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Laibach à l’Aéronef

Ce qui est inconnu, effraie.
Ce qui n’est pas commun, appelle le rejet.
Ce qui a l’audace d’être intelligent, embarrasse.
Quand on a peur de l’autre, on se barricade et on regarde TF1.

« Si vous n’aimez pas notre musique, faites demi-tour et cassez-vous. »

Laibach n’est pas de ces groupes faciles d’accès.
Mainstream 
? Laibach en est à l’exact opposé et va à l’encontre totale de la musique plaisir. Déstabilisant. Austère. Fascinant, le mot est lancé.

Rarement l’Aéronef n’a été soufflé par un vent aussi glacial. Aucun sourire. Aucune communication. Laibach s’adresse à un public averti. Il n’est pas là pour embrigader de nouveaux fans de dix-huit ans.

Laibach, un nom qui se répand comme une trainée de souffre.
Des préjugés tenaces entretenus par des imbéciles.
Non, Laibach n’est pas une bande de fascistes en uniformes.
Mais oui, Laibach use d’une esthétique tendancieuse qui appelle à la réflexion.

Si Rammstein est plus ou moins accepté, le temps où Laibach fera l’unanimité n’arrivera jamais. Jusqu’au boutiste, le groupe ne lâchera rien et défendra sa vision personnelle de l’art global. Quitte à faire lever les boucliers des plus réticents. Et rien que pour ça, on tend l’oreille.

Structure philosophique complexe, Laibach est l’étendard d’un collectif d’artistes slovènes (NSK). Il est une réaction intellectuelle à la violence idéologique de notre culture. Il pointe du doigt le totalitarisme qui nous entoure et que nous acceptons sans dire mots.

Dans la salle, le public subit plus qu’il ne participe, il se promène avec respect dans une galerie, une exposition, un musée de référence.

Les vidéos qui défilent derrière le groupe laissent souvent sans voix. Elles interpellent, choquent, font réagir. Installation éphémère qui imprègne la rétine. Subversives et poétiques, ces images se jouent des techniques de contrôle de notre monde. Elles remuent la mouise de nos sociétés dites modernes, et obligent le spectateur otage à s’interroger sur la réaction qu’il est en train de développer.
L’on voit alors des personnes entrer et sortir de la salle. Fumer une clope, exorciser le mal, prendre l’air, respirer, ne pas trop entrer en contact avec son intérieur, etc. Fascination, embrigadement. Rejet, nausée.

A ce niveau de discours, la musique en apparait presque secondaire. D’ailleurs, on ne parlera jamais de chansons, de singles ou de morceaux phares. Tout semble si froid et impénétrable. Parfois même désagréable. Étrange découverte pour certains : la musique peut mettre mal à l’aise et ne pas répondre à un besoin d’évasion. En est-elle mauvaise pour autant ?

Clairement, non. L’indus de Laibach marque au fer rouge quiconque ose s’y frotter. Le groupe hante les chanceux qui eurent l’audace de pousser la porte. Inoubliable.

 

 

  1. Calou

    On peut ne pas entrer dans l'univers de Laibach sans toutefois passer ses soirées sur TF1. Ni l'un ni l'autre ne me procure du plaisir. Ils peuvent être assez proches d'ailleurs (comme on dit, les extêmes s'attirent) pour le rejet qu'ils provoquent.

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