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Fink + Douglas Dare au Grand Mix

Spectrale, subtile et solitaire, la musique de Douglas Dare, saluée partout, n’a rien d’un ersatz de James Blake, dont on rapproche vite tout ce qui se fait dans le registre du low tempo crépusculaire. On pense parfois, en regardant la pochette, à ses nouvelles de Maupassant évoquant l’abandon au bord des rivages, Les Épaves, par exemple. Au moment où l’ennui pourrait poindre, Douglas Dare relance de fréquences plus appuyées et de cascades arpégées plus audacieuses. Ce soir, il a la lourde tâche de rendre tout cela vivant, incarné et de le faire en trente minutes. Ce ne serait pas juste de dire qu'il ne met pas toute son âme à défendre ses compositions fines, savamment agencées, il fait preuve de beaucoup de toucher, effleure ou caresse les touches de son piano Roland. Le public écoute très attentivement, au point que Douglas lâche un "Thanx for being so quiet" tout en demi-teintes, pince sans rire et so british. Avouons que pour être spatial et aérien c'est aussi un peu solennel et qu'il faut être d'humeur, celles de l'aube ou du crépuscule. Le support rythmique de son complice Fabian Prynn est pourtant très dynamique. Jeune homme plein de talent, sans aucun doute, il faut peut être oublier un peu les réflexes d'une éducation classique même si l'influence occasionnelle de Keith Jarrett se fait entendre.  A revoir, vraiment, quand toutes les transitions entre le disque et la scène seront complètement abouties.

Comme si la demi-heure n'avait pas suffi, on entend de nouveau Douglas Dare mais... dans la sono du Grand Mix. Étrange intermède.

Fink est en train de tout ramasser depuis son premier passage ici en 2009, que Clément CTN avait parfaitement raconté. Le Grand Mix est une nouvelle fois au bord du sold out. On reste en terrain connu après la performance de Douglas Dare quant au tempo mais les différences sont nombreuses. C’est nettement peu plus soul, touché par des accents bluesy ça et là ou plus folk. On décline de subtiles guitares acoustiques qui semblent toutes porter des noms étranges, de la marque au surnom (Dad, Festy, Godin, Brady, Orwell!). Un peu plus d'appui également sur toute la partie rythmique avec la célèbre basse six cordes de Guy Whittaker. C'est organique, chaud et vivant. Pour autant, Fink joue le coup de manière extrêmement relax, hyper cool, détendu, et cela nuit un peu à la progression de l'immersion dans le concert : entre deux accordages qui durent trois minutes pour des morceaux de six, ça fait un peu long. La musique est pourtant excellente, c'est aussi fin que dosé, dans l'électricité assurée par un second guitariste, que dans l’acoustique. C'est très délié et le batteur, Tim Thornton, à gauche de la scène derrière son kit aux couleurs du dernier album, semble d'une impeccable complicité avec Fin Greenall. Ils finiront bras dessous bras.

Fink Se

C'est Sort of revolution, issu de l'album de 2009, qui lance vraiment le concert. La mécanique est en route, on se promène dans les dentelles folk de la discographie du groupe puisque cinq titres du dernier album sont joués au milieu d'un set qui fait la part belle à l'ensemble. Pour autant, les coupures dans le rythme déconcentrent un peu, parfois, malgré les variations dans la formation, duo, quartet, deux guitares, voire trois, l'arrangement "fresh and acoustic" de l'un des titres. Rien à faire, on ne se la joue pas, on propose tranquillement sa musique. C'est toujours aussi agréable. On pourrait croire que le groupe ne trouve pas son rythme mais c'est une manière d'être authentique et non calculée, on joue comme ça, c'est tout. On s'amuse même des chansons qu'on répète encore et qu'on essaie de jouer correctement. Au final, se dégage une belle impression de force très tranquille même s'il se passe peu de choses sur scène. On laisse le soleil se coucher définitivement sur un Berlin Sunrise qui clôt ce concert totalement apaisé. Les musiciens se congratulent chaleureusement. Hard Believer(s). 

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