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Love Amongst Ruin à La Péniche

Une ombre plane sur la Péniche quand on arrive et on ne peut l'ignorer. Fait inhabituel pour la petite salle, les premiers rangs devant la scène sont pleins depuis longtemps, groupe de jeunes gens serrés, cheveux teints, tenues vaguement gothiques, t-shirt de soutien éventuel. La réponse tient en la silhouette d'un fumeur aperçue en entrant : Steve Hewitt. Quadragénaire massif dont la caractéristique première dans l'esprit de moult spectateurs est d'avoir été le batteur de Placebo. Batteur historique en 1994, vite parti et vite revenu, parti avec fracas le 1er octobre 2007 après la tournée "Projekt : Revolution" à la suite de différents personnels et musicaux. Si l'information ne touche pas tout le monde de manière viscérale, la tension est cependant palpable et la curiosité partagée. Steve Hewitt est devenu leader de Love Amongst Ruin et déclare s'inspirer de Queens of the Stone Age, Depeche Mode et du noise de la fin du XXe siècle. Jolis mots sur le papier qui ne nous avancent guère. A quoi ressemble musicalement Love Amongst Ruin ? Le fait qu'ils tournent en première partie du groupe de rock industriel The Young Gods est une indication, légère mais cohérente. L'aspect new wave n'est pas essentiel, mais traîne en background.

Steve Hewitt, le batteur de Placebo et leader de Love Amongst Ruin

Steve Hewitt apparaît, avec quatre musiciens qui ont du mal à se caser sur la petite scène de la Péniche. Il a l'air exténué, du fait de l'enchaînement de plusieurs dates, mais heureux. Après quelques plaisanteries, on entre dans le vif du sujet. Des grosses guitares très américaines, une batterie correcte, un peu de contrebasse électrique à l'occasion. S'il est assez étrange pour qui n'a vu Steve Hewitt que derrière une batterie de le découvrir ici au chant et à la guitare, on s'habitue assez vite. Le timbre n'emballe pas forcément mais le chant est très juste et la voix semble surtout fatiguée : qui a écouté l'album s'est vite rendu compte que Steve n'a pas à rougir de l'exercice. Les paroles, elles, sont juste dark ce qu'il faut. Cette ambiance déjà sombre est accentuée par le côté noisy, contrebalancé par le rendu somme toute assez commercial, rapprochant le groupe d'un combo comme 30 Seconds To Mars. Il est cependant important de nuancer car si le son est effectivement bien loin de l'acoustique et proche de la grosse prod' de l'album, l'ambiance générale demeure assez intimiste. On est suffisamment près pour constater que les musiciens prennent beaucoup de plaisir à jouer ensemble. L'habitude qu'ils ont de la scène les éloignant de la timidité, le résultat est tout à fait plaisant. Des chansons comme Blood and Earth ou encore So Sad sont donc d'autant plus jouissives, bénéficiant d'un rendu très rock avec la possibilité d'observer de près ce qu'il se passe sur scène.

Une excellente soirée avec ce groupe uni

Force est de constater qu'on n'a pas devant soit "Steve Hewitt et ses musiciens" comme on aurait pu craindre, mais bel et bien un groupe uni, dont chaque élément apporte sa touche propre. Les chansons se suivent donc sans se ressembler et l'ambiance va changer de nombreuses fois. Love Amongst Ruin passe aussi bien par un rock métallique que par des ballades ou des morceaux pop intermédiaires. Ceux-ci ne sont pas les plus réussis sur le plan de l'écriture mais les arrangements restent très bons et les mélodies globalement accrocheuses. Le background de chacun permet au groupe d'être déjà mature avec seulement un album à son actif. Côté public, on reste sur le mode adoration et admirations, entre les gros accros ayant fait quatre-vingt-dix concerts de Placebo (!) ou les curieux avertis visiblement charmés. Certains titres, comme Home, perle new wave / indus, restent dans la tête longtemps après le concert. C'est d'ailleurs probablement dans ces morceaux regroupant toutes les influences des membres du groupe que le groupe excelle. Love Amongst Ruin revient pour une reprise et repart. Ils seraient bien restés, mais ils n'ont plus rien à jouer. On attendra patiemment d'autres albums pour des concerts on l'espère un peu plus longs. Et, bon point constaté en repartant, le merchandising est vraiment abordable et il est possible de repartir avec l'album en déboursant juste cinq euros. Excellente soirée, donc.

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