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Fleet Foxes + November Polaroid à L’Aéronef

November Polaroid. Comme un cliché un peu triste d’une journée automnale. Une journée grise, froide et pluvieuse. Un nom qui sied très bien au duo féminin, originaire de Lille, qui a l’honneur d’ouvrir pour les Fleet Foxes et que l’on sent forcément très intimidé. Un set dépouillé, économe avec deux voix en harmonie superposées à des guitares qui s’entremêlent. Auxquelles s’ajoute sporadiquement la rythmique d’une grosse caisse jouée au pied intervenant tel un coup de tonnerre dans un ciel lointain. Les deux jeunes femmes égrènent un Folk vaporeux et atmosphérique, empli de spleen et d’amertume. Derrière des chansons souffreteuses aux mélodies fragiles, on devine une sensibilité à fleur de peau. Le chant n’est pas sans rappeler celui de Margo Timmins des Cowboy Junkies. Le public semble conquis, dresse attentivement l’oreille.

Malheureusement, le duo n'évite pas certains écueils. Particulièrement celui de la monotonie. Le Folk minimaliste est un genre hautement périlleux. A trop en entendre, souvent on s’en détache. L’intérêt s’essouffle pour laisser place à un ennui poli. S’il veut atteindre les coeurs d’un plus grand nombre à l’avenir et convaincre sur la longueur, November Polaroid devra veiller à diversifier les tonalités de ses compositions. La délicatesse de la Folk n’est en effet pas sans efforts.

Des albums trop parfaits peuvent-ils nuire aux prestations live d’un groupe ? Cette question un peu incongrue, on aurait aimé ne pas se la poser. Pourtant, elle ne cesse, à contre-coeur, de nous tarauder l’esprit lors du concert décevant des Fleet Foxes. Car il faut bien l’admettre, on a beau s’échiner à chercher la porte d’entrée, la moindre fenêtre quelque peu entrebâillée ou le plus minuscule des interstices, impossible d’entrer dans le concert de Robin Pecknold et de ses acolytes.

Le répertoire est magnifique, certes. Mais il tranche avec une prestation froide, scolaire, trop en retenue, presque désincarnée. Bien trop occupés à restituer à la note les éclats de leurs trois albums, les natifs de Seattle semblent oublier leur public. Voire s’ignorer eux-mêmes. Chacun donnant l’impression de jouer dans son coin. On ne sent, sur scène, aucune alchimie entre les musiciens. Le hiatus de 6 ans qui sépare ‘Helplessness Blues’ et ‘Crack Up’, ainsi que le départ de John Father Misty, autrefois batteur au sein du groupe, aurait-il laissé des traces ? Irrémédiablement rivés au sol et d’un statisme mortuaire, manquant cruellement de charisme, ne communiquant que très rarement avec leur auditoire, les Fleet Foxes ont du mal à emmener leurs disques sur d’autres territoires.

Le show ne décolle jamais. Reste bien trop sage. Le public, d’ailleurs, ne semble pas dupe. L’écoute est respectueuse mais ne s’accompagne jamais d’un enthousiasme retentissant. Face à cette absence de prise de risques, ce manque cruel de tension, de dimension supplémentaire par rapport aux versions studio, on s’ennuie. Et ne voit, contre toute attente, jamais passer le renard. Dommage.

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