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Guts (Live Band) + Asagaya au Grand Mix

DJ Krush, DJ Kentaro, le regretté Nujabes, Hifana, Bugseed... La luxuriance musicale des beatmakers japonais n'est plus à prouver. Et pourtant, le pays du soleil levant continue de surprendre et d'enthousiasmer. Avec des jeunes pousses telles qu'Asagaya.

Remplaçant au pied levé Kacem Wapalek, initialement prévu en première partie, ce petit protégé de Guts, qui a produit son premier album, Light Of The Dawn, se révèle, contre toute attente, un suppléant de luxe. Loin de souffrir de la comparaison avec ses glorieux ainés nippons.

Masqué derrière ses machines, tel MF Doom, le Tokyoïte déploie une variété de textures assez impressionnante, loin de toute complexité gratuite. Enrichit sa matière première, le Hip Hop et le Trip Hop, de diverses couleurs : Jazz, Soul, Funk, Electronica et même Country. Un magma de sonorités à la fois bouillonnant, fantaisiste et terriblement harmonieux. Dessinant un univers personnel relayé par une très belle gestion de l'arrière-scène, chose toujours assez délicate en turntabling : images de clips, visuels urbains bien choisis, extraits de séries B, samples cartoonesques... Les titres s'enchaînent, les sons et les instrus s'emmêlent sans afficher le moindre maillon faible. Asagaya envoie ses beats old-school, sa soul mélancolique, son groove onctueux et ses envolées expérimentales avec maestria. Epaulé par le MC Racecar et le soulman Leron Thomas que l'on retrouvera plus tard aux côtés de Guts.

Naturellement, dans le public, les têtes hochent et acquiescent, les bras se lèvent et marquent le rythme, les bassins ondulent et les pieds ont bien du mal à rester en place. Veni vidi vici. L'homme au masque de fer conquiert le public avec une facilité désarmante. Et risque de se faire une place de choix quand l'heure des bilans de fin d'année tintera. Impression renforcée par l'écoute ultérieure de son excellentissime premier album. Un coup de coeur. Rien que ça. Le Japon est décidément l'autre pays du beat.

Après le poulain, place à l'étalon : Guts. Un beatmaker et producteur reconnu depuis de nombreuses années sur la scène française qui s'est engagé dans une carrière personnelle entre Electro et Hip Hop. Pour son dernier album, Hip Hop After All, c'est à une certaine idée de ce courant musical qu'il a choisi de rendre hommage. Avec la participation d'invités de goût : Patrice, Cody ChessnuTT, Masta Ace, Murs, Leron Thomas... Un disque plein de relief, dépassant les clichés du genre, d'une très grande richesse, rappelant l'esprit des séances Jazzamataz de Guru.

Oeuvres de producteur et de bidouilleur avant tout, les albums de Guts se doivent d'être transcendés sur scène. Afin de pallier l'absence des invités de marque, un handicap certain. Et ne pas s'enfermer dans le schéma basique une table + un mac + deux platines (voire quelques cannettes de bière) qui peut se révéler assez rébarbatif pour les non-aficionados. Un exercice difficile et périlleux.
Judicieusement, Guts a choisi de se faire accompagner par un live band traditionnel (Florent Pellissier aux claviers, Slikk Tim à la basse et Greg F à la guitare). Von Pea, du collectif Hip Hop américain Tanya Morgan, et le charismatique Leron Thomas (également à la trompette) s'occupent, eux, des vocaux.

Sur la scène du Grand Mix, le barbu au chapeau de baroudeur australien s'amuse comme un petit fou. Quitte ses machines pour venir haranguer le public. Ou brandir des pancartes où sont reproduites les paroles des chansons, un peu à la manière de Bob Dylan dans son célèbre clip 'Subterranean Homesick Blues'. Amusant. Et efficace pour créer de la complicité avec les spectateurs. Particulièrement sur le tube 'I Want It Back', à l'origine chanté par Patrice et une chorale new-yorkaise et repris comme un seul homme par le public lillois.

Avec entrain, Guts et ses musiciens focalisent sur le dancefloor avec une efficacité redoutable. Evacuent les temps morts. Cadrent rigoureusement les interventions vocales de Von Pea, au flow acéré et aérien, et de Leron Thomas. La star de la soirée. Le débonnaire New-Yorkais (dont la trompette a laissé entre autre des traces sur des albums de Bilal, Zara McFarlane et sur des concerts aux côtés de Roy Hargrove ou Lauryn Hill) illumine le concert de son chant capiteux. Une voix agile et solaire charriant des trésors de sensualité.
Bouquets de guitares coupantes, matelas de basse gironde, claviers bondissants se marient ainsi aux beats du producteur pour offrir un paysage musical aux nombreuses entrées : Electro, Hip Hop tendance 90's, Soul, Disco et Funk. Guts et ses camarades épluchent les références du passé avec un redoutable savoir-faire. Cela ne fait pas toujours dans la fine dentelle. N'évite pas toujours les facilités. Particulièrement quand les sonorités se couvrent de paillettes. Mais il se dégage du set une énergie, un plaisir de jouer extrêmement contagieux. Fun, hédoniste et futé, le show se vit comme une fête dont on ressort avec le sourire. Et l'esprit léger.

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