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Didier Super au Biplan

C’est précisé sur l’affiche : c’est un "concert", sans musique. Autrement dit, c’est plutôt un spectacle. Comique ? Pour ça, on vous laisse seuls juges…

Didier Super, les cheveux longs et gras, les lunettes de myope vissées sur le nez, un vieux col roulé en synthétique sur les épaules, arrive sur scène, l’air décadent et un peu pervers. Et comme c’est bientôt l’été, il porte un short. Ou plutôt, un jean découpé. A peine quelques mots et le public a le sourire aux lèvres : « C’est un spectacle payant. Et ya beaucoup de petits malins qui s’amusent à en mettre des morceaux sur YouTube. Alors si tu vois que ton voisin sort un appareil pour le filmer, bin… dénonce-le ».

Très vite, et tout au long du spectacle, on ne va cesser de se demander : il va le faire ou pas ? Ça commence avec un Didier qui annonce qu’il ne peut pas faire le spectacle, trop crevé. Le public le hue et l’acclame en même temps pour le motiver. « Putain, j’ai jamais été dans cet état là pour un spectacle ». Un grand bout de scotch en guise de sangle pour la guitare et le voilà parti pour une grosse heure et demie.
On ne peut pas tout vous dire, au risque de gâcher la surprise et le plaisir de ce spectacle. Mais il faut au moins être préparé à prendre des vannes au trente-sixième degré. « Alors maintenant, vous allez tous prendre la main de votre voisin pour la prochaine chanson… Voilà, c’est bon ? » Tout le monde est attentif, avant d’éclater de rire lorsque l’artiste entame Prendre Un Gros Con Par La Main.
Didier Super se moque de tout : de son public, de la politique, des riches, des religions, de l’avortement, des vieux et… des clochards : « La prochaine chanson est une chanson contre les clochards !... Je crains rien puisque c’est une entrée payante » (rires). Son spectacle donne l’impression de se construire sur place, avec ses (faux ?) ratés, ses blagues testées en direct ou encore lorsqu’il prend les retardataires à partie. Et ce sentiment de live ajoute une dose d’incertitude et d’excitation à l’ambiance. On s’attend à tout !

Didier Super est un maître en matière de sarcasme, mais sait aussi faire des chansons "engagées" (Pourquoi). Puis il parcourt le public à la recherche « d’une jeune vierge assez conne » pour un duo. La malheureuse qu’il choisit l’accompagne sur scène, hésitante. Après quelques vannes « pour se venger de toutes les filles qui l’ont remballé », Didier Super tente ironiquement de la rassurer : « T’inquiète pas, je suis pas chanteur non plus ! »
Même s’il annonce qu’il n’y a aucune chanson extraite de ses disques, on retrouve avec plaisir quelques "succès" de l’artiste : Dis-Moi Didier Super, Yen A Des Biens (qui cartonne – « Pour ceux qui ne me connaissent pas, c’est mon meilleur tube ») et aussi Les Gens Qui Bossent. Ensuite "l’artiste" - comme il se décrit - s’éclipse quelques instants en coulisse pour revenir avec un partenaire, M. Bidouille (on vous laisse le découvrir).
Il ne se gêne pas non plus pour demander des clopes au public et ne s’arrête pas là : « Et je l’allume avec mes couilles ? » (rires). Didier Super profite de cette cigarette pour faire une petite pause et nous donner une petite leçon de théâtre. Il raconte alors une histoire qui lui est arrivée à Strasbourg, sort un paquet de cigarettes qui contient autre chose. Impossible de vous raconter la suite de cette leçon sans gâcher la surprise, alors chut ! Mais sachez qu’il faut être bien accroché et ne pas avoir peur des délires du comique.
Entre blagues potaches, parfois de mauvais goût selon certains, et imitations moyennes, on ne cesse de rire. A tel point qu’on en attrape mal aux zygomatiques ! Et lorsque Didier nous annonce la fin de son spectacle, le public l’acclame et en redemande. « C’est pour ça qu’il y a plein de spectacles de merde qui cartonnent » ironise-t-il, un sourire fier sur les lèvres.
L’artiste en profite pour nous expliquer pourquoi il fait des croix sur sa guitare : « C’est les gens qui partent avant la fin ! » Et chaque croix a son histoire. Après deux ans de tournée, on peut dire qu’il les a cumulées. Il tente d’ailleurs d’en faire d’autre ce soir : « Normalement là je fais une chanson sur les trisomiques que je m’abstiens de faire dans le Nord… (huées et rires de l'assistance) Ah bah, je respecte mon public ! » Un public qui d'ailleurs n'ose pas trop se frotter à l'artiste. Les seuls qui tentent une petite vanne se font vite remettre à leur place, toujours sous le signe de l'humour. Ce qui laisse place à des blancs contemplatifs où parfois un rire nous échappe.

Didier Super n’hésite pas à s’en prendre aussi à son ingé son et lumières, et les "connard ! " fusent de chaque côté. Mais bien sûr, c’est pour rire. Il réclame encore des clopes, espérant que le public lui en lance assez pour faire une pluie de cigarettes. Dans la salle parmi la quarantaine de personnes présente, seulement six clopes arriveront sur scène. Mais cela n’empêche pas le chanteur-comique d’entamer Alleluia Didier.

Ce titre est l’un des derniers que Didier Super compte nous jouer ce soir. Mais vu la ferveur du public, il revient pour un rappel. Cependant il avertit : « Je vais vous faire les chansons de la comédie musicale que je suis en train de monter. Bah c’est donnant/donnant : je fais un rappel mais je joue des trucs moins bien ! »
Peu importe, on rit toujours autant. Et on s’amuse à imaginer ce futur spectacle dans lequel le nordiste souhaite mettre une attaque « islamo-terroriste, et là ya une chanson et ça fait : Boum ! Quand ton corps fait boum !... » Même si ces chansons sont « moyennes », qu’il est un peu gauche et un peu gosse, Didier Super sait manier sa guitare. En tout cas, elle s’allie à merveille à son humour des plus particuliers. « La prochaine chanson est pour le fils d’Ingrid Bétancourt… Tu sais, ta mère, elle va mourir un jour quand même ». Une seule phrase suffit à ce fou pour se faire ovationner !

Alors qu’il repart satisfait, le public l’applaudit encore. Quand on va voir Didier Super, il ne faut pas avoir peur de se moquer (et souvent de soi-même) et peut-être laisser sa bonne conscience de côté. On est alors sûr de passer un bon moment, entre rire et hilarité. A condition d’avoir un trente-sixième degré !

Ne loupez pas les prochains passages de Dider Super dans la région, et notamment le 20 juin prochain à Merville.

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