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Eglise Saint John Coltrane

Mes biens chers frères, mes bien chères soeurs, reprenons John Coltrane tous en coeur!

John Coltrane (1926-1967) est un saxophoniste et compositeur de jazz américain. Un de ces virtuoses venu bouleverser en son temps l'histoire du jazz. Il y a 40 ans que Coltrane nous quittait et il y a deux semaines sa pianniste de femme, Alice McLeold partait le rejoindre. Ils ont mis jour à eux deux, à un patrimoine musical richissime, teinté de leur quête musicale et spirituelle particulière.
Aujourd'hui, 15 musiciens et chanteurs, la plupart révérands de la congrégation religieuse de la Saint John Will-I-Am Coltrane African Orthodox Church (San Francisco), sillonnent le globe portés par la musique de John Coltrane dont ils prêchent la bonne parole. Samedi dernier, l'Aéronef accueillait ce groupe unique en son genre, en partenariat avec le festival de jazz Sons d'Hiver.

There was a man sent from God whose name was John
Selon certains mythes anciens, la musique aurait une origine divine. En 1965, Franzo Wayn King, archevèque saxophoniste, a réactualisé ces vieux mythes. Il fût frappé par le caractère divin de la musique de Coltrane durant un de ces concerts. A cette époque, le saxophoniste, John Coltrane, défrichait de nouvelles voies musicales jazzistiques avec son album « A Love Suprem » et s'inscrivait ainsi dans une sorte d'éternité. Un chef d'oeuvre qui fait suite au coups de maîtres que sont « Olé », « Africa Brass », « India » ou encore « My favorite things » et qui explorent les folklores d'Europe, d'Afrique et d'Orient. Coltrane avoue à l'époque de « A Love Suprem » avoir retrouvé la foi de son enfance et vouloir rendre les autres heureux à travers la musique. C'est aussi l'époque des premiers mouvements de droits civiques en faveur de la communauté noire américaine.
La musique de Coltrane est entendue comme une sorte d'appel desespéré à la quiétude et à la réconciliation de soi avec soi. En 1971, quatre ans après la disparition de « J.C », F.W.King fonde l'Eglise Saint John Coltrane. Depuis, ses prêtres officient, saxophone en main, pour célébrer la force spirituelle et universelle de la musique de Coltrane, en réinterprétant le répertoire de la « renaissance » coltrainienne.

A Love Affair
Les spectateurs échoués ce soir là par hasard ricanent depuis leurs prie-dieu modernes que sont les gradins de la salle. Le public de l'Aéronef a eu le privilège surprenant d'assister à un office religieux orthodoxe... Un show à l'américaine. Encens, révérands en « costumes » de scène, signe de croix, autel, omélie de l'archevèque et icônes à l'effigie de Coltrane. Une partie minime du public a quitté, au compte goutte, la célébration. Les autres ont assisté à un cérémonial de presque 2 heures avec ses longueurs et ses moments de bonhneur.
Un piano, 2 basses, une batterie, des percussions, 4 saxo et 6 chanteurs ont donné vie aux portées des morceaux de leur saint patron: « Spiritual », « Attaining », « Acknowledgement », « Tunji »... et bien sûr « A love Supreme ». Régulièrement, certains ou tous, reprenaient des paroles de J.C. On a ainsi pu entendre des choses qui prêtent à réflexion,du genre:

« My music is the spiritual expression of what I-Am, my faith, my knowledge, my being »
« when there's something we think could be better we must make an effort to try and make it better. So it is the same socially, musically, politically and in any department in our lives »
« May there be peace and love and perfection troughout all creation, O God »

Puis il y a eu les solos de quelques un des chanteurs. Comme « Everytime we say goodbye » et de « My one and only love », sussurés par une diva en paillettes à la foi...communicante!
Malgrès les applaudissement, pas de rappel après « My Favorite Things » qui venait clore.. une messe.

Coltrane, nouveau veau d'or?
Cette soirée à surement laissé une drôle d'impression dans les esprits de certains. Eblouissante et bancale.... le coeur balance entre « prêcherie » et supercherie. Musicalement on ne peux rien reprocher à ces passionnés de John Coltrane. La messe est parfaitement orchestrée et ses acteurs talentueux. Mais il y a un fossé qui sépare l'émetteur afro-américain-orthodoxe du récepteur français, désenchanté et sur ses réserves.
L'église joue un rôle important dans l'histoire socio-musicale des Noirs américains. Elle est le berceau de la musique afro-américaine, le lieu où l'expression du métissage est devenu posible. Il est certain que de près ou de loin, toute musique a rapport avec la spiritualité, et pas seulement la musique religieuse, même si celle-ci a une tendance plus marquée à prédisposer les mélomanes à une quête personnelle. Cependant, quand la musique religieuse cultive la foi et la passion, faut-il mettre un bémol à son emprise sur les âmes? Comment recevoir et comprendre une telle cérémonie dans une salle comme l'Aéronef? Comment et pourquoi une Eglise, représentante d'un courant de pensée religieuse particulière, a-t-elle récupéré la figure d'un musicien de jazz tel que John Coltrane?

Goude bailles, mes minets pointus.

 

A noter, A Love Suprem, adaptation théâtrale pour un comédien et trois musiciens de Luc Clémentin d’après une nouvelle d’Emmanuel Dongala, sur une musique de John Coltrane. Du 15 au 17 mars à la maison folie de Wazemmes.

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