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Heilung + Eivør au Zénith de Lille

Le 23 avril 2025, le Zénith de Lille s'est transformé en un sanctuaire ancestral, accueillant les performances envoûtantes d'Eivør et de Heilung. Dans une atmosphère chargée de mysticisme, les spectateurs ont été transportés dans un voyage sensoriel de plus de 3h mêlant traditions nordiques, chamanisme et musique néo-folk.​ Retour sur un moment unique où deux univers s’y sont succédé, unis par leur intensité émotionnelle et une même volonté d’ébranler les repères du spectateur.

Eivør : ouverture aérienne et sauvage

Quatre musiciens pour lancer la soirée, mais une présence qui en vaut cent : Eivør, chanteuse originaire des îles Féroé, qui capte immédiatement l’attention par sa voix, oscillant entre murmure spectral et cri sauvage. Les rythmes sont martelés, les sons s’étirent comme des sortilèges. Pendant une heure, l’artiste offre un set vibrant et habité mêlant percussions tribales et nappes électroniques. Le public, immergé dans cette atmosphère fascinante, est prêt pour la suite du voyage.​

Heilung : quand la scène devient sanctuaire

À 21h25, les lumières s'éteignent, laissant place à un rituel de purification. Une silhouette apparaît, lente, solennelle, l'odeur de l’encens envahit les premiers rangs, le silence est total. Puis surgit le reste du collectif : 17 membres au total, sur une scène ornée de tambours suspendus, d'arbres, de crânes d'animaux, de tapis, créant une scénographie immersive, à la frontière du songe.

Les deux chanteurs principaux, Maria Franz et Kai Uwe Faust, arborent des bois de cerf et des masques, incarnant des figures chamaniques. Leur performance, mêlant chants gutturaux, danses frénétiques et percussions hypnotiques, plonge le public dans un état second. Chaque mouvement, chaque son, semble faire partie d'une gigantesque incantation ancestrale, réveillant des mémoires oubliées. Ce n’est plus un concert, c’est une invocation.

On retient notre souffle, comme fasciné, presque hypnotisé par ce qu'on observe. Loin des repères traditionnels de la musique live, Heilung propose une forme de cérémonie païenne contemporaine, un langage archaïque fait d’énergie brute, de gestes symboliques et de sons élémentaires. On ne sait plus très bien ce qu’on regarde : est-ce une prière ? Une procession ? Une danse de transe ? Il ne s’agit plus de comprendre, mais de ressentir.

Et c’est là que se produit l’enchantement. Cette forme de lien entre artistes et public, lentement tissée, finit par envelopper tout l'espace. Les cris se répondent, les silences aussi. On vibre au même rythme. L’énergie circule, circule encore, comme si quelque chose d’invisible passait entre les corps.

Heilung ne se contente pas de jouer une musique inspirée des traditions anciennes : ils en font une passerelle vers quelque chose de profondément humain, viscéral. Le Zénith de Lille, l’espace d’une soirée, a été le théâtre d’une parenthèse hors du temps, une invitation à se laisser traverser, à vibrer, à se souvenir.

Ce concert lillois est l’un des seuls en France cette année. Le groupe a déjà annoncé une pause prolongée après cette tournée, évoquant un besoin de retraite, à la manière des figures spirituelles dont il s’inspire. Chaque apparition devient ainsi un événement précieux, presque sacré. Ceux qui y étaient ne l’oublieront pas. Quant aux autres... il n’est jamais trop tard pour entrer dans le cercle.

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