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L’Orchestretto au Biplan

Rio, Venise, Dunkerque, Binche ? Où faire notre carnaval du solstice d'hiver ? Pourquoi pas au Biplan ? Nous trouvons un billet bien bon marché et nous le prenons pour le samedi 19 décembre pour profiter des festivités du Carnaval Des Animaux de Camille Saint-Saens. Nous entrons dans le Biplan et prenons de la hauteur dans les gradins du théâtre.

Au carnaval, tout le monde est jeune, même les veillards. On ne peut dire si les instrumentistes de l'Orchestretto ont subi l'effet Carnaval. Des cordes aux vents, des claviers au chef d'orchestre, ce sont tous de bien jeunes animaux... Hormis des rides qui apparaissent au rythme des expressions musicales, le visage est lisse... Comme nous aurions aimé qu'ils nous dévoilent ce qui se cache derrière les masques de ces visages de sémillants et charmants jeunes hommes et femmes !

Des poules et coqs, des lions, des tortues... Nous en sommes presque certains, l'âne s'est mis un bonnet d'homme. Pour des ânes, il est surprenant d'entendre une telle maîtrise musicale ! S'il y a qualités ou défauts de cette espèce, cela ne peut résider que dans l'obstination dans le travail qui a du être induit par une prestation si qualitative. Derrière le remarquable hautboiste qui sera le maestro de la première partie, il ne semble pas que se dissimule un animal. Pourtant, la virtuosité est telle qu'on en oublierait que derrière le son se cache un homme. La technicité nécessaire à l'interprétation du concerto pour hautbois d'Antonio Pasculli résida dans des instants de lyrisme exacerbé et des moments où cet instrument monodique créera à lui seul l'impression d'une polyphonie par des traits d'une habileté incroyable. L'orchestre semble être au service du langage du hautbois pour préparer ses interventions ou les sublimer. Il ne sera pas nécessaire d'entendre les paroles d'arias de Bel Canto pour ressentir toute la narration sous-entendue dans les lignes mélodiques. A nous d'en imaginer, le contenu...

Et voici que soudain monte dans le silence, pour le plaisir de nos cinq sens, la musique de Monsieur Saint-Saens. Le savoureux texte de Francis Blanche, interprété pour l'occasion, éclairera notre écoute de la célèbre Fantaisie Zoologique. L'écriture littéraire et l'écriture musicale se complètent pour créer le cocasse. On ne sait plus si c'est l'animal qui a des comportements humains ou le contraire. Camille Saint-Saens et Francis Blanche semble mettre en valeur ce qu'il y de bestial dans nos comportements, pas si bête...

L'homme caqueta, rugissa, braiera ce soir-là. De joyeuses joutes instrumentales, excusez, de joyeuses joutes animales, nous auront bien amusés, tout comme, il semble, les interprètes eux-mêmes. Le relief de cette oeuvre en 14 mouvements fait se dissoudre le temps. La larme issue de l'interprétation de la célébrissime pièce Le cygne, sèche on ne peut plus vite. Durant notre carnaval, des cris effrayants s'élevèrent brutalement... Quelle horreur ! Des gammes dans diverses tonalités ! C'est le cri des mammifères concertivores, digitigrades qui vivent le plus souvent en haut d'une estrade ! Etait-ce un cri d'alerte ou un cri d'amour ? Nous garderons l’œil sur la date de leur prochaine prestation afin de pouvoir en savoir plus en observant encore une fois cette drôle d'animalerie.

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