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Doctor Flake à la Péniche

Disciple patenté des Massive Attack, Shadow, Krush et autres Signify, Doctor Flake, Jean-Marie Léger de son vrai nom, fait partie de ces artistes restés fidèles aux racines du trip-hop, nous charmant dans les années 90, mais aujourd’hui quelque peu suranné. Disséquant, assemblant, arrangeant des textures musicales pour en obtenir de nouvelles, ce « chirurgicien » a réussi à se libérer de ce genre extrêmement codifié, mêlant saturation et éclaircies mélodiques, boites à rythmes chiadées et chœurs habités. Son dernier album, Acchordance, structuré autour de la guitare, semble s’affranchir encore davantage de ces contingences de style pour nous révéler une facette plus solaire, plus fluide à laquelle nous n’étions pas habitués. Ce concert ne pouvait donc que nous surprendre.

20h40, les lumières s’éteignent sur une Péniche presque pleine (sensée avoir atteint sa capacité d’accueil maximale) qui a l'habitude d'accueillir cet artiste déjà venu en 2011 et 2010. Les spectateurs mettent fin à leurs conversations et Doctor Flake entre en piste sur un morceau rockifié, plus chaud, créant ainsi la surprise que l’on était en droit d’attendre après dix ans de carrière. Puis il s’adresse au public, lançant un sample par mégarde. L’erreur est tout de suite pardonnée quand Leitmotiv, morceau introductif du nouvel album est lancé. Avec un sampling ultra réfléchi, une atmosphère toujours plus cinématographique, le producteur savoyard nous démontre une nouvelle fois qu’il possède une véritable signature sonore. Sur scène, sa gestuelle est à l’image de sa musique ; poétique, pudique mais jamais statique.

Miscellaneous son acolyte fait ensuite son entrée avec un flow toujours aussi impeccable et une gestuelle maitrisée, nous offrant un beau spectacle tout particulièrement lorsque les premières notes d’Addiction issu de l’album précédent Flake up résonnent. Puis Doctor Flake reprend les commandes, nous régalant d’un vieux titre, A last dance with Léon suivi de Swell Line. Les ambiances presque organiques qu’il crée sont terriblement fascinantes, invitant les spectateurs à donner libre cours à leur inspiration. Deux d’entre eux l’on pris au mot, enregistrant avec un téléphone leurs voix sur une chanson en hommage aux Beastie Boys !

Les titres continuent de s’enchaîner harmonieusement, peut-être trop d’ailleurs. Seules ses brèves interventions nous permettent de distinguer les morceaux pour les plus néophytes d’entre nous. Miscellaneous vient nous réveiller à nouveau avec des anciens titres Hip Hop Tourist et Followers. Il reviendra une nouvelle fois en rappel sur le très bon Rock on, issu du nouvel album. Le concert s’achève sur une nouvelle erreur technique cette fois-ci voulue en référence à Edith Piaf qui parfois faisait volontairement des erreurs pour se faire applaudir davantage !

Finalement, ce concert fut cohérent, trop cohérent, rêveur mais sans surprise. Son dernier album nous faisait pourtant une promesse, celle d’un Trip-hop renouvelé ou acoustique fait corps avec downtempo, ou l’ultra-abstraction rencontre une certaine pureté musicale réconciliant nostalgie sonore et romantisme solaire. En définitive, on a eu droit à un concert best of, maitrisé mais aseptisé, imagé mais sans grande nouveauté, intense mais qui essouffle après dix ans. Un concert en demi-teinte finalement à l’image de sa musique.

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