La Péniche semble bien isolée en ce moment entourée d’un champ de glace. Et pourtant à l’intérieur, l’atmosphère est chaleureuse comme à chaque fois que l’on se rend dans cette salle de concert atypique. Si l’on aperçoit peu de monde en ce début de soirée, plus le temps passe et plus le public afflue pour se masser peu à peu devant la reine de la soirée : la scène. Cela fait immédiatement penser à une ruche bourdonnante venue acclamer ceux qui se présentent devant elle. Ils seront deux ce soir : tout d’abord le duo Lillois d’Ed Wood Jr (que l'on a déjà pu voir en ces lieux en novembre dernier), puis les strasbourgeois d’Electric Electric.
Le premier set commence avec quasiment trois quarts d’heure de retard, mais il suffira de quelques accords bien sonnés par les deux membres d’Ed Wood Jr pour oublier ce petit "contretemps" pas si fâcheux que ça finalement. Peut être faut-il avant toutes choses présenter les deux compères. Originaires de Lille, Olivier et Thibaut ont formé Ed Wood Jr au début de l’année 2008 et ont sorti dans la foulée leur premier EP, intitulé sobrement Ed Wood Jr. Enchaînant les concerts, ils nous ont ensuite gratifiés de leur premier album Ruban de Möbius, puis de Feats et enfin du petit dernier, né dans l’année 2011, intitulé Silence. Les Ed Wood Jr sont estampillés du terme "groupe math rock". Nous lui préférerons celui ô combien générique mais au bord du ravin de "Rock".
Certes, on rencontre souvent des rythmes asymétriques dans leurs morceaux mais les qualifier de groupe "math rock" serait une affirmation bien trop étriquée. Car Ed Wood Jr est unique !
L'équation d’Ed Wood Jr est simple : une batterie, un synthé, une guitare, une voix surnageant par instant les rythmes. Et cela se révèle très efficace. Doté d’un style à part entière, ils balancent pendant leur set une énergie pure, à coup de sons sourds, de ceux qui résonnent au creux de la poitrine et font naître un sourire persistant au coin des lèvres. Le tout allié de rythmiques envoûtantes. Les morceaux de Silence prennent une tournure électro qu’on ne voyait pas précédemment mais qui ajoute une autre dimension à leur musique. Il est juste dommage que ce soir, le public se soit montré un peu frileux, ne se mouvant que vers la fin du set.
Après une petite pause, le trio d’Electric Electric se présente sur la scène. Après plusieurs EP ils sortent en 2008 leur premier album (le 2ème est sur la bonne voie visiblement…), appelé Sad Cities Handclappers. Quelques réglages de dernière minutes et BAM ! une grande claque dans la tête. Pour ceux qui seraient venus à La Péniche dans l’espoir de découvrir de nouveaux visages et de nouveaux sons, ils ne seront pas déçus du voyage ! Passe un petit moment de stupeur face à ce déferlement de bruits : on observe, on a les oreilles grandes ouvertes. Et on se laisse prendre au jeu car les membres d’Electric Electric ne semblent avoir qu’un objectif : nous faire bouger… Plus exactement nous faire danser à perdre la tête, comme s'il n’y avait plus de sang dans notre organisme mais une quelconque substance destinée à nous faire planer. Et le résultat est bien là ! Le quidam jusqu’alors un peu mou se meut aux sons de la guitare, du clavier et de la batterie.
Le public exulte, en demande encore et est exaucé pour un petit rappel… Avec un morceau qu'ils n'ont pas joué depuis longtemps : cafouillis, rires sur scène et dans le public. Et pourtant il prend des airs de grand final une fois les bons riffs en place.
On sort de cette soirée pantelant, suant, mais très heureux !
Ed Wood Jr et Electric Electric sont à écouter, réécouter dans les bons comme les mauvais moments…
