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Jacco Gardner + Eerie Wanda au Grand Mix

A part Volcano lagoon, on ne connaissait pas grand-chose du groupe Eerie Wanda, emmené par Marina Tadic, venu comme Jacco des Pays-Bas. Cette première partie a le mérite d’être très carrée, ça joue très bien. La chanteuse sweet and pop propose des chansons aériennes et sucrées. Ce joli brun de fille, encore un peu timorée scéniquement, chantonne des ballades romantiques, ravie d’être sur scène. Popy, polie, elle semble s’ouvrir au fur et à mesure de sa setlist. La prestation n’est pas originale, mais elle n’en est pas moins réussie. On regrette néanmoins que tout soit un peu propre et que rien ne déborde… Un peu d’expérience ne pourra que renforcer le groupe.

Arrivé pile à l’heure Jacco Gardner nous fait partager un joli moment avec ses comparses pendant une heure et dix minutes, rappel compris. Trop bon, trop court !  Jacco,  frêle et mince, pâle et diaphane, disparaît derrière sa longue chevelure. Le groupe se présente à cinq sur scène, et le son psyché monte très vite, plein et parfait dans le Grand Mix. La voix de Jacco est cristalline, androgyne, mais ça ne l’empêche pas d’assurer et de dégager l’impression d’une personnalité dense et complexeHabité par des sonorités sixties qu’il connaît manifestement sur le bout du Mellotron et du Wurlitzer, il semble se ficher éperdument de 2015. Il aurait pu se tourner vivement vers une pop plus contemporaine mais semble au contraire s’être barricadé dans sa chambre floydienne pour que l’époque ne traverse pas les murs. On devine sous ce début de concert très atmosphérique une personnalité psychédélique et rêveuse sous la mèche. C’est kaléidoscopique et bigarré, aux couleurs d’une imaginaire bande son sixties, comme drivée par un Syd Barrett encore alerte et extra lucide. Le public apprécie et fait passer le message à Jacco Gardner entre chaque morceau. Un soir placé sous le signe de la rêverie partagée, au son d’un carrousel rêveur et presqu’enfantin. Jacco, frêle mais plus sûr de lui que sur la première tournée, un seul album au compteur à l’époque, assure et fait tourner sa machine à remonter le temps. Les longs passages instrumentaux (sans doute Grey Lanes et All Over) nous laissent songeurs. Quelle heure est-il ? En quelle année sommes-nous ? London est il toujours swingin’ ?

De belles envolées de chœurs, des claviers cristallins, Jacco fabrique la bande son de courts métrages oniriques devant nous et envoie les tubes indés de son premier album Cabinet of curiosities  et d’Hypnophobia, le dernier né, comme un marchand de rêves, souriant à chaque fin de morceau,  ravi de nous entraîner dans son labyrinthe pop, clairement balisé par un passé qu'on ne dépasse pas. 

Jacco n’est pas très bavard, enchaine les titres et ne s’exprime que pour lancer un message d’encouragement à Eerie Wanda et lâcher un « merci » timide à la fin du concert. Sa bonne humeur semble s’inspirer de nous, aspirant la lumière de nos sourires psyché-pop pour balancer tel un poète inspiré ses rythmes alanguis et son aura psychédélique lennonienne…

Si le rappel est habituellement très convenu, ce sera plus surprenant pour cette fois :  tout le monde change de place et d'instruments sauf Jacco ! Le batteur s'envole vers la guitare, le bassiste s'invente choriste au clavier... chacun a sa place mais comme dans les rêves... les places sont interchangeables ! On fait ce que l’on  veut, on est qui l’on souhaite... Le temps d'un morceau. Jacco est délicat, fin et attentionné. Il nous a proposé un beau moment au Grand Mix,  semblant  avec le sourire absorber notre aura bariolée le temps d’un soir. Jacco n’est peut-être pas un faiseur de rêves originaux au final mais tel un personnage de Miyazaki, un buveur de rêves, cristallin et lumineux. On a tant envie de se laisser faire encore… 

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