Aujourd’hui27 événements

Dionysos + Lise à l’Aéronef

 Il est 1h du matin. Je rentre d’un concert incroyable, celui de Dionysos. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud, mais quelle tâche de retranscrire ici ce show monstrueusement énorme ! Difficile en effet de tout raconter, ce serait trop long. Un concert de Dionysos se vit – ou se raconte de vive voix, les yeux plein d’étoiles. Les mots ne suffiront pas à exprimer toute l’intensité qui s’y passe, toute la magie de l’instant, toute l’énergie que développe le groupe et surtout son leader Mathias Malzieu. Alors une "bande-annonce" du concert suffira à vous donner l’envie de les voir en live.

Mais avant d’entrer dans le monde des personnages fantastiques et des histoires d’amour, il y a la première partie. Ce soir, elle s’appelle Lise et elle est venue avec son piano et un petit oiseau posé dessus. Après un premier morceau plein d’envolées lyriques, la chanteuse se présente : « Bonsoir, je m’appelle Lise… non pas Lille ! Je suis contente de faire votre rencontre ». Ce petit bout de femme est un mélange de timidité, de fragilité, de délicatesse et de magie lorsque ses doigts se promènent sur le clavier. À titre de comparaison, on parlera de Björk physiquement et vocalement, mais aussi de Camille, de Lily Allen et d’un petit côté Anaïs pour les thèmes de certaines chansons.
Lise nous propose un duo : « Sortez vos clés et quand je vous fais signe, vous les secouez ». Dans la salle, les tintements de clochettes-clés qui rythment cette petite ballade frivole donnent le sourire. Le public écoute, attentif, du moins pour ceux qui ne racontaient pas leur journée à leur voisin... En plus de ses douces compositions, on retiendra de la pianiste sa reprise de P.I.M.P. de 50 Cent « qui redonne la pêche quand [elle est] un peu mollassonne » et She’s Made Of Death. Et alors que le piano continue de jouer, la belle Lise nous salue bien bas du haut de sa timidité sous les applaudissements chaleureux.

Clip de Lise - P.I.M.P. cover

La salle s’est remplie, des T-shirts Monsters In Love et La Mécanique Du Cœur ont fleuri un peu partout. Alors qu’on patiente sagement, des sifflements d’oiseaux sortent des enceintes, comme un signe annonciateur de l’arrivée du Bird'N’roll. Vers 21h15, les lumières s’éteignent et La Marche Impériale débute. C’est parti pour plus de deux heures de show intense, calibré comme du papier à musique mais qui laisse pourtant place à l’interaction avec le public.

Les Bird'N’rolleuses puis Babet entrent avec le groupe, suivi par leur leader coiffé de sa tête d’aigle mode ‘Tom Cloudman’. Bird'N’roll ouvre le bal des pogos et des slams à gogo tandis que Mathias s’offre directement son premier bain de foule. Le public, acquis, n’attendait que ça. D’ailleurs il suffit d’un geste au chanteur pour faire réagir la fosse ou pour qu’elle saute. À la fin de June Carter En Slim, les lumières s’allument et Mathias constate fièrement son triomphe, sous les cris et les applaudissements.
Tout le concert sera ainsi ponctué de moments euphoriques, d’admiration de part et d’autre et de communion. Avec de temps en temps une petite anecdote ou un petit mot pour enflammer le public : « Il est une tradition magique à Lille. Quel que soit le temps dehors, le gris, le froid, à l’intérieur c’est systématiquement l’endroit le plus chaud du monde. Va falloir nous montrer ça ! »

Plus d’une fois Mathias se jette dans la foule et la harangue, quasiment debout sur elle. Plus d’une fois il la fait taire, pour lancer le coucou installé sur sa poitrine (Le Jour le Plus Froid Du Monde) ou improviser une chorale (Miss Acacia) après avoir ironisé sur le fait que « quand on dit le mot "décéder", les gens ont envie rire ! » Les échanges avec les spectateurs sont teintés d’humour et de sourires. Qu’on le veuille un peu ou beaucoup, on se laisse emporter par toute cette effervescence, surtout dans les premiers rangs.
Pour extasier « le moment que le groupe attend le plus, spécialement à Lille », Mathias fait monter sur scène une quinzaine de personnes pendant Cloudman pour accompagner "Babetouchka" et Johanna Hilaire (qui a créé la danse du Bird'N’roll) avant de retourner l’Aéronef avec Song For Jedi. En souriant, il nous raconte ensuite l’invention de l’orgasmophone par Guillermo et Stéphano pendant la braderie de Lille (Can I). Après ce bordel de jouissances et de gémissements, le chanteur fait un petit aparté : « Notre premier concert à Lille, c’était en 97, en première partie de Louise Attaque. On voulait vous remercier parce qu’à chaque fois depuis, c’est un truc de malade ! » Puis après un moment d’intimisme avec Spidergirl Blues, le groupe s’éclipse un instant.

Le rappel qui n’en finit pas…

Et heureusement ! Alors que le public réclame Platini(s), Mathias introduit Dark Side : « Ok ! Et après on fait un rappel de Rudy Garcia aussi ? (rires) En attendant on a des choses à faire : une chorale de public. Alors vous allez répéter mes phrases, mais en beaucoup plus lillois ». Cette jolie mélodie n’aura pas calmé les esprits qui se défoulent dans un boxon de pogos et de slams avec Platini(s).

Dionysos se retire à nouveau avant un second rappel. Pendant qu’en coulisses on est parti trouver le maillot de foot étiqueté "Winnie" avec le numéro 10 pour l’ours Guillaume (basse), Mathias Malzieu prend le temps de présenter chaque membre de son groupe, y compris les Bird'N’rolleuses dont fait partie Lise. Une fois le maillot trouvé, le pauvre bassiste, qui devient tout rouge, est bien obligé de le mettre alors que le public acclame « Winnie ! Winnie ! », ce qui fait rire aux éclats le chanteur et sa team.
Et là, clou du spectacle : Wet. Stéphan débute avec sa guitare et… une perceuse. Le morceau est très énervé ; du coup Mathias décide de partir en slam dans tout l’Aéronef : après être arrivé jusqu’à la console de son, on le porte jusqu’aux escaliers, puis jusqu’au milieu de la mezzanine où on lui donne un mégaphone. Quelques paroles, un semblant de "je vais me lancer dans la fosse depuis la mezzanine" mais finalement il continue son slam infernal pour descendre par l’autre escalier et finir récupéré sur scène comme un bébé par Stéphan. De mémoire d’Aéronef, on n’avait jamais vu un truc aussi fou ! Le public exulte. La force de Dionysos, c’est son énergie live, sans aucun doute.

Alors que les enceintes balancent The Last Goodbye des Kills, la Bird'N’roll troupe vient se placer devant la scène pour saluer, sous les ovations du public en délire. À l’image de Babet, tout le monde a le sourire aux lèvres. L’instant est hors du temps, personne ne veut que ça s’arrête. Un dernier salut, un Au Revoir, le concert qui clôture presque la tournée s’achève. Mais Mathias prend son harmonica et entame a capella Surfin Frog. La salle, qui l’accompagne, est pendue à ses lèvres.
Après avoir encouragé une dernière fois la foule à crier et à applaudir, le charismatique chanteur quitte la scène sous une ovation, emportant avec lui tous ces personnages fantastiques. Le conte était agité mais cette nuit, nous, c’est avec des souvenirs extraordinaires que l’on s’endort.

Revenir aux Live report Concerts
A lire et à voir aussi
239 queries in 0,477 seconds.