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Emilie Simon à l’Aéronef

« ...and I hope you’re satisfied… » *

Bah, en fait, pas trop Emilie.
Mais, partout, tu trouveras des déclarations d’amour exacerbées. Ici, une impératrice. Là, un elfe à la beauté foudroyante. Car, oui, tu es belle. Oui, tu as une présence indéniable. Mais tout ceci n’est qu’apparat. Et l’on ne construit pas un spectacle autour d’un joli minois. Qu’est-ce donc que ce concert où tu inondes la salle de ton charisme sans pour autant m’accrocher ?
Paco Volume assure une première partie tout en finesse, enchaînant les blagues potaches avec un certain succès. Un univers éloigné du tien, mais qui a le mérite de séduire une salle bien remplie. Tu t’avances alors timidement sur la scène, de gros samples font monter la pression. Tu t’installes derrière claviers et machines… et tu n’en bougeras plus. Zut.

La musique reste. Aérienne, chaude. Elle tranche malheureusement avec une prestation froide, trop en retenue. Un bassiste, un batteur trop peu dans la lumière et vampirisés par ta toute puissance, font le job. Difficile d’exister près de ce petit bout de femme. De fait, tout converge vers toi, ton maquillage sibyllin, ta tenue charmeuse rehaussée d’une coiffure d’un autre temps. J’attendais que tu viennes me chercher, telle une fée. C’est raté.
Plantée derrière un effroyable bardas technique, tu te perds dans l’exploration de compositions alambiquées, et pourtant si chatoyantes. Bien trop occupée à restituer à la note, les éclats de The Big Machine, tu en oublies parfois le public. Où est passée la jeune fille dansante d’une précieuse boîte à musique? Flowers, si troublante et sexy, n’existe que si l’on se donne le mal de t’imaginer devant tes fichues machines. N’aie pas peur de partager ton œuvre avec davantage de musiciens. L’ambiance n’en serait que plus cotonneuse.
La peur de perdre tes magnifiques bébés ? Enfermée dans ce box, tu es virtuose, mais si loin. Irradiée par un jeu de lumière d’orfèvre et un son d’exception, tu sembles même irréelle. Une image mouvante, floue.
Reste la musique donc. Touchante, et audacieuse. Opium et Desert font encore mouche. La petite Fleur De Saison reste belle, très belle. Mais on sombre bien vite, comme aux premières lueurs d’Octobre devant une prestation décharnée. Il me parait bien loin le temps où tu m’enchantais, tournoyant, les yeux plein d’étoiles. Reviens-moi vite.

Noesis, en tout bien tout honneur

* Song Of The Storm.
 

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