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Ghostpoet + Awir Leon au Grand Mix

Awir Leon est forcément un peu seul pour tenir la scène quand il vient défendre son bel univers très composé et personnel, intéressant dans le genre pratiqué. Il le fait très crânement. Les machines sont parfaitement utilisées même si le rendu scénique est forcément complexe. On travaille de longues nappes atmosphériques en couches progressives reprises par de puissantes percussions de synthèse. Le plaisir vient de cette hypnose savamment agencée, ça prend dans le public, il joue le jeu à fond et cette foi dans la musique est très plaisante à voir. On ne peut que vous inciter à aller découvrir sa palette et son site, très travaillé, autant que ses vidéos.

Quand le Ghostpoet arrive sur scène, toile de fond à ses armes derrière les projecteurs qui coloreront la tenture de nuances sobres. Tout de noir vêtu, Doc Martens aux pieds, bras légèrement décollés du corps, jambes écartées, il laisse immanquablement songer qu’on est venu chanter, danser mais aussi combattre et aller chercher le public là où il est, jusqu’aux derniers mètres de la salle. Rumble and dance, fight and sing. Sous la bannière d’une extrême élégance. La voix est chaude, légèrement vibrante, empreinte de textes subtils.

Le gang qui l’accompagne est parfaitement calé, en ordre de combat, John Blease à droite, aux baguettes, frappe sèche et tribale, John Calvert à la basse, groovy et tendue, tous deux déjà présents sur l’album. A gauche et en fond de scène, Emma Tolpolski, claviers et chants, secondée par un lieutenant guitariste paré d’une belle Epiphone rouge qui servira de blason au groupe. Un groupe immédiatement soudé, compact, d’une densité inouïe dès les premiers accords de Better Not Butter, l’une des perles du troisième et dernier disque en date de Obaro Ejimiwe sous alias artistique. Pas de temps mort, on avance à pas fermes sur le public, c’est immédiatement puissant et tendu, Obaro au bord de la scène, fort d'une présence extrêmement dense, on joue fort, à l’anglaise. Emma prend toutes les parties vocales des nombreuses invitées de Shedding Skin et le fait avec autant de sûreté que d’élégance. On a dit tout le bien qu’on pensait de l'album qu'on a consacré ici "disque de l’année à ce jour", en toute subjectivité assumée. Obaro ponctue de gestes sûrs et parfaitement calés tous les temps forts de ses morceaux, manifestant sa maîtrise parfaite de l’ensemble. Tout est cohérent, placé, c’est très impressionnant. L’équilibre trouvé sur l’album entre les tensions électroniques et les déflagrations électriques est parfaitement restitué. Le combat continue, l’intensité monte. On se méfie de la métaphore facile mais on ne peut que songer à de grands combattants mythiques et à leur diction. Le Flow d’Ali, float like a butterfly, sting like a bee. C’est agile et puissant, dansant et lourd.  KO technique, la salle est complètement conquise. Le travail scénique est tel que les différences de tonalité entre les trois disques, puisqu’on a affaire à un artiste qui évolue vite, ne sont pas lissées mais harmonisées. Reste vivace et sensible une tension très serrée entre l’aspect glacial de certains titres et le cœur battant du groupe.

On termine le set par le fantastique Off Peak dreams au cours duquel John Calvert laisse éclater tout son talent de bassiste. Tout le groupe est extraordinaire, heureux de jouer ensemble, Calvert est particulièrement brillant, adaptant constamment son jeu, médiator, jeu aux doigts, thumbing, tout y passe. Fantastique. James Dee, élégant et racé, lâche de savantes déflagrations soniques parfaitement intégrées aux chansons, des solos coupants et concis. Le Ghostpoet continue à tenir et arpenter la scène jusqu’au final, puissant et concerné. Obaro salue et sort poing levé, fatigué, après avoir absolument tout donné. . Un très grand concert. Une claque, un assaut permanent, mené par un infaillible commando.

Pour ajouter une touche d'humanité à tout ça, Obaro rappelle à tous qu’il n’est le chanteur et la star que le temps du concert. Du jamais vu, il descend directement de la scène dans la salle pour aller discuter avec le public et boire un verre. Complètement accessible, il discute très posément avec tout le monde, nous donne son mail pour nous envoyer le nom des musiciens et demande la revue du disque parue dans Lille La Nuit. Dans l’esprit des notes de pochette de son disque : I’m humbled and honoured, you keep me going you lot, stay close. Gigantesque. 

Set list : Better Not Butter / X Marks The Spot / Survive it / Ring Down The Drain / Pleasure In Pleather / BRB, Moving House / Sorry My Love / Shedding Skin / Plastic Bag / Yes I Helped You Pack / Finished I Ain't / Sloth trot / Dim Sum / Cash and Carry / Meltdown / Off Peak Dreams / Encore: Liiines / Us Against Whatever.

 

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