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L’Italienne à Alger de Rossini au théâtre Raymond Devos

L'Italienne à Alger de Rossini au théâtre Raymond Devos

Je rêve d’une de ces demoiselles qui vous mènent à la baguette. Néanmoins, c’est la baguette de Jean-Claude Magloire qui a mené ces paroles de Mustafà, bey d’Alger. Gioacchino Rossini s’exclamait que l’opéra serait merveilleux s’il n’y avait pas les chanteurs... et cela tombe bien… La mise en scène de Christian Schiaretti nous fait adopter les protagonistes de l’histoire bien plus qu’en simples chanteurs. La Grande Ecurie et ces acteurs qui chantent ont raconté la cocasse histoire de L’italiana in Algeri ce dimanche 22 mai.

Stendhal a écrit La vie de Rossini. Bien plus qu’une biographie, l’écrivain s’est fait observateur des comportements des différents publics face à la musique. Il recevait sifflets, rires, réactions du public de toutes natures, comme des moments magiques et appartenant totalement au spectacle. Au théâtre Raymond Devos, les rires n'ont pas été contenus lors de la discussion entre l’Italienne Isabella et Mustafà, Che muso, che pezzo  ou lors de la livraison de paquets de spaghetti Barilla…

Bravo, ben : Cosi si fa…La mise en scène de cet opera-buffa sert les effets comiques sans les alourdir, et le chant prend corps dans les subtilités que l’on espère pour le répertoire rossinien. Les récitatifs portés par le pianoforte et les arie mettent tout leur phrasé, tous leurs contrastes de timbres et de nuances au service de l’expressivité. Stendhal disait que la voix donnait vie aux personnages. Le choix des intonations et des timbres a éclairé le caractère et les états d’âmes changeants des personnages.

Rossini accompagnait musicalement les répétitions de théâtre pendant son adolescence. L’Italienne à Alger, composée quand il avait juste 21 ans n’est pas plus une œuvre musicale qu’une pièce de théâtre. Les changements de plateaux sont très subtils et permettent de ne pas détourner notre attention des coquines, des amoureux, des bouffons, des désespérées, de toute la palette de visages et de comportements.

Ce dramma giocoso (drame joyeux) composé il y a un peu plus de deux siècles use de ressorts comiques indémodables. Plus qu’un divertissement, cet opéra s’amuse d'un soi-disant pouvoir et de cette faiblesse des hommes face à la beauté et la malignité. Si exceptionnellement, la femme est ici celle qui libère, celle qui prend en main la situation. Mustafà qui voulait une femme qui lui résiste a obtenu pleinement ce qu’il voulait ! Chi cerca d'ingannar, resta ingannato... Tel est pris qui croyait prendre…

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