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Le Prince Miiaou à la Péniche

« J’ai même pas eu le mal de mer ! »

 

Pas grand monde ce soir à La Péniche (une trentaine de personnes) et une entrée de scène un poil ratée : ça partait plutôt mal pour Le Prince Miiaou. Mais un chat retombe toujours sur ses pattes, ne l’oublions pas !

Le Prince Miiaou, de son vrai nom Maud-Elisa Mandeau, commence avec un peu de Blabla. Tandis que l’archer de François-Pierre Fol glisse lentement sur les cordes de son violoncelle, la chanteuse récite à mi-voix un texte comme le ferait un Boris Vian ou un Claude Nougaro. Puis François-Pierre prend sa basse, Maud-Elisa sa guitare, Norbert Labrousse (batterie) ses baguettes et là tout explose ! Les riffs se fracassent au milieu des "autrement" criés. Avec un sourire malicieux, l’artiste se présente : « Je suis Le Prince Miiaou, enchantée… J’ai trop la trouille » (rires).
Alors que le public debout s’est un peu avancé devant la scène, Le Prince et ses musiciens nous murmurent : « Je-te-jett-rai-des-ca-illoux ». C’est avec cet Hawaiian Tree qu’on prend conscience que la musique du chat se construit pas à pas (de félin) : au départ de petites touches à faible volume, auxquelles le groupe ajoute d’autres petites touches de guitare, de voix, de basse, jusqu’à donner une dimension plus importante au morceau qui va finalement tout emporter dans la péniche. La voix s’envole, la disto monte, la puissance des titres est une déflagration au ralenti.
« Je vais vous jouer un morceau de mon premier album (Nécessité Microscopique,ndlr). Parce que j’en ai deux. Ça s’appelle Frénésies Horizontales ». Mais juste avant d’entamer le morceau, Maud-Elisa joue à "1, 2, 3, soleil" avec le public pour le faire avancer encore un peu. Malgré les apparences de son univers, la chanteuse-guitariste est une fille drôle, qui rebondit au moindre petit souci : quand le public avance et laisse un trou à l’arrière (« Je suis chiante hein ! ») ou quand son double micro ne tient plus (« Ça marche jamais, j’ai l’habitude. Le luxe d’avoir deux micros ! »).
Le Prince Miiaou est avant tout une artiste qui a tout fait toute seule, et ses instrus rock fabriquées à la pédale (loopstation) sont là pour le confirmer. Son deuxième album, Safety First, est lui aussi un "autoproduit-maison" puisque son frère Benjamin l’a épaulée en studio. Le concert se poursuit avec le premier single extrait de ce deuxième album, Our Tale. Puis l’artiste emmène la péniche vers d’autres contrées, plus calmes : « C’est un morceau qu’on ne joue pas, sauf ce soir. Il parle d’une prostituée androgyne un peu travestie. Voici Charlie ». Ce magnifique morceau, envoûtant et troublant, ne l’est pas moins que celui qui suit, Could You Please Die. On se sent transporté dans un endroit désertique, qui ressemblerait un peu à l’Alaska et l’Irlande. Le violoncelle et la voix aérienne y sont pour beaucoup.

Si un chat a neuf vies, Le Prince Miiaou lui a au moins neuf facettes : de la PJ Harvey rageuse à la Feist hivernale, du débit d’Amy MacDonald aux ambiances d’Emilie Simon (version Végétal), il est difficile de retrouver toutes les bonnes influences musicales de Maud-Elisa tant elles sont nombreuses, même si l’intéressée avoue ne pas très bien connaître l’histoire du Rock. Toujours est-il qu’on est sublimé par les vagues "phéromonales" qu’elle nous envoie, sur les aigus fracassantes à la fin de Starfish Position ou avec l’atmosphère progressive de He Said No.
Pourtant Le Prince Miiaou est un peu déçue : « Je suis désolée, j’arrive pas trop à me décoincer ce soir ». Le public n’est pas tout à fait du même avis, et continue de l’applaudir chaleureusement tout en la taquinant un peu pour lui redonner le sourire : « Je vais faire un petit intermède pour reposer l’ambiance (rires du public). Quoi ?! C’est mou c’est ça ? Oui mais moi je vous trouve un peu énervés » s’amuse-t-elle en souriant.
Alors que Le Prince Miiaou se déplace comme un félin sur son manche de guitare et fait des entrechats entre ses multiples pédales, on est pendu à ses lèvres lorsqu’elle entame le lancinant No Compassion Available. Ce titre prend aux tripes et émeut lorsque Maud-Elisa s’acharne à crier « Je voudrais que tu rentres », avant d’achever sa rage avec un sifflet. Le public se remet à peine de ses émotions qu’on lui annonce que le prochain morceau sera le dernier. Tout en revêtant son déguisement qu’elle porte « sans raison particulière », Le Prince Miiaou présente ses deux musiciens puis nous entraîne dans son Football Team.

Toute l’équipe se retire ensuite, mais les applaudissements conquis de la Péniche les rappellent sur scène. « Je vais pas vous faire attendre trop longtemps sinon vous allez partir » (rires). Mais alors que l’artiste s’excuse à nouveau pour ne pas avoir réussi à s’ouvrir, une personne du public lui lance : « On recommence tout ? Chiche ! » Maud-Elisa semble rassurée de voir qu’elle n’a pas tout raté mais « Non, pas chiche. Et j'ai même pas eu le mal de mer ! »  Elle nous propose alors une reprise et assure que « le premier qui trouve [de quel titre il s’agit] gagne un autocollant ! » Dès les premiers mots de Tous Les Garçons et Les Filles, La Péniche s’exclame « Françoise Hardy ! »
Cette belle reprise achève un set qui a conquis le public lillois ce soir, même si l’artiste n’en est pas satisfaite. Ça aurait pu être pire dans une autre vie (de chien).

On a pu revoir Le Prince Miiaou le lendemain pour un showcase à La Fnac de Lille qui était son premier (et pas le dernier espérons-le). Là encore peu de monde et pourtant, Maud-Elisa se décontracte, plaisante en parlant de sa « conférence » et réussit une fois de plus à enjouer le public par sa simplicité et sa personnalité. LilleLaNuit.com a même pu discuter un peu avec elle après son showcase. Nous avons ainsi appris que l’artiste n’a toujours pas de maison de disque, ce qui explique sa notoriété relative. Mais depuis qu’un manager s’occupe d’elle et surtout depuis qu’elle apparaît sur la compil Indétendances de la Fnac, Safety First est distribué à plus grande échelle. Néanmoins, on vous encourage à soutenir cette artiste de talent !

Photos prises par C.BARDEY à l'Aéronef en mars 2010

  1. Julien

    Non c'est vrai c'était pas terrible, questionnement post puberté (en même temps elle a p'tre 18 ans..?!) qui n'a pas atteint mon cerveau ou encore moins mon coeur
    elle s'excuse c'est pas grave, faudra revenir (mais j'serais sans doute pas là!)

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