique, à l'écoute. Classe. Cian s'excuse pour une voix un peu incertaine sur les aigus mais personne n'avait rien entendu.

On est au Biplan, on est très contents de profiter du lieu, de choisir la bière qui s'accorde le mieux à cette belle Irlande. Un concert intimiste et splendide, chaleureux et simple, tout en musique, un nouveau bain de minuit très réussi. On se retourne en partant, pour vérifier que le Biplan est toujours accroché à son enseigne. On espère y venir encore longtemps...

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