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Jah Mason et Lutan Fyah à l’Aéronef

Rendez-vous à 20h, la salle se remplit tranquillement.

La 1ère partie, Nateesha Stream, est annulée. L'aéronef, ne pensant pas à programmer les excellents sound system locaux, a abandonné l'idée de remplacer le groupe... tant pis!
20h45, heureusement, la bande entre en scène : un dread man à chapeau, t-shirt pronnant la marijuana et une guitare à l'effigie de Bob Marley ; un bassiste groovy aux allures hip hop ; un batteur, un synthé plus discrets et 2 choristes seront les musiciens de toute la soirée.

Lutan Fyah, au gilet tricolore, lance sa voix puissante sur un riddim bien reggae. Très vite, le chant se modifie en ragga. Le point levé, il nous motive avec les discours classiques rastafaraï. Mais étonnamment, L.J. a aussi un répertoire de lover, donnant une impression commerciale à certaines chansons.
Tombé dans la musique dès la plus tendre enfance dans le sound system jamaïcain de son grand-père, L.J. abandonnera sa carrière de footballeur pour revenir à sa 1ère passion. Un tour des studios de Kingston, un 1er single Flying Stone, une entrée dans le monde de Buju Banton, un 2ème single Armageddon war et c'est parti ! Il enregistre des titres à la chaîne, fait les 1ères parties de Jah Mason dès 2001 et sort son 1er album Dem no know demself en 2004. Depuis L.J. a fait sa place, il cumule les enregistrements et les concerts à travers le monde.
Il semble fatigué ce soir, le concert à Strasbourg la veille lui a tiré les traits du visage. Cela ne l'empêche pas de danser et de stimuler les foules sur des rythmes entraînants, novateurs mais toujours fidèles au pur son reggae. Il quitte finalement la scène de manière soudaine.

Arrive ensuite Jah Mason, le turban bobo, affirmant son ordre bobo-shanti. Cet artiste, aussi singulier qu'il soit, est le représentant idéal d'un singjay. Un singjay est un chanteur/deejay qui alterne le chant doux du reggae au toast rocailleux (chant "faisant sauter les mots" comme un toast du grille-pain). Ce style apparu chez les deejays jamaïcans des années 60 qui commentaient les chansons pendant leur programmations. Le dancehall et le ragga ont accru cette méthode de chant. Pour encore un peu plus d'histoire, le terme singjay est né pour redonner une valeur à l'ancien terme DJ, nouvellement utilisé pour les créateurs de musiques électroniques.
En effet, J.M. alterne entre magnifiques mélodies reggae et ragga énergiques au débit de mots impressionnant. L'enchaînement des deux styles se fait en douceur. Le son reste vrai, on se laisse guider par la musique sans être brusqué par les changements rythmiques.

Le public désormais assez nombreux est déchaîné. Ca danse, ça jump légèrement et toujours, ça balance. Certains brandissent un drapeau jamaïcan (idéal pour ceux derrière) !

J.M. à travers ses textes nous livre un message : il dénonce les perversités de Babylon, du matérialisme. Il parle de sa spiritualité, de l'amour, de la vie tel un simple voyage.
Très humble, il parle au public, met en avant ses musiciens. Après chaque présentation de ses musiciens, on profite d'un solo. On aura notamment la chance de voir un solo de batterie sans baguette !! De même, les choristes se lachent, l'une chante un air de reggae, l'autre de ragga.
L'ambiance est au sommet. J.M. maîtrise son public, le fait chanter, lui offre ses grands classiques. Dommage, il a parfois du mal à tenir sa voix fatiguée et en plaisante avec ses instrumentistes.

Vu son background, rien d'étonnant à ce que J.M. soit une figure de l'underground reggae.
 
André Jonhson à Manchester, J.M. débute sa carrière avec les grands du métier. En lien avec la maison de famille David (Capleton) et des Flames, il est soutenu par Junior Reid, Tony rebel, Utan Green,...
Très prolifique, il sort son premier 45 Tours en 1992 et enchaîne quasi 2 albums par an depuis 2002 jusqu'au petit nouveau Life is just a journey, sorti en 2007. D'une grande qualité, s'associant à différents artistes et produit sous tous les grands labels, ses opus sont à redécouvir sans cesse !

Départ rapide sans rappel, les lumières s'allument et le public qui plane quitte les lieux sans réclamer. Seul le Jimmy Hendrix aux dreads revient parler aux derniers fans.

Bon concert, excellente musique, artiste en pleine explosion, méritée !

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