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Indochine & Toybloïd au Forest National

« C’est quoi cette guerre que nous allons faire ? »

La campagne d’Indochine continue. Partout, les salles ne désemplissent pas. Les miteux campements de fans fleurent bon la sueur et l’envie d’en découdre. Les troupes sont encore là, au garde à vous. Des visages familiers, des camarades de lutte, des kamikazes de la crash barrière. Tous ces regards illuminés réchauffent les cœurs. Rares sont les groupes à avoir la reconnaissance d’une telle armée de fidèles. Indochine, c’est à chaque fois, une redécouverte.

De retour à Bruxelles pour un baroud d’honneur, le groupe ressort l’artillerie lourde. La set list totalement modifiée est un vrai cadeau, une nouvelle preuve de l’amour violent qui unit le groupe et ses fans. Le Meteor Tour en a encore sous le pied, et le chemin vers le Stade de France est encore long.
Ce soir, Toybloïd lance le conflit éclair. Ultra efficace, le combo excite une salle, déjà chauffée à blanc. Le Forest National, poisseux, ressemble à un vaisseau amiral, prêt à lancer l’assaut. Plus de 8000 âmes en joie attendent la délivrance. Dans les premiers rangs, une douce odeur d’encens se fait sentir. Sur le grand rideau blanc, le cavalier fait son apparition. Impérial, il arbore fièrement les couleurs de cette tournée titanesque. L’animal se cabre, écrasant les préjugés, culbutant les sceptiques.

Nicola Sirkis, maître à bord, allume la mèche. Les premiers tirs explosent au visage, ces gueules cassées par des heures d’attente dans le froid. Punishment Park chasse Go Rimbaud Go. L’introduction hérisse le poil. Les souvenirs s’entrechoquent : toutes ces dates accumulées, ces kilomètres engloutis, ces litres de suée et cette inépuisable soif. Tout nous ramène à Indo. « L’indo, c’est ma vie, ça on le sait » nous murmurera Nicola, au bout de deux heures trente d’un combat marathon.

Et le combat est parfois laborieux. Playboy tire une balle dans le pied des Little Dolls. J’ai demandé à la Lune devrait définitivement s’éclipser, même si l’on sent un attachement certain à ce titre. Profondément ennuyeux, maintenant. Pourtant, l’ovation faîte au titre, ce soir, est tout bonnement la plus grande jamais constatée. Nicola met un genou à terre. Il ne lâchera pas le morceau de si tôt. Tant pis.

Tes Yeux Noirs, en piano voix, décharnée et vidée de toute émotion, n’est plus qu’un passage obligé, une trêve avant de refaire parler la poudre. Seul Atomic Sky survole ce tryptique, un peu trop mou du genou et c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on redécouvre ce standard. Mais rien n’y fait, on préfère l’Indochine conquérant et guerrier. Un Ange à Ma Table étanche notre désir de furie. La grosse caisse assène de sérieux coups de canon. Sue se démène sur les écrans géants, Nico reste sous le charme et se rate sur une reprise. Qu’importe, le titre reste une tuerie et atomisera le Grand Stade. Oli nous gratifie même d’une nouvelle ligne de guitare sur le final. Délicieux.

Alice et June continue le carnage. La fosse semble terrassée. La barre des 106Db est explosée. Des oreilles vont tomber sous les assauts barbares de Boris. Et pourtant, pauvres fous, nous en redemandons. Le Meteor Club et son medley assassin ne fera pas de quartier. L’accent anglais de Nicola reste un attentat à la langue de Shakespeare sur You Spin Me Round, et l’énergie que dégage cette reprise en ferait presque oublier les danses excentriques du patron. Cinquante ans passées et toujours la fougue d’un jeune soldat…

Pour Le Baiser, il laisse une fille l’étreindre sur scène. Fusillée du regard par ses rivales hostiles, la demoiselle enlace le zouave et le quitte, les yeux embués. Les lumières des miradors cernent le public avant que les accords de Trois Nuits Par Semaine n’abattent les plus courageux qui tiennent encore debout. Têtes baissées, ils foncent. L’image, affolante, émeut. Marc, le poilu de la bande, revenu de toutes les guerres, s’amuse de voir Nicola aller au contact et tendre la main. Son regard bienveillant et tendre enterre toutes les rumeurs de tension.

Malgré quelques ratés (fusils enrayés ?), cet acte 2 tient toutes ses promesses. Du renouveau, de l’émotion, de l’énergie à l’état brut. Mais que nous réserve donc le groupe pour la date ultime au Stade de France ? L’impatience est grande. Une nouvelle fois, merci Indochine !

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