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Girls + Lena Deluxe au Grand Mix

Affiche alléchante ce soir au Grand Mix, puisqu’on y croise la lilloise Lena Deluxe et les américains de Girls.

Lena Deluxe : le nom et le visage de la demoiselle évoque une poupée fragile, à contrecourant de son univers musical torturé, à vif. Elle aurait très bien pu développer son talent pour les mots et les sonorités dans les années 60. Mais c’est dans les années 80 qu’elle voit le jour. Après une formation de piano classique elle se met à la guitare tout en s’abreuvant de psyché ou de rock garage. De là viennent la plupart des influences que l’on peut capter en l’écoutant : The Velvet Underground, Neil Young, Cat Stevens. Plus récemment The Brian Jonestown Massacre, The Raveonettes ou encore Belle & Sebastien. Depuis 2005 elle écume les routes de France et d’Europe, en solo ou derrière le clavier pour Roken Is Dodeljik.
Lena Deluxe sait très bien jouer avec les genres. Elle enchaine avec brio pop légère, folk lumineuse et rock enchanteur pour notre plus grand plaisir. Des années 60 elle a gardé les rythmes répétitifs, envoûtants et la voix mélancolique. Ses textes sont tristes, ils nous parlent d’un ailleurs que l’on espère meilleur, de s’échapper du quotidien, de s’envoler, de s’évader. Les mots sont alliés à l’énergie, la puissance et la folie douce propre au rock. Et à une grande maitrise vocale et instrumentale.
Malgré tout cela, sa musique reste légère, lunaire et enchanteresse. On se laisse happer sans difficultés par son monde avec l’impression d’y être. Comme lorsqu’elle entonne la chanson Reeperbahn en nous expliquant qu’il s’agit d’un quartier d’Hambourg réputé pour son atmosphère digne des films de gangster : prostitution, drogues, … Vers le milieu du set, elle laisse de coté sa timidité et on apprend qu’elle est très contente d’être là pour leur premier concert à quatre. Elle nous raconte aussi ses péripéties sur le continent américain, où elle est partie enregistrer son premier album. Huit mois de maladie n’ont pas eu raison d’elle et on est soulagé de la savoir guérie. Cet album a été enregistré dans une ancienne Eglise, avec un piano à queue. C’est alors qu’elle s’excuse de n’avoir pu amener un tel instrument sur scène. Nous devrons nous contenter d’un clavier aux sonorités très 80’s. Mais qu’elle se rassure, même avec un tel clavier la musique qui nous parvient est aérienne et des plus réussie. Il ne nous reste qu’à imaginer le rendu avec un vrai piano. Puis arrive le dernier morceau qui sonne comme un « adieu », bien plus que comme un au revoir. : « It’s a beautiful day for dying… It’s a beautiful day for leaving ». La voix cristalline uniquement soutenue par le son aigu d’un ukulélé et de celui beaucoup plus grave de la grosse caisse résonnants comme des battements de cœur au ralenti. C’est les larmes aux yeux et des frissons dans le dos que l’on espère, que l’on attend que les lumières se rallument.

La musique de Lena Deluxe est une invitation au voyage, sur la Lune ou dans les ruelles étriquées de quelques lieux à l’atmosphère noire et dangereuse. On entre dans son univers sombre et sensible avec l’impression de se noyer, mais avec le sourire aux lèvres. On ne peut qu’applaudir cette petite blonde qui irradie sous la lumière des projecteurs avec sa sensualité à fleur de peau. Il nous faudra encore patienter un peu pour la sortie de son premier album puisqu’il devrait sortir fin 2012 voir début 2013.

Le temps du changement de scène nous permet d’observer la mise en scène du groupe Girls. Les micros sont décorés de bouquets de fleurs… Insolite ! Beaucoup de micros d’ailleurs… Etonnant…. On en vient à se demander combien ils seront sur scène. La réponse arrive lorsque les lumières s’éteignent : cinq musiciens et trois choristes.
Girls… un nom de groupe atypique qui a pu en décevoir certains… car au sein de la formation, point de femme. Le groupe s’est formé suite à la rencontre de deux hommes sous l’influence de la même musique. Christopher Owens a eu une enfance particulière. Sa mère l’élève dans une secte appelée Les Enfants de Dieu. Non scolarisé, écarté du monde et de son évolution, il découvre la musique par le biais de cassettes audios que le gourou laisse trainer. A 16 ans, il parvient à s’enfuir de ce monde en autarcie et part découvrir la vie, la vraie à San Francisco. Il y rencontre Chet JR White alors que ce dernier faisait enregistrer des groupes dans le garage de ses parents. Après un premier album sobrement intitulé « Album » en 2009, ils sortent en 2011 leur opus « Father, Son, Holy Ghost ». Enfin libéré, et pouvant créer sans limites, Christopher nous offre des sonorités et des textes à la sincérité légère et touchante. Si le premier album voyageait entre pop, punk et rock garage, le deuxième est résolument plus rock. Et on découvre même des sonorités gospel sur certains morceaux. Sonorités accentuées par la présence des trois choristes en live. Un peu plus et on se croirait par un beau dimanche matin dans une petite église perdue au milieu des champs….

Et pourtant, on sent flotter comme un goût de trop peu. Si les mélodies sont excellentes, et la voix de Christopher modulée à merveille selon les émotions qu’il souhaite faire passer, on ne peut s’empêcher de penser : « Et alors ? ». Car oui, malgré la voix, malgré la musique, et la maitrise des musiciens (saluons notamment la prestation du guitariste.) on s’ennuie un peu. Tout semble trop mécanique, orchestré. Sans spontanéité. De là à penser que les musiciens s’ennuient ferme il n’y a qu’un tout petit pas…. C’est un peu dommage car à ce stade, on aurait pu rester tranquillement chez soi pour écouter les disques !
Le seul moment d’improvisation intervient quand des jeunes filles du public crient leur amour pour Christopher « I love you ! » « I love you more… ». Phrases auxquelles une voix grave d’homme répond « Me too ! ». Heureusement, vers la fin du set, l’ambiance se détend un peu, des sourires sont esquissés parmi les musiciens, l’interprétation prend une autre dimension et franchit la barrière du psychédélique envoûtant. Et allant presque jusqu’à l’état de grâce !

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