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Festival RADAR au Grand Mix – Jour 1 – The Acorn, Elysian Fields, Jeremy Jay, Bell Orchestre, múm

Détecter, repérer, faire découvrir le meilleur des artistes émergeants et des musiques indépendantes, tel est le pari du Radar festival ! Au programme donc, mélanges improbables et expérimentations. Le festival a déjà débuté quand nous arrivons au Grand Mix puisque plusieurs concerts ont eu lieu en appartement, dans les crèches et au CH Dron, entre le 8 et le 10 septembre. Dans l'après-midi, Florent Marchet s'est d'ailleurs produit à la Maison Folie de Tourcoing (aka l'Hospice d'Havré pour les non-intimes). Le Grand Mix, lui, s'est scindé en deux espaces. La salle habituelle s'est en effet dotée d'une extension en forme de chapiteau, baptisé "L'Etoile Rouge". Il abrite deux concerts par soir et à côté se trouve un espace de restauration coloré et très décoré où tout un chacun peut goûter des spécialités slovènes en sirotant une bière belge. Oui, le festival est international jusque dans les moindres détails.

Nous filons donc à l'Etoile Rouge pour The Acorn. Les Canadiens viennent pour la première fois en France et sont déçus de ne pouvoir rester plus : ils sont contents d'être là et ça se sent. Ils présentent Glory Hop Mountain, sortis en 2008, et surtout un folk mélodique, parsemé de yukulélé à l'occasion, largement empreint de l'influence des Fleet Foxes. Côté textes, après un moment de découverte visuelle, nous nous surprenons à rentrer dans leur univers délicat et mélancolique sans réserve, suivant la poésie de Hold Your Breath ou Crooked Legs.

On aimerait discuter un peu plus avec nos voisins mais le concert suivant commence déjà dans la grande salle. Et quel concert ! Certes les Elysian Fields ne sont pas des inconnus (ils existent depuis près de quinze ans) mais on ne sait pas forcément à quoi s'attendre. Un frêle bonsoir d'une Jennifer Charles menue et d'allure fatiguée, moulée dans une robe sombre. Oren Bloedow commence au piano, et la voix se lance, doucement. Ici, pas de pop, pas de guitare électrique et certains préfèrent les abords du bar de l'Etoile Rouge pour attendre le concert suivant. Dans le Grand Mix, l'instant est tout simplement magique, les frissons prennent le dessus. Le minimalisme du concept laisse une grande place à la voix. On n'est pas loin des larmes quand Jennifer entame Someone. Le piano fait place à la guitare pour quelques morceaux et malgré un petit problème technique lié aux micros (dommage, car les passages en duo voix sont splendides), le concert des New Yorkais sera enchanteur. Une grande place est réservée dans la setlist à The Afterlife (Drown These Days, Climbing My Dark Hair), avec des touches du passé (l'extraordinaire Lions In The Storm, pas loin d'une PJ Harvey dont le garage virerait jazz enfumé, nous rappelle la magnificence de Bum Raps and Love Taps). Troublante et envoûtante, la Shirley Manson de l'art rock fait alterner rage contenue, équilibre et fragilité à la limite du basculement. On la connaissait plus femme fatale, entourée de batterie, de claviers, on la découvre encore plus subtile, sensuelle et classe. Plus lascif, mélancolique et licencieux, tu meurs. Entre désir et larmes. Définitivement le grand coup de coeur de la soirée.

Dans l'Etoile Rouge, beaucoup de monde se presse pour voir un grand blond américain à l'allure d'un dandy, Jeremy Jay. On attend de voir, on ne peut pas tomber amoureux deux fois à si peu d'intervalle. D'ailleurs, on retournerait même bien dans la douceur sulfureuse du cocon précédent, en étant étourdi par le son. On se demande même comment une pop si sautillante et minimaliste peut être jouée aussi fort. On dépasse ce "menu" problème de son, qui deviendra de toute façon récurrent dans l'Etoile. Jeremy Jay est un malin. Derrière une allure nonchalante et un accent californien, il possède une classe anglaise et à défaut d'être entièrement convaincant, ne lasse pas immédiatement. Ses chansons sont dansantes et agréables... en tout cas en fond sonore. Le côté "Belle and Sebastian" de l'ensemble ne donne pas particulièrement envie de se plonger plus loin dans le texte. Quelques perles mais rien à faire, on aime la twee pop ou on ne l'aime pas.

Fuite durant les derniers morceaux à côté, donc, où un certain nombre d'instruments est étalé. Le Bell Orchestre consiste en six Canadiens distillant une musique instrumentale que beaucoup rapprochent d'Arcade Fire, parallèle dû majoritairement au fait que deux membres (et demi) du combo en font partie. Néanmoins si Bell Orchestre partage avec ses voisins une touche post-rock et baroque, leur musique se fait plus expérimentale. Expérimental, mais en aucun cas lent et pénible. Le Bell Orchestre fait preuve d'une fougue et d'un enthousiasme débordant. Les cordes enlacent les cuivres et se mêlent aux percussions et samples électroniques dans une danse mutante. Peut-être est-ce la grande présence scénique des musiciens - la violoniste Sarah Neufeld au centre -, peu évidente avec ce type de formation ou le public est-il hypnotisé par les morceaux magistralement interprétés, d'une richesse exceptionnelle. Toujours est-il qu'il adhère complètement et aura même plus de mal à laisser sa place à mùm.

Le groupe islandais (dont le nom se prononce "moom") conquiert cependant le Grand Mix, peut-être un peu surpris par le changement de cap pop, qui n'est pas sans rappeler leurs cousins Sigur Rós, également Islandais. Les deux chanteuses et musiciennes occupent l'espace avec grâce, lutines aux voix puissantes. Petite déception, comme pour leur formation cousine : on regrette les temps de l'electro glitch, et le virement pris avec Sing Along to Songs You Don't Know n'est pas forcément du meilleur effet.

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