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José James + Acid Jazz Machine à L’Aéronef

Des claviers plus une batterie. La configuration choisie par l'Acid Jazz Machine est peu banale. A la tête de ce drôle d'engin, deux musiciens de la région : David Laisné, reconnu pour sa solide formation en musique classique ponctuée d’un premier prix qu’il a complété par un diplôme de composition de musique de film à l’Ecole Normale de Paris, et Arnaud Havet, dont les baguettes officient également dans la formation Funk lilloise The Headshakers.

Sur scène, la complicité entre les deux compères est évidente. Chaque musicien assurant avec un haut degré de technicité le rôle qui lui est assigné. Les envolées ruisselantes de groove de l'un entraînant l'autre dans d'impressionnantes envolées percussives. A mi-chemin du Smooth et de l'Acid-Jazz, le duo navigue entre compositions personnelles et reprises plus ou moins inattendues ('Mon Légionnaire' ou un 'Thriller' de bon aloi en cette période d'Halloween). Et évite habilement de tomber dans les écueils de « la musique pour musiciens » en gardant le cap sur l'énergie brute et les mélodies fédératrices. Une machine parfaitement rodée.

Drôle de zèbre que ce José James. Avec lui, on ne sait jamais sur quel pied ou quel rythme danser. Faisant fi des étiquettes et des frontières, il ne cesse, en effet, jamais de se réinventer. Biberonné au Hip Hop, il a découvert le Jazz sur le tard et en a fait l'un de ses champs d'expression. Parmi tant d'autres : le Blues, la Soul, le Funk, le Rap voir le Trap comme sur son dernier album, 'Love In A Time Of Madness'. Son quatrième album signé chez Blue Note, mythique label de Jazz, sur lequel il signe, selon ses dires, son divorce avec... ce style de musique. Un véritable électron libre. Pas toujours facile à suivre. Ou à apprécier. Le bonhomme étant capable de livrer sur un même disque des chansons élégantes d'une incroyable richesse comme des ballades FM sirupeuses et convenues. Sa venue à L'Aéronef, pour tout amateur de musiques noires, s'apparentait donc à une occasion d'enfin pouvoir mieux le cerner. Ou pas...

Arborant sur la pochette de son dernier disque un look visiblement inspiré des rappeurs de Rae Sremmurd, José James crée la surprise en adoptant ce soir une esthétique plutôt Rock : tout de noir vêtu, en jean et perfecto, avec un bandana dans les cheveux et des lunettes de soleil au bout du nez. Un détonnant et intéressant contre-point avec un début de concert faisant la part belle à une musique Soul-Jazz d'un classicisme très classieux. Et d'une très grande sobriété. Le timbre du chanteur se montre velouteux et aérien sur 'Blackmagic', 'Save your Love For Me' et 'Let It Fall'..; Fait des merveilles sur un medley consacré au grand Bill Withers dont il a sélectionné une poignée de standards en or massif : 'Who Is He (And What He Is To You)', 'Ain't No Sunshine', 'Grandma's Hands'…

José James prend ensuite la parole. Explique, peiné, que la veille au soir, lui et son groupe ont vécu la pire date de leur tournée, face à un public amorphe et peu communicatif. Et que cette expérience lui était douloureuse. Car pour lui, un bon concert se joue tout autant sur scène que dans l'assistance avec laquelle il faut créer une synergie. Pour exorciser ce souvenir, il descend alors dans le public pour chanter 'Come To My Door'. Tout en serrant des mains et en prenant la pose pour des photos prises à la volée au téléphone portable. Démago. Mais terriblement efficace. Surtout auprès de la gente féminine.

Parfaitement accompagné par Takeshi Ohbayashi aux claviers, Josh Hari à la basse et Richard Spaven à la batterie, José James fait preuve d'un plaisir de chanter non feint. On le sent parfaitement habité par son rôle de « crooner moderne », comme il aime se définir, et de performer. Attrapant une guitare pour s'accompagner sur 'Anywhere You Go', il fait soudainement prendre un tour plus électrique à la soirée. Riffs Rock et disto à l'appui... Le virage est mal négocié. A tendance à noyer l'impact du baryton du chanteur. S'ensuit une version totalement indigeste et dénuée d'émotion du 'Man Who Sold The World' de David Bowie, chantée en son hommage, sur laquelle même les musiciens, pourtant si fins et délicats auparavant, semblent mal à l'aise.

Dès cet instant, le concert prend une tournure assez étrange. En faisant régulièrement souffler le chaud et le froid. Parfois sur un même morceau. José James épate autant qu'il irrite. Usant d'un sens trop prononcé de la mise en scène et privilégiant la performance à l'émotion, il rend sa prestation bien trop souvent trop théâtrale. Émouvant sur 'Park Bench People' ou sur 'To Be With You', il s'égare bien trop souvent dans des digressions improvisées ou mal négociées. Comme sur cette reprise du 'Police State' de Dead Prez où il livre une performance de scratch vocal inutilement longue.

Un drôle de concert. Pour un drôle de zèbre qui, décidément, reste bien difficile à cerner et à apprécier. Même en live.

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