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Déferlantes Givrées au Musée des Augustins d’Hazebrouck

A la place de chanoines déchaussés, des musiciens déchaussés... Les difficultés financières que peuvent rencontrer certains artistes n'ont pas été la raison pour eux de se présenter sans chaussures au musée des Augustins d'Hazebrouck. Est-il absurde de se promener chaussettes déployées au froid d'un 6 février ? Le ton est donné pour ce moment qui a été hors des sentiers battus.

Le musée des Augustins a t-il été baroque ce jour-là ? Historiquement, certainement ! Des œuvres autour des ateliers de Rubens, de Van Dyck nous ont accueillies... Étymologiquement, l'ancien couvent a aussi été on ne peut plus baroque par le fait de la musique et des créations théâtrales. Baroque signifie aussi bizarre ! Excusez... Biz'art ! De A à Z, du début à la fin, la création contemporaine Déferlantes Givrées a bien choisi ses adjectifs !

Ce spectacle a commencé en nous faisant marcher... littéralement et métaphoriquement ! Pas de public assis face à une scène pour l'entrée en matière ! Nous avons déambulé dans les salles du musée où de jeunes et moins jeunes acteurs-musiciens nous ont présentés leur monde. De courtes scénettes agrémentées de musique nous ont emmenés dans le Frinzgard. Si la géographie n'est pas votre tasse de thé, sachez que le Frinzgard est un pays dans l'océan arctique. Un pays dont les terres n'existent pas puisqu'il s'agit d'un iceberg. Les dizaines d’interprètes tout de blanc vêtus ont cuisiné devant nous le raglouglou, le plat national. Ils nous ont aussi présentés bien d'autres us et coutumes farfelus avant de pénétrer dans la salle des Augustins...

Des pianistes, des accordéonistes, des violonistes, des percussionnistes... Mais avant tout, des habitants du Frinzgard ! Où trouver le répertoire digne de ces loufoques citoyens ? Un prélude et une valse ne seront évidemment pas empruntés à Chopin. Rendez-vous musical avec György Kurtag. Trop de notes chez Chopin ! Mieux vaut n'utiliser que les Fa du piano ! Comment applaudir quand on a grandi sur un iceberg ? Avec le Clapping music de Steve Reich bien sûr ! Le piano a été utilisé à même la corde, un peu comme si John Cage avait fait un passage sur l'iceberg. Les compositeurs de la musique savante contemporaine ont partagé nos oreilles avec les improvisations des Frinzgardiens.

Ce monde imaginaire a autorisé toutes les fantaisies aux artistes. De la mise en scène, aux improvisations musicales en passant par l'interprétation d’œuvres écrites, l'audace a été de mise. Nous avons eu grand plaisir à vivre l'écoute autrement. Grâce à des moments atonaux, non pulsés, cette création contemporaine nous a permis de nous interroger sur notre perception auditive. Ce moment a été pour nous l'occasion de rencontrer des artistes complètement givrés...Pour découvrir le Frinzgard de toute autre manière en compagnie cette fois de l'Ensemble 101, rendez-vous le 26 février à la salle Vauban de Saint-Omer. Vous saurez ce que signifie Sit Ozfars Wysr...

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