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Elephanz + Pale Grey au Grand Mix

Ma grand-mère disait toujours : « Si tu te sens souffrant, reste chez toi, repose-toi et bois un bon grogue. C’est le meilleur des remèdes ». Ma grand-mère avait souvent raison. Mais depuis, j’ai développé mes propres remèdes. Et en l’occurrence, celui de la musique. N’importe quel médecin vous dirait que la chaleur moite d’une salle de concert après une journée pluvieuse d’automne est un véritable nid à microbes et autres bactéries en prolifération. Pourtant ce soir, malgré une santé en béquilles, je m’engouffre dans le Grand Mix pour aller voir Elephanz en consultation.

Je suis d’abord reçu par Pale Grey, groupe venu de Liège (Belgique) pour défendre son premier album intitulé Best Friends. Le quatuor a commencé par faire du post-rock instrumental avant de prendre aujourd’hui un chemin plus pop-rock indé et avec du texte surtout. Le résultat est plutôt convaincant : on se laisse envahir par les ritournelles et les boucles qui montent, qui excitent. Comme sur Bottle puis Homeland, où tout le groupe – et surtout Benoît, son batteur – se met à dandiner au fur et à mesure que l’intensité grimpe. Les premiers symptômes s’amenuisent.

Les parties instrumentales sont ascensionnelles et invitent les corps à onduler. Ou à faire des balades en vélo, comme le propose Gilles (chant, basse) pour Seaside. Les quatre garçons ont un réel plaisir à jouer sur scène, c’est évident. Et la gestuelle corporelle de Benoît est vraiment obnubilante : sa rythmique emporte aussi la tête, qui martèle d’avant en arrière comme si elle était un n-ième fût de la batterie. Mais on arrive déjà en fin de set, après que les Pale Grey nous aient parlé d’une Orange. « C’est déjà notre dernière chanson. Vous êtes très nombreux : merci, c’est un vrai plaisir » avoue Gilles. Il est vrai que même si le Grand Mix n’est pas plein ce soir, la foule a été très réceptive à cette première partie et ça fait plaisir à voir. Les Liégeois achèvent leur concert avec Shame en a capella. Beau moment.

J’ai retrouvé des forces et non, ce n’est pas grâce au houblon bande de mauvaises langues... C’est bien grâce aux sourires des Pale Grey. J’attends donc maintenant de pouvoir me défouler sur les gimmicks endiablés d’Elephanz. Un bon médicament a priori, adoubé par les laboratoires de la presse musicale spécialisée.

Dès leur arrivée sur scène avec Dust Or Delight, le public se masse entre les crash barrières et la console son. Assez vite, les anticorps attaquent et ça explose de partout. Peu importe la fatigue, la lassitude, l’état un peu vaseux, le mec ou la nana qui vous a largué(e)... ce soir vous n’avez qu’une envie : imiter le bassiste qui a de l’énergie à revendre et qui sautille partout. « Je ne vous connais pas, mais est-ce que vous voulez danser avec moi ? » demande Maxime (chant, clavier) avant de s’emparer du tambourin pour Curfew. Le public se prend au jeu, même si Maxime ne se prive pas de vanner les mecs à la fin du morceau : « Fallait le dire que vous ne saviez pas danser les gars ! ». Les courbatures ont disparu et tant mieux. On peut donc s’en aller faire des châteaux de sable (Castle In The Sand) avant d’aider Elephanz à brancher la Stereo pour enflammer le Grand Mix.

Il arrive cependant qu’on s’ennuie sur certains morceaux, qui nous avaient d’ailleurs peu convaincus sur l’album, comme Too Late ou No Pain. Mais ces quelques baisses de régime qui réveillent les douleurs sont vite oubliées dès que la machine à danser est relancée. « On approche de la fin, alors on s’applaudit. Allez, on s’applaudit tous, parce qu’il faut que vous soyez à fond sur le prochain morceau : You Dare ! » Alors oui, on ose. On ose puiser dans ses ressources l’énergie qu’il faut pour se débarrasser du feu que nous met Elephanz au corps. A l’instar de Thibaud et Clément (basse/trompette et batterie) qui offrent un jeu de scène épique à quatre mains sur la batterie. Puis Jonathan (chant, guitare) lâche son instrument et s’empare du micro pour déclamer son texte à Elizabeth avant le rappel.

En revenant sur scène, la foule est en liesse. « Vous savez ce qu’on s’est dit là ? On adore ce concert et ça n’est pas démagogique de dire ça, vous êtes vraiment supers ! Ça doit être le syndrome Tourcoing » (rires) – j’apprendrais après qu’ils avaient déjà dit ceci à peu près mot pour mot lors de leur passage à La Péniche en avril dernier… on parlera donc plutôt de « syndrome du Nord ». Le groupe entame Je N’Ai Jamais, seul morceau en français dans le texte avant que LE tube Time For A Change ne remette sur pieds les derniers patients en convalescence. C’est un autre syndrome qui fait alors son apparition malheureusement : celui du portable qu’on sort pour immortaliser le morceau que tout le monde connaît, au lieu de simplement profiter de l’instant présent. Mais bon, on ne refera pas le monde et on ne guérit pas du jour au lendemain…

Elephanz quitte à nouveau la scène et les lumières se rallument, mais la contre-offensive n’est pas tout à fait finie. Le groupe revient en mode acoustique et s’installe parmi les spectateurs pour un ultime titre, Walk On My Dreams. Toute la foule est concentrée autour des nantais au milieu de la fosse et les accompagne en claquant des doigts. Elephanz s’amuse avec les chœurs chantés par le public, fait des canons, imite l’accent du Nord pour faire rire. Quand ce moment magique s’achève, le groupe a droit à une standing ovation – même si tout le monde était déjà debout ! Je repars avec un petit sourire aux lèvres et légèrement épuisé : ma grand-mère n’avait peut-être pas tout à fait tort finalement, mais c’était quand même bien plus fun d’être au Grand Mix ce soir que terré au fond de son lit.

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