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Les Fatals Picards au Splendid

Les Etats généraux de l’alcool en Picardie ont eu lieu le 6 novembre à Amiens. Manifestement, moi et mes copains Les Fatals n’y étions pas. C’est donc en pleine psychose alcoolique que je pousse difficilement les portes d'un Splendid plein à craquer... J’enclenche le reflex avec des yeux embués.
Une touche d’optimisme a la lourde tache d’ouvrir pour ce concert. Difficile de convaincre une salle toute acquise à l’humour des Picards pour de faux. Et pourtant, le défi est largement relevé : des chansons entraînantes chassent (pêchent et biturent) des contes plus intimes. Une belle découverte.

« Je suis sous antidépresseur et j’ai bu plein de bières. » Paul Léger, Lille, Janvier 2010.

Le ton est donné. Paul me comprend, l’alcool et les médocs, ça ne fait pas bon ménage. Les Fatals Picards poussent les murs et atomisent le Splendid. « Trois, quatre ! » Française des Jeux est lâchée. Déjà en fosse, smicards et rmistes ont la pêche. La gauche se porte bien, et elle a de l’humour. Ivan avec un I manque toujours un peu. Ecrasons une petite larme à la mémoire de ce Grand parti vers des sphères royalistes. Paul et ses compères multiplient les titres d’anthologie : Schizophrène, Djembé Man, Boum, Punkachiens, etc. Du lourd donc.
Au-delà de la franche rigolade, Les Fatals font réfléchir (un peu). L’histoire d’une meuf se fout gentiment des sacro saints Enfoirés. La salle acquiesce. Le Jour De La Mort de Johnny fait doucement sourire en ces temps sombres où la France à peur (de perdre son idole). Chinese Democracy est joliment dédicacée à David Douillet qui va combattre la torture en Chine avec un badge sur le torse. Tomonagé ! Les Fatals renversent « le gros Douillet » !

Canal Saint Martin, revient sur Les Enfants de Don Quichotte qui se les gèlent dehors. Une note d’esprit et d’émotion qui se ressentira régulièrement dans le set. Bien compréhensible. Difficile de croire que le groupe ne veuille pas aller vers moins de rigolade pour davantage de sérieux. Le virage était déjà amorcé avec le dernier album. Les Fatals ont bel et bien Le Sens De La Gravité. Au-delà de la blague, il y a de plus en plus le regard attristé, presque fataliste. Les Bourgeois (Picardia Independenza) sonnent le militantisme franchouillard, et le Splendid lève les poings. Le Combat Ordinaire, effroyable ritournelle sur la misère sociale, touche en plein cœur.

Enfin, la reprise de Noir Dez en fin de set enfonce le clou. Comme Elle Vient surprend son monde. Saturée, hurlée et poignante, la chanson assomme. Sur la tournée Pamplemousse Mécanique, le groupe nous laissait avec une fade reprise de Partenaire Particulier. Les Fatals grandissent et n’ont presque plus peur de passer pour des gars respectables. Chapeau.

Noesis.
 

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