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Jamait, Yoanna

Paris, 1920, 3 grands cadres dorés étincelés de loupiottes ornent la scène. Un voile comme toile permet à toutes les ombres de s’émanciper.
Le batteur, le guitariste, chacun décore un tableau ; En fond du 3ème chef d’œuvre se trouve une petite table de bistrot, une grande lampe, des fauteuils verts et surtout… des bières !

Une ombre d’homme apparaît… Le voilà… Jamait, tout de noir vêtu, veston, bretelle et sa fameuse casquette irlandaise.

L’ambiance principale est placée, feutrée, tamisée, jouant de mille lumières (bougies !), elle se laisse guider au fil des chansons.
Et quelles chansons !
Aux textes poignants, drôles, parfois révoltés, évoquant ses déboires, ses amours, la politique, la révolution populaire, la société. A travers son riche vécu, Jamait nous parle de la vie, de sa vie.

Né à Dijon, il travaille en tant qu’ouvrier jusqu’à ses 38 ans. Là, son groupe De verre en vers créé en 1998 séduira de plus en plus les foules et changera par la suite de nom à l‘arrivée du 2ème guitariste et de l’accordéoniste en 2001. Deux ans après, leur premier album sort sous le titre souvenir de leur premier nom de scène.

Il nous présente ici son 2ème album Le Coquelicot, plus calme, voir plus sombre que le 1er, mais peut-être davantage touchant.

Avec sa voix rauque (serait-ce l’excès de cigarette et d’alcool ??), cet artiste nous délivre de la musette jazzy, teintée de swing et toujours mélodique.
L’émotion qu’il met dans sa musique, qu’elle soit tristesse ou joie nous emporte.

Et le jeu !
La mise en scène de chaque morceau est parfaite. Les musiciens jouent avec le public et entre eux. Des minis sketchs se suivent : on retrouve Chantal Goya dans « Ce matin un chômeur a tué un actionnaire, c’était un chômeur qui n’avait plus de RMI », ou encore les musiciens installés pour boire un verre et faire travailler leur serveur. Car oui ! C’est l’unique groupe de musique à avoir un serveur personnel.
Mais la fin approche. Après une chanson inédite du futur album, il nous présente son « petit personnel » tel un chef d’entreprise.

Tout est fait sans prétention, tout droit sorti d’un PMU, et pourtant, ce talentueux musicien, aux similitudes avec Renaud et Mano Solo n’est pas prêt de quitter cette scène qu’il gère tant.

Mais il est essentiel de vous parler de celle qui a mit l’ambiance en 1ère partie. Pas facile d’arriver devant un public assis, des plus hétéroclites… entre quinquagénaire, jeune business woman, dreadeux de 20ans et punk ! On ressent directement que peu de chose peuvent faire peur à cette Yoanna. Dans sa robe rouge, rangers au pied, elle tient son grand accordéon et nous fait partir en éclat de rire avec elle.

Cette jeunette de 21 ans a déjà une sacrée expérience. Dès ses débuts à 4ans, elle enchaîne danse, accordéon, théâtre d’improvisation, cirque puis les représentations au côté des Ogres de Barback, de Seb Martel, Fafa Daïan,…
Cette demoiselle a de la personnalité ! En moins de temps qu’il faut pour l’écrire, elle captive son public, le fait hurler de rire jusqu’aux fous rires, le fait militer « Pas Le Temps D’Etre Amoureux ! Pas Le Temps D’Etre Malheureux ! », le point levé… « C’est mieux ! ».
Ses chansons plutôt lentes aux montées rapides sont des plus amusantes. La maîtrise de son instrument, hésitante au début, devient de plus en plus technique et ses musiques de plus en plus mélodieuses. Sa voix androgyne a une intensité rappelant Piaf. Tout comme son style musical, qui peut s’étendre du rock au rap mais reste parsemée de musette.
Après une énorme standing ovation et un à capella en circulant dans le public, l’ambiance est toute faite pour Jamait.
Elle sort un album en 2008, mais je vous conseille surtout de scruter un éventuel retour de sa part. Ou de partir à sa rencontre dans son pays d’origine, la Suisse… Elle en vaut le détour !

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