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Girls & Le Prince Miiaou à l’Aéronef

Autant se le dire tout de suite, les artistes présents ce soir n’ont aucun point commun avec leur pseudonyme. Le Prince Miiaou est en réalité une jeune fille à l’air timide originaire de Charente-Maritime alors que Girls est un groupe de mecs chevelus originaire de Californie.
C’est Le Prince Miiaou qui se charge d’ouvrir le bal. Sous cet étrange surnom, se cache Maud-Elisa Mandeau, grand espoir de la scène indépendante française, venue présenter son répertoire au Club de l’Aéronef. Et c’est tant mieux ! Le concert y gagne en intimité. Elle avoue volontiers la difficulté d’ouvrir pour un groupe mais s’en détache pour jouer un rock appelant à la liberté. Même si elle chante en anglais, ses rares morceaux dans la langue de Molière séduisent par leur poésie et leur montée en puissance. On l’aura compris, le Prince Miiaou est sorti de sa niche, pour tour à tour hurler et ronronné une sorte de mal-être en alternant les phases instrumentales et les envolées lyriques.
Entre chaque morceau, elle glisse un petit sourire accompagné d’un petit mot histoire d’apprivoiser un public pourtant peu attentif lors de son entrée sur scène ; une grande partie des spectateurs était encore occupée à boire un verre accoudée au bar. Maud-Elisa semble heureuse d’exprimer son impatience à travers sa musique, sorte de mariage entre fragilité et détermination, entre griffes et câlins. On ne peut s’empêcher de penser à Pj Harvey, période « Dry », tant le chant de cette multi-instrumentaliste est rempli d’interrogation. Alors que beaucoup d’artistes tombent le masque en concert, elle, se déguise pour le final. On se demande encore pourquoi mais qu’importe, le geste était sympa, la prestation l’était d’autant plus.
Après un interminable réglage lumière et son, Girls apparaît, « enfin » a-t-on envie de dire. Les californiens sont sur toutes les lèvres depuis quelques mois, ce soir ils résonnent surtout dans nos oreilles. Aux antipodes de la scène américaine actuelle, Girls est venu défendre l’histoire du rock, un rock qui se veut cool et trempé à l’acide. En digne héritier du Velvet Underground qu’ils sont, Girls joue un rock apaisant et poétique pourtant et contrairement à Lou Reed et ses compères velvetiens, il n’arrive pas à le transcender, sur scène en tout cas. Il souffle comme un air de complaisance, aucune interaction avec le public mis à part les classiques et banals « Thank you » et « Nice to meet you ». Girls répète son charme et s’en contente. Le chant à la limite de la rupture de Christopher Owens n’est pas aussi halluciné que sur l’album. Néanmoins, l’hommage rendu avec une simplicité rétro à la musique des années 60 est bien accueilli par un public qui ne demande que ça.
Que retenir alors ? En dehors des tubesques « Lust For Life » et « Laura », du troublant « Ghost mouth » qui réveillent timidement le public. Le morceau qui ressort du lot et qui nous sort la tête de l’eau est sans aucun doute « Hell Hole Rat Race ». 7 minutes intenses où le feu se consume pour n’en laisser que les braises. Avec un final chargé d’angoisse et des riffs spatiaux, le cœur bat fort, très fort face à ce morceau qui aimante les sens. Il faut préciser que le psychédélisme à la fois pubère et astucieux produit par le groupe fait son effet, tout ici est propre et bien interprété mais la majorité de la prestation est à l’image du rappel : de bons morceaux malheureusement portés par un manque de dynamisme.
Clap de fin, les spectateurs rentrent chez eux, tout est passé très vite, probablement trop vite. Il faut dire qu’en terme de révélations, l’affiche du soir ressemblait à une sacrée bonne compilation. Le Prince Miiaou a convaincu par sa présence scénique et ses charmeuses chansons. Excellent en studio avec leur disque simplement appelé « Album », Girls, rend une copie sans fausses notes mais qui peine par manque d’audace. On ne ressort pas du concert sans quelques bons souvenirs à partager avec nos amis, le groupe a sans doute laissé une trace parmi le public, à coup sur que celle-ci n’est pas indélébile.
 

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