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Godspeed You ! Black Emperor + Mette Rasmussen à La Condition Publique

Monumental.

On ressort déboussolé d'un concert tel que celui de Godspeed You! Black Emperor. Alors que le projecteur s'éteint et que la Condition Publique se vide, la mythique formation québécoise a transporté son audience dans un florilège d'émotions, duquel on ressort abasourdi, ému, effrayé. Parce que celui qui se laisse transporter par la musique de Godspeed You! Black Emperor ne peut ressortir que bouleversé par une telle performance. Retour sur ces deux heures de concert à la Condition publique.

Avant d'entrée dans le vif du sujet, nous avons pu assister à la prestation de Mette Rasmussen. Evoluant ici en solo, cette saxophoniste d'origine danoise pousse son instrument dans ses retranchements, quitte à déstabiliser. Le son est brut, strident, la mélodie déstructurée, chaotique. Face à nous, Mette Rasmussen se dresse seule, dans une mise en scène brute au possible. Le public lui est divisé : entre fascination face à une telle énergie insoupçonnée et l'incompréhension de ce qui se déroule sous nos yeux.

Faut-il présenter Godspeed You! Black Emperor ? Cette formation originaire de Montreal qu'on identifie souvent au mouvement post-rock, officie depuis 1994 et se démarque de la scène par des compositions instrumentales longues, aériennes, parfois expérimentales. Alors qu'on les croyait dissouts depuis 2003, le groupe est revenu sur le devant de la scène en 2010 et a depuis sorti trois albums, dont le dernier Luciferian Towers en septembre 2017. Un album que l'auteur de ces lignes ne peut que chaudement vous recommander. Mais arrêtons de nous éparpiller...

Le calme avant la tempête. Plongée dans la pénombre, la Condition Publique vrombit au son du bourdonnement sourd qui se dégage de la scène. Dix minutes passent, desquelles ne se dégagera que ce son lourd et pesant. Le public retient son souffle dans un silence de cathédrale. C'est au compte goutte que Godspeed You! Black Emperor fait son entrée en scène, en toute discrétion, ajoutant progressivement un instrument à cette nappe sonore qui se dégage. Les premières notes font reconnaître Mladic, magistrale entrée en scène où derrière ce vrombissement, les guitares stridentes, le violon et la contrebasse monteront crescendo et les percussions retentiront dans un rythme effréné jusqu'au climax. Hope lit-on derrière le groupe, d'une écriture maladroite, alors que la musique nous emporte. Le ton est donné. Difficile de ne pas être touché par ce premier thème.

La mise en scène n'est pas là pour mettre en spectacle le groupe et cette installation associant le son aux projections nous permet de nous concentrer essentiellement sur la musique. C'est bien là que se trouve justement tout ce qui est difficile à expliquer dans cette fascination que peut donner un concert de Godspeed You! Black Emperor. Si leur prestations nous paraissent si intenses et exceptionnelles, ce n'est pas par le show qui s'en dégage mais plus par cette faculté à nous offrir un moment hors du temps où la musique nous transporte dans un déluge émotionnel.

Trente minutes sont déjà passées (oui, il faut savoir que les chansons de GY!BE sont longues), nous enchaînons désormais sur le nouvel album que le groupe nous fera le plaisir de jouer dans son intégralité. Les accords de basses discrets résonnent dans la salle et un air de guitare saturée dégagent un sentiment épique. Bosses Hang, nous happe. Alors que les projections nous montrent l'ascension de bâtiments, les frissons nous parcourent le corps à mesure que l'on se laisse emporter par le thème répétitif du violon au centre de cette composition monumentale. Le calme reviendra avec Anthem for No State, composition plus sensible où les projections de paysage urbains enneigés accompagneront la tristesse s'échappant de ce morceau. Quand tout à coup, une alarme retentit et c'est pour repartir de plus belle que le groupe nous sort de cette phase contemplative, bouclant ce titre en apothéose. C'est alors que Mette Rasmussen rejoint le groupe sur scène pour boucler l'album sur les titres Undoing a Luciferian Towers et Fam/Famine. Alors que l'on croit la prestation finie, quelques arpèges retentissent et c'est avec East Hastings et après deux heures de prestation que Godspeed You! Black Emperor conclura un concert touchant, intense et qui restera longtemps gravé dans nos mémoires.

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