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-M- : Lamomali au Zénith de Lille

Le dimanche à Bamako, vous le savez, c’est le jour des mariages comme nous l’ont fait découvrir Amadou et Mariam dans leur hit de 2004. Et bien à Lille, ce 18 juin en l’occurrence, un embarquement direction le Mali nous est proposé par la compagnie Chedid Airlines moyennant une escale au zénith. Impossible donc de ne pas répondre à cet Appel.

Même si les dernières incartades de -M- au pays des synthétiseurs et autres sonorités électroniques ne nous avaient pas particulièrement donné envie de le suivre, nous sommes cette fois bien décidés à ne pas rester sur le carreau au vu du très prometteur Lamomali sorti en avril dernier. Fruit d’une collaboration avec de multiples artistes cosmopolites (africains, brésiliens, français…) et aux horizons divers, -M- nous clame avec cet album son amour pour ce pays qui lui a tendu les bras il y a plus de dix ans maintenant. Il nous tardait donc de voir la manière dont allait être retranscrite l’Âme de ce Mali en live et autant le dire de suite, nous ne fûmes pas déçus du voyage.

C’est tout d’abord La Chica Belleville qui ouvre le bal (de Bamako) avec son côté Jain sud-américaine. Celle-ci nous gratifie d’une prestation que l’on pourrait qualifier d’électrico-ethnique tant les sonorités latines se mêlent avec aisance dans les battements frénétiques de la demoiselle sur sa console audionumérique. Vénézuélienne d’origine comme elle nous le confiera durant le set, celle qui se définit comme une artiste « azteco punky pop » tente de nous faire partager sa culture au travers de rythmes festifs et le public, bien que surtout venu pour l’aîné des Chedid, semble globalement assez réceptif. Au final, un petit moment agréable pour se préparer à la grande fête qui s’annonce dans ce Zénith...

Sur les coups de 20h45, -M-, véritable citoyen du monde affublé de son costume bigarré tel un zoulou blanc apparaît sur le coin de la scène pour notre plus grand bonheur et nous fait directement entrer dans le vif du sujet avec l’incontournable Mama Sam. Il est rapidement rejoint sur scène par Fatoumata Diawara et ses choristes ainsi qu’un joueur de djembé, des cordes mais aussi quelques-uns de ses comparses époque Îl.

Toumani Diabaté est également bien présent en compagnie de son fils Sidiki ainsi que de leur imposante kora, instrument majestueux transmis de père en fils depuis la 72e génération et dont les accents de harpe amènent une poésie supplémentaire à un spectacle qui assurément n’en manque pas.

Après avoir enchaîné quelques morceaux aériens, le Bal de Bamako retentit et le public lillois présent en nombre bascule définitivement dans la fête. Ça danse, ça chante dans tous les coins et les sourires se lient sur les visages de l’assistance. Surgit ensuite le titre éponyme de l’album agrémenté de quelques rythmes électro propulsés par le DJ surplombant la scène et nous inondant de sa boule à facettes, bref ce soir, outre se faire plaisir, on va aussi perdre quelques kilos en se remuant, en cette période estivale c'est toujours ça de gagné !

Toumani Diabaté nous offre un petit répit en se lançant dans une micro-conférence sur l’Histoire de la kora et la manière d’en jouer pour ensuite nous offrir une anecdote touchante à savoir que la ville de Lille n’y est pas pour rien dans la naissance du projet Lamomali, Toumani étant venu jouer ici il y a quelques années pour la Semaine de la Solidarité. Enfin, celui-ci conclut sa prise de parole par deux titres amplis de spiritualité dont l’un d’eux dédié aux migrants tombés dans la Méditerranée en voulant rejoindre les côtes de Lampeduza.

Puis les réjouissances reprennent de plus belle avec les célèbres Onde Sensuelle et La Belle Etoile sans oublier une remarquable reprise (franco-malienne dans le texte) du Sauver l’Amour de Daniel Balavoine. Sidiki Diabaté s’avance à son tour sur scène pour entonner les premières notes de Manitoumani, et celui-ci, jusqu’alors resté muet derrière sa kora, nous envoie toute la profondeur de sa voix et nous fait iriser les poils en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, bouleversant.

La soirée continue sur la même intensité, -M- se prenant soudain d’une envie de redevenir pour quelques minutes un Machistador, oui mais un Machistador africain et nous voilà directement plongés dans une boîte de nuit malienne où viennent se mêler riffs ravageurs, basses à tout rompre mais aussi improvisation à la kora ou encore chorégraphies endiablées de Fatoumata Diawara, les musiciens comme le public donnent tout et il faudra enfin la pureté d’un Je dis Aime version symphonique (guitare sèche accompagnée de cordes) ou d’un Toi Moi hommage à Andrée Chedid pour que cette soirée au Zénith nous fasse passer par toutes les émotions et nous convainque que nous étions définitivement au bon endroit.

Bref, comme le disait Toumani Diabaté sur un plateau de télévision il y a quelques semaines, cette aventure peut se symboliser par un -M-, M comme Mali bien-sûr, comme monde mais aussi comme magie car c’est bien le sentiment d’avoir partagé un petit moment de magie que nous retiendrons au sortir de ce concert d’une rare émotion et surtout ce fol espoir que chacun, « de n’importe quel pays, de n’importe quelle couleur » peut se retrouver autour de cet hymne au vivre-ensemble, à la solidarité (titre venant clore ce set) et à l’ouverture d’esprit.

Alors si vous avez envie de prendre un bon bain de soleil pour pas cher, n’hésitez pas à vous replonger dans cette superbe galette ou encore à vous rendre du côté du Splendid le 3 novembre prochain pour applaudir les deux comparses de -M- cités en préambules à savoir Amadou et Mariam pour une soirée qui se voudra au moins aussi chaude que celle que nous avons pu vivre ce soir.

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