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Cody Chesnutt + Laetita Dana à l’Aéronef

Saturday Night fadeur.

 

N'y allons pas par quatre chemins. On espérait vivre un grand moment de fièvre. Contre toute attente, ce samedi soir aura été finalement bien tiède.

C'est pourtant avec une certaine fébrilité que l'on attendait ce concert de Cody Chesnutt à L'Aéronef. Un artiste qui nous avait époustouflés avec son premier disque, The Headphone Masterpiece, en 2002. Un impressionnant double album, enregistré en solitaire sur un quatre pistes. Où ce jeune afro-américain, pratiquement venu de nulle part, faisait souffler un vent nouveau et salvateur sur un pan entier de la musique noire. Un coup de Maître. En forme d'étoile filante.

Car plus de nouvelles pendant 10 ans. Un discret EP en 2010. Et un retour magistral en 2012 avec Landing On A Hundred. Un classique instantané de la Soul contemporaine. Un album touché par la grâce, abordant la Black Music sur son versant le plus fervent, confectionné dans les studios du révérend Al Green. Un père spirituel. Tout comme Marvin Gaye ou encore Curtis Mayfield. Des figures tutélaires auxquelles Cody Chesnutt rend hommage de la plus belle des manières. S'imposant sans mal comme un de leurs plus dignes héritiers.

Une longue attente. Un retour en force... La tournée s'annonçait donc très belle. La déception n'en sera que plus forte.

En guise de première partie, un énième coup marketing concocté par des maisons de disques françaises décidemment peu à même de prendre des risques: Laétitia Dana. Un univers Nu-Soul et acoustique, un physique de mannequin, on surfe sans vergogne sur le succès récent des chanteuses Imany ou Inna Modja. Mais la coupe commence sérieusement à déborder. La belle a beau chanter, avec un timbre de voix il est vrai agréable, « J'ai un côté salé, j'ai un côté sucré », son répertoire sent irrémédiablement le réchauffé. Et le groove pour émissions de télé-crochet.

Ni sel, ni poivre, ni sucre et encore moins de piquant pour celui que l'on attendait presque comme un messie. Cody Chesnutt entame son concert avec 'That's Still Mama'. Et, instantanément, c'est 'Allo Maman Bobo, Allo Maman Pas Beau'.

L'objet du délit: un horrible synthétiseur remplaçant les cuivres, les cordes et les percussions. On pensait revivre l'âge d'or des Seventies. C'est le Funk synthétique des années 80 qui s'invite à table. Envolées, les sonorités Vintage entendues sur l'album, la luxuriance et la flamboyance des compositions et des arrangements. Accompagné par une formation restreinte (guitare, basse, batterie et ce synthé horripilant), Cody offre la version cheap de ses magnifiques chansons. La formule économique est au menu.

L'artiste est irréprochable. Communicatif, énergique, habité par ses morceaux sur lesquels il pose sa magnifique voix de velours. Mais on fait la fine bouche. On reste sur sa faim. Car derrière le chef, c'est une bien fade tambouille qui est concoctée. Par de sinistres mercenaires faisant juste preuve de professionnalisme. Du minimum syndical. Appliqués. Mais pas impliqués. Signe qui ne trompe pas, on ne sent aucune connivence particulière entre Cody Chesnutt et ses musiciens. Pas de sourires. De clins d'oeil. D'accolades. De la Soul sans âme. Du Funk de requins. Artiste de talent, Cody Chesnutt mériterait d'avoir ses JB's, ses Expressions ou ses Soul Investigators… Malheureusement, il n'en est rien. Il se retrouve juste avec un backing-band tristement anonyme. Gâchant ainsi la fête. Et empêchant toute magie.

Mieux vaut être seul que mal accompagné dit le dicton. Preuve en est faite. On regrette donc de ne pas avoir assisté aux dates solitaires données en France il y a peu. Et on espère sincèrement qu'au prochain rendez-vous, Cody, avec son casque de soldat, aura enfin trouvé de vrais frères d'armes.

 

  1. Yann

    Très bonne chronique, intellectuellement très honnête comme à la bonne habitude de Greg, pas de vaches sacrées. On sait pourtant l'homme très fan de l'album. Les compliments prennent de la valeur puisqu'ils ne sont jamais acquis ni gratuits. Welle done, mate.

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