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Idiot Saint Crazy Orchestra au Biplan

Des êtres multifaces qui échauffent une guitare, une basse et une batterie dans la cave du Biplan ce premier avril… Visions troublantes et musiques inouïes peintes par l’Idiot Saint Crazy Orchestra.

Qu'est-ce qu'un langage idiosyncrasique ? On peut citer en exemple le fait d’employer des termes comme pipi, caca, vomi lors d’un concert... En effet, Pee, Poo, Puke, peuvent être considérés comme des mots inadaptés dans ladite situation. Loin de chansons paillardes à deux accords sur un rythme binaire, l’Idiot Saint Crazy Orchestra use de mesures composées, de polyrythmies, de modes curieux et d’harmonies inventives au timbre indéfinissable. Inclassables, intemporelles, les propositions du guitariste Valentin Carette sont tellement inqualifiables qu’on a plus de facilités à user des négations d’un novlangue. C’est une musique qui aurait bien sa place dans un roman d’anticipation. Anachronism Of Love, The Sea Of Paradise, des morceaux presque totalement instrumentaux qui, comme souvent dans le rock progressif sortent des quelques 3 minutes conventionnelles.

Des musiciens au tempérament idiosyncratique ? Sans jamais dévoiler leur visage, les instrumentistes passent du masque diabolique au masque animal. La musique passe sans ménagement d’un climat à un autre. L’oreille reçoit des moments emplis de basse qui ancrent au sol, et d’autres, complètement lunaires et planant. Les facettes et les caractères se juxtaposent. L’idiosyncrasie c’est aussi l’ensemble de particularités et de traits de caractères propres à chaque individu et qui représente ce qu’il est, si l’on se réfère au concept Nietzschéen… Mais revenons-en au pipi, caca, vomi…

Un public idiosyncratique ? Pee, Poo, Puke, Incapacité au bonheur… La variété des différentes compositions, la variété des climats au sein d’une seule et même composition nous éloigne d’un basique jugement, j’aime ou je n’aime pas. L’impossibilité à trouver des influences évidentes ou totales pour l’Idiot Saint Crazy Orchestra aboutit à une immense palette de ressentis possibles pour chacun des récepteurs à un même moment donné. L’idiosyncrasie, c’est aussi la disposition humaine à ressentir différemment selon les individus, la même stimulation sensorielle.

Les pistes sont brouillées. Les masques, présents dans toutes les cultures et à toutes les époques, ajoutent à cette impossibilité de situer où que ce soit l’Idiot Saint Crazy Orchestra. Les atours et la rythmique riche et puissante donnent à ce concert une impression de vivre un rituel bien plus qu’un divertissement. Les masques, mais aussi la voix peu usitée ou transformée, génère une certaine distanciation par rapport aux instrumentistes. L’ambiguïté réside en cette puissance visuelle qui pourtant nous éloigne physiquement des trois musiciens. Nous sommes invités à nous rapprocher de l’auditif. Idiosyncratique, inouï, intelligent, Idiot Saint Crazy, une chimère à apprivoiser si vous la croisez.

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