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Dionysos + The Rodéo à l’Aéronef

30 ans. Voilà déjà trois décennies que la troupe délurée de Mathias Malzieu vient retourner les scènes de France et de Navarre avec un univers qu'elle seule sait si bien nous conter. Rendez-vous est donc pris avec Dionysos du côté de l'Aéronef pour souffler dignement ce beau paquet de bougies.

The Rodeo, un set tout en duo et tout en douceur

Mais avant de retrouver les Valentinois, accordons-nous un moment de Rodeo. Aucune référence country (pourtant furieusement d'actualité ces derniers temps) dans ce propos car il s'agit tout simplement du patronyme de l'artiste chargée de lancer les hostilités.

Derrière cet intrigant The Rodeo se cache en fait l'anagramme de Dorothée Hannequin, accompagnée pour l'occasion d'un pianiste pour un set tout en duo et tout en douceur. Fender en main et traversant les nappes frénétiques de son comparse du soir, la chanteuse nous plonge au cœur d'une pop hypnotisante durant la trentaine (décidément le chiffre du jour) de minutes lui étant accordées.

Celle qui n'aurait aucun mal à trouver un terrain d'entente avec les dernières compositions d'un Arman Méliès, multiplie les prouesses. Celle de nous faire aussi bien voguer sur son Titanic (qui n'est pas forcément celui que l'on croit) que refroidir notre ferveur avec Cryogénie. De quoi permettre au public de l'Aéro de planer un peu avant de rejoindre l'Olympe de Dionysos. Un set exigeant, mais peut-être pas le plus adéquat pour ce genre de barnum.

Dionysos, la fougue de la jeunesse éternelle

Le temps du traditionnel changement de plateau, que dès 21h pile les lumières s'estompent pour ne laisser apparaître que deux faisceaux lumineux tels deux phares dans la nuit. Dans une atmosphère vampirique, l'ombre s'avance pour faire apparaître Giant Jack (cousin éloigné du Marvel Groot ?) qui accompagne Mathias Malzieu dans le dos de son fauteuil roulant. Car c'est bien en configuration assise que le sautillant frontman doit adapter son tour de chant, la faute à une mauvaise réception lors du tout premier show de la tournée.

Fort heureusement cette plus délicate mobilité ne l'empêche pas d'haranguer la foule dès les premiers titres et notamment la célèbre Coccinelle qui nous ramène tout droit aux prémices du groupe. Le combo est visiblement ravi de se produire à nouveau en terre lilloise, Mathias en profitant pour rappeler l'accueil plus que chaleureux reçu ici lors d'une première partie de Louise Attaque à la fin des années 90. C'est la fougue de cette jeunesse éternelle que Dionysos ne cessera d'invoquer durant les 2h de show auxquelles nous aurons la chance d'assister. Et autant dire que ça va décoiffer !

Après un punchy Don Diego 2000 qui lui non plus n'a pas pris une ride, La Métamorphose de Mister Chat chauffe encore un peu plus l'audience avec son fameux "Ta gue*le le chat" repris à l'unisson. Le public de l'Aéronef, parlons-en un instant : ce dernier jamais avare d'énergie sera littéralement déchaîné ce soir, à l'image de ce running gag consistant à acclamer Luc le roadie (intervenant ponctuellement pour amener les instruments à Mathias) avec un râle digne des steppes mongoles.

Dionysos, entre vrais moments rock et petites histoires aux accents burtoniens

C'est le moment que choisit le groupe pour apporter un instant de légèreté avec le tryptique Vampire en pyjama, Neige et surtout Tokyo Montana, véritable bonbon où l'audience lilloise se transforme en une parfaite chorale dans ce mini-set acoustique. Le moment clé du spectacle.

Dionysos alterne ensuite entre vrais moments rock et petites histoires aux accents burtoniens tels Poudlard de rien ou Une sirène à Paris permettant à Babet d'exposer la pureté de sa voix, toujours aussi cristalline 30 années plus tard.

Aussi rouge de plaisir que son costume, le leader profite de l'ode à John McEnroe pour rouler dans tous les sens, bien accompagné par l'énergie de Miky Biky et Stéphano respectivement à la guitare et à la basse. Mathias invite même à imaginer un petit fantôme le représentant en train de slamer, faire le tour de la salle et revenir sur scène, comme un peu de folie supplémentaire par procuration.

Un joyeux bordel dans le plus pur esprit rock'n'roll

Pas le temps de souffler que vient déjà l'heure des rappels. Après un détour du côté du Jour le plus froid du monde et encore un peu de poésie babétienne avec Flamme à lunettes, le groupe envoie ses dernières forces dans la bataille via un Song for Jedi aussi puissant qu'à l'origine. Rico se déchaîne sur sa batterie, le duo guitariste se transforme en Clash à la française, Babet se donne également sans compter et le frontman hurle dans un téléphone saturé tel un mégaphone. Ajoutez à cela le slam épique d'un lillois adoubé par le sieur Malzieu pour assurer l'intérim et vous obtenez tous les ingrédients d'un joyeux bordel dans le plus pur esprit rock'n'roll.

Le set se conclut par une sorte de medley de titres joués ce soir, agrémenté de notes de Nirvana ou des Beatles avant de reprendre un dernier refrain du hit de Dionysos dans une ambiance des plus survoltées. On se frise les moustaches autant que les bacchantes du chanteur tant ce show nous aura montré que le Rock ne meurt décidément jamais et que les contes narrés par ces cinq-là peuvent sans problème traverser les époques.

C'est ce type de spectacle dont on ne peut qu'inviter les curieux à aller vivre l'expérience car ils n'en ressortiront pas indemnes. Alors, chers amis, vous savez ce qu'il vous reste à faire !

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