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Igit + Alaska Gold Rush à l’Alhambra Mons

Lille La Nuit est parti découvrir une des nombreuses escales proposées par la capitale européenne de la culture, à 50 minutes de Lille, Mons, la voisine belge. Demandez le programme et rejoignez les quais d’embarquement, c’est ici.  On s’est donc promené plein centre, pour tomber inévitablement sur l’entrée de l’Alhambra, la petite salle qui a tout d’une grande… Magnifique lieu, chaleureux, cosy, THE place to be. La programmation Girls in Hawaii, Aeroplane, Kid Noize, Jean-Louis Murat. Incontournable salle phare de la vie montoise. Une centaine de spectateurs ne suffiront pas à remplir la salle et manque forcément la salutaire vibration des salles combles.  On est pourtant dès l’entrée happés par une pieuvre géante, œuvre de Vincent Glowinski, dit Bonom.

La première escale impose d’embarquer sur un brise glace pour se ruer vers Alaska Gold Rush. Deux comparses et une cohésion obligatoire liée au format. Le batteur harmonise pendant qu’il bat et le guitariste chante pendant qu’il gratte. La musique est atmosphérique et personnelle, c'est le programme qui le dit :  Alaska Gold Rush est l’histoire de deux chercheurs d’or qui ont troqué leur pelle et pioche pour une guitare et un set de batterie. Depuis les terres perdues du Delta du Mississippi jusqu’aux plaines désertiques du Nouveau-Mexique, ils créent leur musique comme autant de villes fantômes

Le batteur impressionne : sa longue chevelure vole mécaniquement entre deux coups sur la grosse caisse. On pense à un genre hybride, le folk’n’roll ? La musique est personnelle mais gagnerait à de prompts renforts. Il faut être très fin ou très groovy pour le duo et le tout prendrait réellement plus d'ampleur avec une belle basse !  Le chanteur a voulu nous emmener à San Francisco et sur le Mississipi : il a presque réussi. Si seulement des chœurs, un orgue ou une basse ronde et chaude avaient pu nous y transporter. L'intention y est, le transport doit encore progresser  en « confort ». Un petit quiproquo final fait sourire le public, le batteur se défend avec force protestation quand le chanteur propose de retrouver tout le monde au merchandising avec « son compagnon ». « On n’est pas ensemble » clame-t-il. Duo prometteur en tout cas qui vient de remporter le prix Club Plasma au Concours Circuit.

Igit tarde un peu, comme si on espérait l’arrivée improbable de convives attardés.  Igit, c’est une voix rocailleuse qui a fait ses preuves dans les salles françaises et qui a connu son heure de gloire en passant par l’étape The Voice. Oui. Une formation complète apparait sur le pont : chanteur guitariste, batteur, claviériste, bassiste/contrebassiste. Le public clairsemé est motivé et brasse tous les âges. L’effet The Voice, sûrement, et aussi grâce à l’intelligente initiative de l’Alhambra ce soir là : gratuité pour tout enfant accompagné !

L’escale est riche d’une quinzaine de morceaux. Igit apparaît comme une star sur la scène, sûr de lui, classe, sobre avec son chapeau et commence le concert en impressionnant le public  par un morceau où il joue d’une guitare posée à plat. Le succès est au rendez-vous et nous sommes surpris de la voix tour à tour veloutée, rocailleuse, et même parfois des tonalités à la Jonasz  sur le chant en français. Sa voix n’est pas toujours rauque, et il sait en  jouer sans en abuser. Non seulement très bon chanteur il a aussi une belle présence scénique. Très joli light show… avec peu de moyens.  Igit chauffe le public, lui demande de se rapprocher et supplie les spectateurs de la mezzanine de descendre ! Ça marche, on finit par avoir l’impression d’être 500. Igit joue le jeu à fond, fait le métier. C’est avec la chanson Million cigarettes qu’il  fait chavirer la salle. La voix chaude et intense d’un jeune Tom Waits, du Paolo Conte de It's wonderful. 

Il happe le public, l’enserre et finit le boulot entamé par la pieuvre de l’entrée. Une chanson jouée en solo à la guitare en français Vœu nu montre l’étendue de sa personnalité. Le texte est frais et sombre, fin et doux : Je suis vœu / Nu et vide comme un verre /  Fais de moi un vase / Fais de moi un cendrier / Peu m’importe la poussière, à tes côtés / Et avant de reprendre l’air / Vis de moi jusqu’à plus soif / Une dernière danse et puis pose moi sur l’étagère /Du bout des lèvres érafle / Mes contours Mon amour… La chanson parle au public, séduit.  Jolie prestation, fine et toute en sensibilité car le chanteur passe aisément du bluesy grave au chant naturel et mélodique. La foule enfle : « Nous partîmes à peine cent ; mais par un prompt renfort, Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port ».

Igit demande la participation du public pour l'accompagner. Il apparaît désormais chaleureux et déhanché sur le contretemps d’un tango. Il fait promettre d'acheter son album digital, support unique de son EP, fait danser le premier rang  et applaudir tout le public ravi d'entendre son tube My home !  Nous découvrons une nouvelle chanson Ma solitude, avant un dernier rappel, un blues funky et ultra dansant pour finir la soirée en fête. Lille la nuit a fait de grandes découvertes ce soir là : Igit  et le petit Alhambra, à suivre absolument.

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