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Local Natives, Clues & Jerusalem in my Heart au Grand Mix

« Don't believe the hype » claironnait Public Enemy en 1988. Un conseil qui n'a pas été écouté en ce 18 février 2010, le public ayant fait le déplacement en masse au Grand Mix de Tourcoing. Normal, ce soir, c'est une des sensations musicales du moment qui se produit dans la salle tourquennoise: le groupe californien Local Natives, encensé par la critique spécialisée pour son premier album Gorilla Manor. Un album d'une richesse mélodique incroyable faisant le pont entre le folk psychédélique des seventies de groupes légendaires tels qu'America ou Crosby, Still, Nash & Young et la pop métissée d'autres sensations actuelles, les groupes new-yorkais Vampire Week-End et Animal Collective.

 

La première partie, quant à elle, est assurée par le groupe québécois Clues. Originaire de Montréal, ce groupe pousse à la curiosité. En effet, un ancien batteur d'Arcade Fire et un ex-membre des Unicorns figurent dans leurs rangs. De plus, leur album éponyme, sorti en mai 2009, a également bénéficié d'un accueil critique plus que favorable.

En guise d'introduction, c'est le sonorisateur de ce groupe, Radwan Moumneh, sous le patronyme de Jerusalem In My Heart, qui ouvre les festivités avec une performance sonore qualifiée de chamanique par son auteur. Une intervention d'une dizaine de minutes où l'artiste d'origine libanaise, accompagné d'un joueur de flûte, rend hommage à ses racines orientales de manière très expérimentale en emplissant, grâce à ses machines, la salle de chants de muezzin. Une expérience originale certes, mais qui en a laissé plus d'un dubitatif par sa froideur. Un comble pour une musique issue de pays chauds.

C'est donc devant un public légèrement refroidi que Clues intervient. « Vous êtes sages comme des brebis !!! » s'exclame même le chanteur au bout du troisième morceau. Des brebis que l'on amène malheureusement à l'abattoir... Car la musique de Clues, sur scène, n'offre réellement rien d'excitant. Tel Iznogoud se voulant calife à la place du calife, le groupe québécois, par un songwriting faussement nonchalant et des compositions qui se veulent lo-fi et bricolées, aimerait bien passer pour le nouveau Pavement, cet excellent groupe américain adepte du collage surréaliste et de l'indolence musicale. Mais là où la musique de Pavement, par sa légèreté et son équilibre précaire, était tout simplement magique (replongez-vous d'ailleurs dans Wowee Zowee, leur classique inégalé à ce jour), la musique de Clues est prétentieuse, lourdingue et indigeste. De plus, la voix de fausset du chanteur est très rapidement horripilante.

Fort heureusement, de magie, il en sera question pour la prestation de Local Natives. Magie des mélodies ensorcelantes du groupe composées et ciselées avec un talent d'orfèvre où se mêlent joie et mélancolie, classicisme et excentricité, calme et nervosité. C'est simple, chaque chanson semble en contenir dix autres. Magie également des voix des différents membres du groupe qui chantent en chorales leur folk chaud comme le soleil californien. Impossible d'ailleurs, à l'écoute de ces harmonies vocales célestes, de ne pas penser à un autre groupe issu de cet état américain, les mythiques Beach Boys et leur non moins mythique album, Pet Sounds. C'est simple, on avait presque oublié à quel point cela pouvait être beau et bouleversant d'entendre des hommes chanter. Surtout lorsque cela s'accompagne, comme ici, d'une joie communicative et d'une ferveur quasi-religieuse. Car, en fermant les yeux, ce ne sont plus des hommes que l'on a l'impression d'entendre mais des anges. Une sensation qui rappelle le choc musical qu'a été pour de nombreuses personnes l'écoute de l'album Grace de Jeff Buckley, ange aux ailes trop vite brisées. La musique de Local Natives, sur scène, prend toute son ampleur, vous touche en plein coeur, vous fait frissonner d'émoi et vous fait atteindre des cimes dont il est difficile de redescendre, même si c'est avec l'âme légère.

« Don't believe the hype » chantait donc Public Enemy. Si ce refrain s'est trop souvent avéré vrai, l'effervescence qui règne autour de Local Natives est parfaitement justifiée et méritée. Et il n'est pas inopportun de croire, à la vue de cette prestation scénique, qu'elle va aller en grandissant. Profitez donc du fait de pouvoir les voir dans des petites salles tant qu'il en est encore temps car, dans les grandes salles, qui ne tarderont immanquablement pas de leur ouvrir leurs portes, la magie ne sera peut-être pas la même.

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