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Concrete Knives + Cannibale au Théâtre de l’Idéal

Il ne fallait pas se tromper de chemin ce soir pour assister à la double performance Cannibale / Concrete Knives. Le Grand Mix se refaisant une beauté, nous voilà désormais détournés vers son voisin le Théâtre de l’Idéal. Un peu désorientés au départ, nous ne bouderons cependant pas notre plaisir d’assister à cette soirée 100% made in Normandie (promis, pas de références douteuses).

C’est le groupe Cannibale qui nous est proposé en guise de mise en bouche et nous nous demandons alors à quelle sauce nous allons être mangés. Auteurs d’un premier essai studio réussi, ce combo de « rock garage exotique » comme il aime à se définir ne fait pas dans la demi-mesure et compte bien nous envoyer son énergie directement à la figure.

Après un trio de titres à classer clairement du côté du rock psyché façon Doors, les influences colorées approchent progressivement avant d’atteindre leur paroxysme lors de Diabolic Prank. A la manière du clip, l’on se met alors à se dandiner machinalement de gauche à droite, et ce avec un certain entrain.

Délicieusement rétro, les Cannibale dévorent l’espace pendant près de 45 minutes afin de nous faire goûter à leur univers ensoleillé, mélange de rythmes tropicaux, afrobeat et tonalités old school. Un groupe atypique qui nous a par certains arrangements remémoré la belle époque des parisiens d’Hushpuppies et dont on vous invite à aller poser une oreille.

Pas encore rassasiés par ce premier plateau déjà savoureux, c’est avec un appétit aiguisé que nous nous préparons à attaquer comme il se doit le plat principal en la personne des Concrete Knives. Signalons avant tout l’excellente initiative d’avoir programmé ces deux groupes ensemble, tant ces influences caribéennes semblent être le fil conducteur de la soirée. Car là aussi avec Concrete Knives, pas questions de s’assoupir une seconde.

Arborant un cœur lumineux au centre de la scène, les caennais tous de blanc vêtus (à l’exception du batteur) ne tardent pas à entrer dans le vif du sujet avec The Lights, issu du dernier opus. Toujours aussi dynamiques, Nicolas (hélas quasi aphone ce soir) et sa bande envoient avec fougue ce son qui fait leur force depuis tant d’années. Et ce n’est pas cette version ragga d’Africanize qui dira le contraire. Nous l’avions dit dans la chronique de l'album, l’omniprésence des percussions se ressent à différents degrés dans les compositions du groupe. Dictant ici le rythme d’un Wallpaper intense, là d’un Gold Digger habité ou donnant du cœur à un Greyhound Racing aux accents tribaux, la magie opère toujours autant avec ces six-là.

La suite du show restera dans la même veine, oscillant entre moments forts et atmosphères plus pacifiques. Citons pour s’en convaincre le tranchant Our Hearts s’enchaînant avec un Wild Gunman des plus rentre-dedans, le tout contrebalancé par un On the Pavement aux sons déstructurés. Un titre laissant ici exploser la débordante créativité du groupe. C’est ce va-et-vient permanent entre sonorités rock primitives et nappes électroniques qui fait de cette bande l’un de nos coups de cœur (jeu de mots facile) dans le paysage musical hexagonal.

Le temps de reposer quelques instants une assemblée déjà bouillonnante que les Concrete reviennent sur scène pour envoyer le tube Brand New Start (et permettre à Morgane de faire un tour en fosse). La fin du show se verra elle plus en légèreté avec Tightrope et ses faux airs de Je t’aime moi non plus ou Truth prenant une tournure façon Joy Division.

Blessed finit de conquérir nos âmes et d’enchanter nos cœurs avec cette mélodie délicate empli de sérénité. Les sourires présents sur les visages de l’assistance s’avèrent être le plus efficace résumé de cette soirée. Le mieux est alors de conclure en une phrase : voilà une performance énergisante qui nous aura fait du bien, tout simplement.

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